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Contribution : Quand l’économie, restée empirique, ignore la mesure I. Problématique

L’empirisme dégradant, implicitement déclaré comme vertu, apparaît clairement chez Christian Schmidt[1], que nous avons cité dans notre ouvrage « Découverte et redécouverte de l’Economie », page 24, lorsqu’il écrit que le domaine économique « était habité naturellement, par des quantités et des prix, et qu’il se prête d’emblée par conséquent au dénombrement sauvage et à la quantification naïve. »

A l’analyse, nous avons cependant compris que l’établissement des prix procède d’une approche quantitative et qualitative, quand on sait que le dénombrement, qui aboutit à l’établissement des prix, procède d’une théorie rigoureuse de la mesure de la valeur des biens au cours des échanges et de la valeur de la monnaie utilisée comme unité de mesure, exactement comme à l’image de la mesure de la longueur dans le système métrique qui utilise forcément une unité usuelle de mesure.

Cependant, en l’absence d’une perception cohérente de la valeur des biens et d’une telle théorie de sa mesure, toute annonce des prix reste erronée ainsi que tout calcul fondé sur une telle annonce.

En effet, il est facile de vérifier, qu’à la suite d’un changement de l’unité monétaire en usage, notamment par substitution d’une petite unité monétaire à la suite d’une plus grande, il s’ensuit des transformations profondes dans la détermination des revenus fixes ainsi que des prix qui sont désormais exprimés dans un nouvel instrument monétaire de plus petite dimension.

Il s’agit donc de bien comprendre l’usage spécifique de la monnaie dans l’économie, un usage dont la compréhension doit être détachée de nos perceptions illusoires fondées uniquement sur nos sens et qui se révèlent insuffisantes pour décrire un quelconque diagnostic des faits économiques, orientés à la hausse ou à la baisse, l’œil ne constituant pas un instrument objectif d’observation.

Aujourd’hui, il s’agit tout simplement, dans le présent article, de proposer une démarche simple montrant le rôle spécifique de la monnaie et les conséquences économiques et sociales liées à l’ignorance de ce rôle au cours de certaines pratiques de politiques qui se révèlent rétrogrades et moyenâgeuses.

En effet, comme on le verra, ces pratiques ont pu avoir le statut de politiques publiques qui, destinées à sauver l’économie des pays concernés, aura plongé celle-ci dans une situation déflationniste, masquée par une illusion inflationniste perceptible par les sens.

Cependant, il est apparu, qu’en réalité, les revenus nominaux baissent ainsi que les prix, malheureusement, alors que l’illusion d’une inflation apparente a laissé penser que ces revenus sont restés nominalement stables et prix en augmentation visible, le retrait massif de la monnaie de la circulation au profit de l’autorité monétaire n’aura soulevé aucun questionnement.

Pour comprendre ces situations paradoxales, il faudrait, au départ, s’assurer de savoir mesurer dans le système métrique, puis dans le système monétaire.

I.                 La mesure dans le système métrique

Pour mesurer une distance, il faut d’abord se donner une unité conventionnelle de mesure, appelée étalon, qui est le mètre dans le système métrique. Ce mètre est une distance conventionnelle prise pour l’unité de longueur conventionnelle, qui est représentée dans plusieurs supports en bois, en métal et en ruban, tout en étant doté de sous-unités et d’unités multiples.

Ainsi, toute distance doit être traduite dans la convention comme étant une quantité de l’étalon représentant la valeur de cette distance, la meilleure désignation de celle-ci faisant de cette distance une grandeur désormais définie et connue.

Ce faisant, exprimer une distance connue dans une unité de mesure autre que l’étalon, c’est traduire ou convertir cette distance connue, donc sa valeur, dans les unités usuelles de mesure selon les besoins d’utilisation, en quantité de mm, cm, dm, dam, hm, et km entre autres.

II.               La mesure en économie

En économie, le même principe de mesure prévaut et par lequel on choisit une richesse arbitraire donnée, comme étant l’unité de valeur, ou l’étalon et qui peut être doté de ses sous-unités de mesure ou multiples.

A l’expérience, l’or a servi de base pour définir l’étalon monétaire. En 1934, le dollar US valait 35 dollar l’once, soit le dollar pour 0,0888 gr d’or. Ainsi, la valeur du dollar US est liée à une réalité économique précise, l’or, qui définit ainsi la dimension du dollar US comme unité de mesure, une grandeur connue.

Ce dollar est donc fourni par l’autorité monétaire en échange de tout apport d’or de 0,888 gr d’or. On dit que le dollar est une monnaie fiduciaire. Le dépôt de garantie en échange du dollar US est de 0,888 gr d’or.

Dans les pays de la zone franc, le FCFA a été fixé pour 0,02 FF. Ainsi, l’étalon, le FF, se distingue de l’unité usuelle de mesure du FCFA, exactement le double du centime français. Ainsi, le dépôt de garantie est de 0,02 FF en devises contre chaque unité de FCFA.

Ces pays africains partagent le même étalon que la France, cependant, la monnaie usuelle dans ces pays est une subdivision de l’étalon français, qui circule en France métropolitaine.

A ce niveau il convient de se débarrasser de cette illusion qui faire croire que le FCFA est une entité distincte à côté du FF, alors qu’il n’est rien d’autre que le FF en une petite quantité, les deux centièmes. Pour se visualiser cela, il suffit de penser au mètre et au double du centimètre qui ne peut bénéficier d’aucune existence autonome en l’absence du mètre.

Dans ces pays de la zone franc, la valeur est une quantité d’étalons qu’il faut convertir dans une unité de mesure qui vaut 0,02 FF pour le FCFA ou encore 0,01 FF, pour le FM ainsi que le Mali en a fait l’expérience en 1983-84.

Ce faisant, il apparait clairement que le prix en FCFA est le rapport entre la valeur du bien et la valeur de l’unité usuelle de mesure utilisée qui est de 0,02 FF, quand le prix en FM est le rapport entre la valeur du bien et la valeur de l’unité usuelle de mesure utilisée, qui est de 0,01 FF, donc nécessairement le niveau double des prix en FCFA.

Par conséquent, contrairement à ce qui est annoncé par C. SCHMIDT, le prix est le résultat d’une mesure précise respectant des règles connues et assez familières dans le système métrique.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’annonce Aristote, l’utilisation de deux monnaies en circulation, comme cela fut le cas pour le FCFA et le FM au Mali en 1984 n’aura posé aucun problème, aucune difficulté dans les transactions, quand cela aura en plus permis de mettre au clair le rôle d’instrument de mesure des unités monétaires concernées.

III.             De l’invariabilité du dépôt de garantie et du poids de la monnaie

3.1.        Variables de flux et de stock

Dans un article précédent, nous avons vu que les biens et services échangés dans l’économie sont des produits de flux, renouvelés périodiquement.

Pour ces flux, si on en augmente le prix, le producteur gagne plus sur ces nouveaux produits et marginalement sur son stock, par conséquent, il pourrait donc produire plus. En revanche, si les prix baissent, certains entrepreneurs peuvent avoir des difficultés à couvrir les coûts et se retrouver en faillite. Par conséquent, si le prix baisse, la production peut baisser et entrainer une relative pénurie.

En revanche, la monnaie, ce papier de FCFA, représentant la marque du dépôt de garantie de la richesse de 0,02 FF en devise auprès du Trésor français, constitue un stock.

En effet, si la population a apporté au Trésor français 20 000 FF de devises, elle obtient 1 000 000 de FCFA en circulation. Les titulaires de cet argent vont se présenter sur les marchés pour échanger cette somme d’argent contre des biens et services. Les nouveaux titulaires des montants d’argent vont à leur tour les utiliser pour avoir les biens désirés.

Contrairement aux biens et services qui sont détruits et retirés de la circulation, les montants d’argent, qui sont destinés à rester longtemps en circulation, constituent des stocks. Ainsi, aussi longtemps que dure cette détention de la monnaie en circulation, la promesse de l’autorité qui l’a délivrée, de restituer à son détenteur la richesse initialement déposée auprès d’elle, en échange de ce papier, reste entière.

Nous allons vérifier, que, contrairement au prix, le dépôt ne peut augmenter ou diminuer. Par ailleurs, nous avons vu que ce dépôt constitue la taille de l’unité monétaire, qui sert d’instrument de mesure de toutes les valeurs de tous les biens et services dans l’économie.

En effet, si le dépôt augmentait avec 1 FCFA = 0,02 FF à 1 FCFA = 0,03 FF, le montant de 1 000 000 FCFA, dont dispose la population, correspondra en toute logique à un dépôt de devises en France pour 30 000 au lieu de 20 000 FF. Par conséquent, cela signifie que la population aura gagné de la richesse, sans aucun effort particulier, pour un montant de 30 000 FF – 20 000 FF = 10 000 FF.

Ce qui ne constitue point une hypothèse envisageable pour le Trésor français, dont le rôle est de faire gagner l’argent à la France.

De même, avec la même hypothèse de départ, examinons la décision consistant à porter le dépôt de richesse contre le FCFA de 0,02 FF à 0,01 FF, accusant donc une diminution.

Dans la même analyse, les 1 000 000 FCFA de la population africaine, auprès du Trésor français, ne comptent plus que pour 10 000 FF au lieu de 20 000 FF. Il apparait que la population aura perdu la moitié de la valeur de cette richesse qu’elle avait déposée à l’encaissement auprès du Trésor français.

Par conséquent, le Trésor français va se trouver héritier automatique de cette manne d’argent que la population africaine perd, alors que celle-ci n’aura commis aucune faute ou infraction qui aurait pu lui couter une telle fortune, sinon infortune.

Il est donc clair, qu’il s’agirait là également d’une expropriation par abus de confiance contre les populations africaines, qui auront travaillé pour obtenir leur richesse pour la déposer au Trésor français, sous le respect de la confiance selon laquelle la valeur assignée à la monnaie fiduciaire du FCFA est bien de 0,02 FF.  Cette expropriation se manifeste par un retrait monétaire massif de la circulation, au profit de l’autorité monétaire du Trésor français, plongeant l’économie des pays utilisateurs du FCFA dans une profonde déflation automatique, tout le contraire de l’inflation tant redoutée par les économistes à la suite de ces types d’opération d’expropriation par substitution frauduleuse du petit instrument de mesure à un plus grand, ainsi que les pays africains utilisateurs du FCFA en ont subi l’expérience en 1994 lorsqu’ils ont substitué la petite monnaie de 0,01 FF à son double, celle de 0,02 FF.

Aussi, convient-il de rappeler notre résultat de recherche qui montre, qu’en 1934, sans intention frauduleuse, le même phénomène de substitution s’est déclenché aux USA à la suite de la flambée du prix de l’or sur les marchés, rendant la valeur du dollar US en quantités d’or de plus en plus petites, ce qui a entrainé auprès de l’autorité monétaire un transfert d’argent aussi massif qu’inattendu.

Ainsi, le Trésor américain, surpris par cette rentrée d’un financement aussi important,  a décidé par la suite, en 1934, d’utiliser cette manne pour créer le fonds de stabilisation du cours du dollar, confirmant que les mêmes causes provoquent les mêmes effets.

Dans les pays africains, la France n’a laissé filtrer en 1994 aucun mot sur l’existence de cette importante manne financière que le Trésor français a enregistré ainsi que le Trésor royal le faisait au moyen-âge sous l’appellation de droits de seigneuriage. Selon les calculs portant sur une masse monétaire de 23000 milliards de FCFA pour les seuls pays de l’UEMOA, le montant du transfert  automatique vers le Trésor français s’élève en une seule matinée à :

(0,02 FF – 0,01 FF)*23000 milliards = 230 milliards de FF soit 35 milliards d’euro.

Une telle somme triplerait facilement en 30 ans, de 1994 à 2024, pour donner lieu à une somme de plus de 100 milliards d’euro, une hémorragie financière imposée à des pays finalement appauvris.

3.2.        Comprendre les manipulations monétaires

En comprenant que la monnaie est un instrument de mesure et qu’elle peut servir d’étalon, c’est-à-dire d’unité conventionnelle de valeur, il ne viendrait, raisonnablement à l’esprit de personne de diminuer l’étalon et de continuer à mesurer les valeurs  comme par le passé dans l’ignorance des conséquences de cette diminution de la taille de l’étalon.

En effet, si, concrètement, on réduisait aujourd’hui le mètre de son dixième, toutes les anciennes mesures deviendraient difficilement comparables avec les nouvelles mesures prises au moyen du nouvel instrument usuel de mesure.

Ainsi, une ancienne distance de 100 m deviendrait en toute équivalence 111,111m dans le nouvel étalon, qui ne vaut que 90 cm. Contrairement aux habitudes acquises en économie, il ne viendrait à l’esprit de personne de parler d’augmentation des anciennes distances parce qu’étant désormais exprimées dans des chiffres plus élevés.

Il s’agirait bien là, d’une incongruité visible, qu’on retrouve assez malheureusement économie, comme étant la chose la plus normale et qui est désignée savamment sous l’appellation d’inflation.

Il en fut ainsi, lorsqu’en 1994 dans les pays africains utilisateurs du FCFA, lorsque la petite unité monétaire de mesure de 0,01 FF a été substituée à la grande unité monétaire de mesure de 0,02 FF et que les anciens prix en FCFA, comme celui de 50 FCFA, ont pu être établis à un prix de 80 dans la nouvelle unité monétaire de 0,01 FF.

En effet, les analystes avaient alors affirmé que les prix ont augmenté dans ces pays, alors qu’en réalité ils ont été placés dans l’ignorance de l’utilisation d’une nouvelle unité de mesure et de son incidence sur les mesures précédentes prises dans un instrument de mesure qui est le double du nouvel instrument en usage.

Ce faisant, en termes de comparaison, il était plutôt logique d’utiliser la première unité de mesure pour exprimer toutes les nouvelles mesures prises, anciennes et nouvelles. Ainsi le prix de 80 dans la nouvelle unité de mesure ne représente en réalité que 40 dans l’ancienne, et qu’il faudrait comparer à 50 ce qui conduit à une diminution des prix de 50 à 40 soit une baisse de 20%, au lieu d’une hausse visible à l’œil nu, annoncée péremptoirement dans les statistiques officielles des pays concernés.

Le nouvel instrument de mesure aurait pu également être utilisé pour calculer l’évolution des prix. Ainsi l’ancien prix de 50 devient 100 dans la petite unité de mesure, et qu’il faudrait comparer à 80, une mesure également prise dans la même unité usuelle de mesure.

Ainsi, l’évolution des prix est de (80 – 100)/100 = – 20%

Il était donc important de pouvoir prendre conscience de l’illusion collective et de la corriger de façon à se ramener à la réalité scientifique qu’offre la théorie de la mesure.

3.3.        Dépôt de garantie et substitution frauduleuse du petit instrument au grand instrument de mesure

Il devient ainsi clair que la substitution du petit instrument de mesure au grand revient à diminuer le dépôt de garantie au bénéfice de l’autorité monétaire, ce qui constitue une expropriation de la population de ses revenus. Par conséquent, l’effet attendu ne saurait donner lieu à une hausse des prix, mais à une déflation.

Il est donc clair que la baisse des prix est en cohérence avec la diminution impossible du dépôt de garantie.

Ainsi, l’impossibilité de diminuer le dépôt de garantie rejoint l’impossibilité de diminuer la taille de l’instrument de mesure.

Cependant, il convient de relever que, contrairement au système métrique où le nom et la valeur de l’unité de mesure coïncident à l’exemple du centimètre qui ne désigne que la centième partie de l’étalon, le nom de l’unité de mesure en économie est un nom fictif ne désignant rien de spécifique, alors que son contenu désignant sa valeur est utilisé dans le calcul du prix.

Ainsi, en donnant au FCFA la valeur de 0,01 FF, ce FCFA va se comporter exactement comme le FM avec en plus des perturbations liées à cette substitution d’instruments monétaires qui se révèle frauduleuse.

3.4.        Autres effets perturbateurs de la substitution de la petite unité de mesure à la grande

Ainsi, un salaire de 100 000 FCFA avec le FCFA = 0,02 FF sera payé pour 100 000 F CFA, avec le FCFA = 0,01 FF. Donc un salaire d’une valeur de 1000  FF sera substitué à un salaire d’une valeur de 2 000 FF. Donc la valeur du salaire a été divisée par deux, d’où un appauvrissement des salariés.

Au même moment, un prix d’un bien qui s’écrit : (valeur de l’objet / 0,02 FF) sera remplacé logiquement et en toute équivalence par l’expression : (valeur de l’objet / 0,01 FF), soit donc un prix nominalement double de l’ancien et cela en toute équivalence. Par conséquent, tant que les prix n’auront pas dépassé le double de leur ancien niveau, nul ne saurait parler de hausse des prix ou d’inflation.

Par ailleurs, lorsqu’on prend en compte l’effet de la substitution sur les revenus qui baissent de moitié en valeur, les prix, qui ne pourront pas globalement doubler, seront nécessairement en baisse, malgré leur évolution nominale en hausse sous la perception par les yeux.

C’est ce qui est arrivé en 1994 dans les pays utilisateurs du FCFA, lorsque la petite monnaie de 0,01 FF a été substituée à la grande monnaie de 0,02 FF, dans une opération de grande envergure, qui a été malencontreusement appelée dévaluation du FCFA.

En effet, la monnaie de 0,02 FF et celle de 0,01 FF sont de la même nature, mais en quantités différentes. Elles désignent toutes le FF en quantités différentes, celles de 0,02 et 0,01, faisant que le FCFA est le double du FM et du FM la moitié du FCFA, les deux unités monétaires étant deux instruments de mesure au sein d’un même ensemble monétaire.

La dévaluation concerne deux étalons différents, comme le dollar et l’euro ou encore le dollar et la livre anglaise et dont les rapports changent en permanence d’une seconde à l’autre, contrairement au FCFA et au FM dont les rapports sont fixes et définitifs.

Il ne faut donc pas confondre dévaluation et substitution frauduleuse qui est une pratique de fraude connue durant tout le long du moyen-âge dans le Royaume de France.

Conclusion : de l’usage autoritaire de la monnaie à la pauvreté des Nations

Nous avons compris le rôle d’instrument de la mesure des instruments monétaires et la nécessité de veiller à conserver la définition de ceux-ci. Dans l’ignorance de cette précaution, le dollar US est passé de 0,888 gr d’or en 1934 à 0,0156 gr d’or actuellement sur les marchés soit, en 90 ans, une division de sa taille par plus de 56.

Ainsi un salaire de 1000 dollar US en 1933 équivaut à 888 gr d’or en termes de pouvoir d’achat des biens dans les autres catégories.

Le même salaire en 2024 équivaut à 15,6 gr d’or en termes de pouvoir d’achat en biens équivalents. Il est donc clair que les salariés se trouvent piégés par ces pratiques de substitution inconsciente de la petite monnaie perpétuellement à la grande.

Il est donc clair que si en 1933, ce salaire permettait de faire vivre décemment, en 2024, ce salaire n’est plus que l’équivalent de 15,6 gr, ce qui traduit inévitablement des difficultés de vivre sans pouvoir en donner une explication plausible.

Il est facile d’imaginer ainsi, comment les grandes villes américaines sont frappées par l’extrême pauvreté dans ses manifestations les plus cruelles, avec des travailleurs ou chômeurs sans-abris logeant dans leur voiture ou en pleine rue, ou des personnes en activités, incapables de vivre de leur revenu dans la ville où ils travaillent et qui sont obligés d’aller habiter dans une autre ville dans le pays ou dans un pays étranger comme au Mexique.

En effet, en émettant de la monnaie sans aucune contrepartie d’actif, le dépôt de garantie par unité monétaire se trouve frauduleusement réduit pour corriger l’effet de l’émission frauduleuse des billets.

Par conséquent, la taille de l’unité de mesure se trouve également réduite, entrainant à l’œil nu un effet inflationniste trompeur, qui cache en même temps une déflation, ainsi que nous l’avons établi.

Sur la même voie, en considérant les pays utilisateurs du FCFA, en 1993, un salaire de 1 000 000  FCFA équivaut à 2 000 FF, alors qu’en 2024, soit 31 ans plus tard, cette même somme, suite à la substitution frauduleuse de 1994, ne représente que 1 000 FF soit 152 euro, compte tenu de la définition du FF en euro.

En considérant que les prix ont triplé pendant ce temps, les 1 000 FF ne représentent pas plus de 333 FF en termes de pouvoir d’achat.

Donc la diminution de la mesure et du poids constitue une dangereux pratique empirique sans fondement, et représentant un piège pour fabriquer la pauvreté de la grande majorité de la population, salariés et autres détenteurs de revenus fixes, tout en mettant gravement en danger permanent de faillite les importateurs et exportateurs dans ces pays, et donc en prenant en otage l’industrialisation de ces pays.

Dr. Lamine Keita

Economiste, écrivain

[1] C. Schmidt,  “La sémantique économique en question  ” Calmann Lévy, 1985, p. 11.

Source : Mali Tribune

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