L’actuel premier ministre Moussa Mara est aujourd’hui durement confronté à l’une de ces épreuves à l’origine de la démission de son prédécesseur, Oumar Tatam Ly. Des membres de son gouvernement mettent désormais en évidence leurs liens privilégiés avec la présidence de la République en le snobant lui. L’homme a vivement protesté auprès du Directeur de cabinet lequel a réagi à la dimension de ce qu’il a assimilé à une offense.
C’est par voie de presse, sur les antennes de la télévision nationale ou dans les journaux que le premier ministre Moussa Mara a plusieurs fois appris qu’un de ses ministres se trouvait en mission à l’extérieur du pays. En somme, ces ministres ne s’accommodaient nullement des formalités administratives ne serait-ce qu’en informant le premier Ministre. La seule bénédiction et autorisation du président de la République les suffisaient.
En réaction, M. Mara a adressé une lettre de protestation au Directeur de cabinet de la Présidence, M. Alfousseyni Touré, au moment des faits. En clair, le Premier Ministre a tenu ce dernier responsable de ce dysfonctionnement et l’a invité à revoir sa copie. La réaction de M. Touré, par courrier, fut immédiate. A ses dires, il ne revient nullement au PM de lui donner des instructions ou de s’immiscer dans les affaires de la Présidence. Une manière de lui dire de s’occuper de son gouvernement et de le laisser respirer.
Les deux protagonistes ont échangé plusieurs correspondances aux contenus pour le moins amers et désobligeants, chacun ne voulant faire la moindre concession à l’autre. C’est sur ces notes qu’est intervenue, courant semaine dernière, une permutation entre le secrétaire général et le directeur de cabinet de la présidence. Le premier (M. Toumani Djimé Diallo) remplace désormais le second (M. Alfousseyni Touré). Ceci expliquerait-il cela ?
Signalons, en tout état de cause, que l’une des plaintes de l’ex-premier ministre Oumar Tatam Ly, certainement à l’origine de sa démission, était justement la présence qu’il jugeait encombrante de certains membres du gouvernement lesquels, à l’en croire, bénéficiaient de protection et d’attention particulières de la présidence de la République à son détriment. Mais si M. Tatam Ly s’est contenté de protester auprès du président de la République, Moussa Mara lui, a choisi comme cible le Directeur de cabinet sortant qu’il tient visiblement responsable de la situation.
La permutation intervenue au niveau de la présidence serait certainement de nature à apaiser la tension, mais pas susceptible d’annihiler l’obsession du parti présidentiel à occuper le poste de premier Ministre. Vu sous ce prisme, on peut donc parler d’une hypothétique accalmie. Mais la lutte continue, comme diraient les autres.
- Diarrassouba