L’économie mondiale pourrait se contracter de 0,9% en raison de la pandémie de Covid-19, et la production mondiale pourrait se contracter davantage si les restrictions imposées aux activités économiques se prolongent jusqu’au 3e trimestre de 2020 et si les réponses budgétaires ne soutiennent pas les revenus et les dépenses de consommation, selon un rapport publié mercredi par les Nations Unies.
Les restrictions croissantes à la circulation des personnes et les blocages en Europe et en Amérique du Nord frappent durement le secteur des services, en particulier les industries qui impliquent des interactions physiques telles que le commerce de détail, les loisirs, l’hôtellerie, et le transport, souligne le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA).
Collectivement, ces industries représentent plus du quart de tous les emplois dans ces économies. À mesure que les entreprises perdent des revenus, le chômage devrait augmenter fortement, transformant un choc du côté de l’offre en un choc plus large du côté de la demande pour l’économie.
La gravité de l’impact économique – qu’il s’agisse d’une récession modérée ou profonde – dépendra en grande partie de la durée des restrictions à la circulation des personnes et des activités économiques dans les grandes économies et de la taille et de l’efficacité réelles des réponses budgétaires à la crise.
Selon le rapport de DESA, un plan de relance budgétaire bien conçu, accordant la priorité aux dépenses de santé pour contenir la propagation du virus et fournissant un soutien au revenu des ménages les plus touchés par la pandémie aiderait à minimiser la probabilité d’une récession économique profonde.
« Des mesures politiques urgentes et audacieuses sont nécessaires, non seulement pour contenir la pandémie et sauver des vies, mais aussi pour protéger les plus vulnérables de nos sociétés de la ruine économique et pour soutenir la croissance économique et la stabilité financière », a souligné Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales.
L’impact économique se répand dans le monde
Les effets néfastes des restrictions prolongées sur les activités économiques dans les économies développées se répercuteront bientôt sur les pays en développement par les voies du commerce et de l’investissement.
Une forte baisse des dépenses de consommation dans l’Union européenne et aux États-Unis réduira les importations de biens de consommation en provenance des pays en développement. En outre, la production manufacturière mondiale pourrait se contracter considérablement, compte tenu de la possibilité de perturbations prolongées des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Dans le pire des cas, le PIB mondial pourrait diminuer de 0,9% en 2020 au lieu de croître de 2,5%. La production mondiale pourrait se contracter davantage si les restrictions imposées aux activités économiques se prolongent jusqu’au troisième trimestre de l’année et si les réponses budgétaires ne soutiennent pas les revenus et les dépenses de consommation, prévient le rapport.
En comparaison, l’économie mondiale s’est contractée de 1,7% pendant la crise financière mondiale de 2009.
Les pays vulnérables affectés
Les pays en développement, en particulier ceux qui dépendent du tourisme et des exportations de produits de base, sont confrontés à des risques économiques accrus.
L’arrêt soudain des arrivées de touristes nuira au secteur du tourisme dans les petits États insulaires en développement (PEID) qui emploie des millions de travailleurs peu qualifiés.
Et la baisse des revenus liés aux produits de base et une inversion des flux de capitaux augmentent la probabilité de surendettement pour de nombreuses économies tributaires des produits de base.
Les gouvernements peuvent être contraints de réduire les dépenses publiques à un moment où ils doivent augmenter leurs dépenses pour contenir la pandémie et soutenir la consommation et l’investissement.
La crise économique aura un impact négatif sur le développement durable
La pandémie affecte de manière disproportionnée des millions de travailleurs à bas salaires dans les secteurs des services, qui manquent souvent de protection du travail et travaillent à proximité physique des autres.
En l’absence d’un soutien du revenu adéquat, beaucoup tomberont dans la pauvreté, même dans la plupart des économies développées, aggravant des niveaux déjà élevés d’inégalité de revenus. L’effet des fermetures d’écoles pourrait accentuer la fracture scolaire, avec des conséquences possibles à long terme.
Le rapport constate qu’à mesure que la pandémie de Covid-19 s’aggrave, l’anxiété économique augmente, alimentée par un ralentissement de la croissance et une augmentation des inégalités.
Même dans de nombreux pays à revenu élevé, une proportion importante de la population n’a pas suffisamment de ressources financières pour vivre au-delà du seuil de pauvreté national pendant trois mois.
En Italie et en Espagne, durement touchées, par exemple, on estime que 27% et 40% de la population, respectivement, n’ont pas suffisamment d’épargne pour se permettre de ne pas travailler plus de trois mois.
« Bien que nous devions donner la priorité à la riposte sanitaire pour contenir à tout prix la propagation du virus, nous ne devons pas perdre de vue ses effets sur la population la plus vulnérable et ce que cela signifie pour le développement durable. Notre objectif est d’assurer une reprise résiliente de la crise et de nous remettre sur la voie du développement durable », souligne Elliott Harris, économiste en chef des Nations Unies et Sous-Secrétaire général au développement économique.
Un.org