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Coronavirus : les pays africains en alerte

PRÉVENTION. Pour limiter les risques de contamination par des voyageurs en provenance de Chine, les aéroports renforcent leurs dispositifs sanitaires.

Pour l’instant, aucun cas n’a été signalé en Afrique. Mais le nouveau virus de la famille des coronavirus apparu en décembre en Chine s’étend désormais dans treize pays. Sur le continent africain, l’inquiétude est d’autant plus grande que la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique. Selon les chiffres qui circulent, entre 300 000 et 400 000 migrants africains vivent aujourd’hui en Chine, notamment dans la métropole de Canton, dans le sud-est de la Chine. Dans l’autre sens aussi, la présence de travailleurs chinois en Afrique est bien visible. Alors que 2 000 personnes ont été contaminées en Chine et que 56 sont mortes, selon le dernier bilan officiel dimanche, des interrogations sur la mobilité des Chinois en Afrique et le risque de contamination augmentent. On en apprend un peu plus chaque jour sur l’épidémie, mais de nombreux facteurs inconnus empêchent encore de déterminer son degré de gravité à l’échelle mondiale. On sait tout de même que cette maladie de la famille des coronavirus se manifeste par les symptômes de la grippe, de la toux, de la fièvre pouvant aller jusqu’à des syndromes respiratoires sévères.

Les aéroports internationaux sous surveillance

Plusieurs pays tels que le Ghana, le Sénégal, le Kenya, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud ou encore le Nigeria ont mis en place des mesures de prévention dans les aéroports pour les vols venant de Chine afin de diagnostiquer d’éventuels cas de coronavirus. Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec près de 200 millions d’habitants, a annoncé dès mercredi mettre en place des mesures strictes pour empêcher toute propagation du nouveau coronavirus, qui continue sa progression en Chine, pays où de nombreux Nigérians voyagent pour les affaires. « Les services des aéroports internationaux et le personnel du ministère de la Santé nigérian ont été alertés et ont renforcé leurs mesures de surveillance sur les ports d’entrée », a indiqué le Centre nigérian de contrôle des maladies (NCDC) dans un communiqué publié mercredi soir. « Les voyageurs en provenance de Wuhan – ville au centre de la Chine – seront soumis à de nombreuses questions à leur arrivée, sur des symptômes possibles de la maladie et sur leur circuit de voyage », a-t-il ajouté. « Le NCDC est en communication très rapprochée avec l’Organisation mondiale de la santé, qui surveille la situation à l’échelle globale », note le centre.

« Ethiopian Airlines a-t-elle commencé à contrôler les passagers en provenance de Wuhan et d’autres villes chinoises où la nouvelle épidémie de coronavirus 2019 a été documentée ? » s’interrogeait le DSenait Fisseha sur les réseaux sociaux. Cette conseillère du directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, travaillant aux États-Unis affirme que « le risque de propagation de ce virus hautement contagieux en Afrique est très élevé étant donné le grand nombre de vols et de personnes qui transitent par Addis ».

Que font les pays africains ?

Selon plusieurs personnes, l’Afrique est pour l’instant épargnée, en raison du Nouvel An chinois. Durant cette période, nombreux sont les Chinois à mettre à profit leurs sept jours de congé pour voyager d’un bout à l’autre de leur pays. Le Maroc s’est déjà posé la question de leur retour et a mis en place un contrôle sanitaire aux ports et aéroports internationaux. « Compte tenu des derniers développements de la situation épidémiologique mondiale, marqués par la confirmation du nouveau virus dans d’autres pays, notamment en Europe, le Maroc a instauré le contrôle sanitaire aux ports et aéroports internationaux, en vue de détecter précocement tout éventuel cas importé et d’enrayer la propagation du virus, le cas échéant », souligne le ministère de la Santé dans un communiqué. Le ministère informe l’opinion publique que le système national de veille et de surveillance épidémiologique a été renforcé et que le dispositif de diagnostic virologique et de prise en charge d’éventuels malades est opérationnel.

En Tunisie, la directrice générale de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes au ministère de la Santé, Insaf Ben Alia, a confirmé vendredi que le risque d’émergence ou de propagation du virus Corona en Tunisie est toujours faible en raison de l’absence de vols directs entre la Tunisie et la Chine.

Jeudi, le ministère de la Santé a publié un communiqué appelant les Sud-Africains à ne pas paniquer et déclarant que des mesures préventives étaient mises en place. Les aéroports internationaux Oliver R Tambo et de Cape Town sont les seules portes d’entrée avec des vols directs en provenance d’Asie. L’Institut national des maladies transmissibles (NICD) a confirmé qu’il avait « mis en place des systèmes pour identifier et détecter rapidement tous les cas importés en Afrique du Sud ».

Au Kenya, la situation est prise très au sérieux au regard des nombreux échanges que réalisent les deux pays, particulièrement dans les affaires. La compagnie aérienne Kenya Airways, compagnie aérienne nationale, exploite deux vols sans escale entre la capitale Nairobi et Guangzhou.

Au Sénégal, aucun cas n’a été signalé à ce jour. Le pays a tout de même mis en place un numéro d’information vert : le 800 00 50 50, compte tenu des flux migratoires de part et d’autre.

La situation est très sensible pour les autorités tchadiennes. En effet, 30 étudiants tchadiens se trouvent dans la ville de Wuhan, la ville touchée par le virus. Le ministère des Affaires étrangères informe aussi que, compte tenu de la précarité dans laquelle pourraient se trouver les étudiants à cause de la fermeture de la ville, l’ambassade du Tchad en Chine vient leur accorder une assistance d’urgence de 30 000 yuans.

Reste la question, comment se protéger ? Autorités sanitaires et scientifiques mettent en avant l’importance des « mesures barrières », efficaces pour d’autres maladies virales comme la grippe : se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir dont on se débarrasse ensuite, éviter de se toucher le visage (nez, mains, bouche)… En outre, si un cas est avéré, le patient doit être placé à l’isolement pour éviter la contagion. « Étant donné qu’un grand nombre de malades du Sras et du Mers ont été infectés dans des lieux de soins, il faut prendre des précautions pour éviter que le virus ne se propage dans les établissements de santé », écrivent des scientifiques internationaux dans un commentaire publié par The Lancet.

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