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CONTRE LA PANDÉMIE DU CORONAVIRUS: LA RÉPUBLIQUE ENGAGE LA LUTTE

Mais les Maliens, à tort ou à raison, sont sceptiques. Attitude normale dans un pays où rien ne se passe presque plus à la normale. Par un de ces miracles dont seul Dieu a le secret, jusqu’au mardi 17 mars, aucun cas du méchant Coronavirus n’avait été détecté au Mali.

 

C’est donc avec l’air serein que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a réuni ce jour à Koulouba une réunion extraordinaire du Conseil Supérieur de la Défense Nationale (CSDN) à laquelle ont pris part, selon le communiqué officiel, outre les ministres concernés, les experts du Comité Scientifique du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales et ceux de la Défense. À l’issue de cette réunion extraordinaire de haut niveau, d’importantes mesures ont été prises en vue de lutter contre la pandémie surgie à l’improviste et qui tient le monde entier en haleine pour une durée difficile à cerner. Depuis, les commentaires vont bon train. Sur les réseaux sociaux en particulier, les gens ont donné libre cours à leurs opinions. Beaucoup relèvent que c’est pour sacrifier à une contrainte du temps vite comprise par les autres, notamment nos voisins sénégalais et ivoiriens, qu’IBK s’est résolu de réagir enfin. À l’appui de cette conviction, il a été abondamment rappelé que non seulement les citoyens avaient beaucoup murmuré sur ce qu’ils qualifiaient de désintérêt du chef de l’État quant à la virulence de l’épidémie du Coronavirus, mais en plus, un leader politique, en l’occurrence Me Mountaga Tall du Cnid-Fyt, avait dû publiquement interpellé la veille, le lundi 16 mars, le n°1 malien à qui il a suggéré la démarche à suivre, particulièrement en ce qui concerne les instructions à donner aux ministres concernés. Cela a trouvé que les présidents Macky Sall et Alassane Dramane Ouattara avaient déjà réuni chez eux les instances appropriées pour prendre les mesures idoines. Ce qui a fait dire par beaucoup que n’eût été ce constat, Ibrahim Boubacar Keïta serait resté enfermé dans sa tour d’ivoire; d’autant que, lors de la pandémie du virus Ebola, il avait marqué pareille lenteur à réagir allant même jusqu’à laisser nos frontières ouvertes. Dans l’affaire, certains de nos compatriotes, et leur nombre est appréciables, adressent plutôt un satisfécit à Michel Hamalla Sidibé, ministre de la Santé et des Affaires sociales, qui apparaît pour beaucoup comme un homme de vision et de responsabilités. Ses qualités intrinsèques louables auraient été affinées lorsqu’il eut en charge l’ONU-sida, autre pandémie qui n’épargna aucune zone du globe terrestre. Michel H. Sidibé aurait donc, sans trompette ni tambour, vite pris les mesures indispensables à même d’éviter la panique au sommet de l’État. Mais ce qui continue d’intriguer jusqu’au scepticisme nombre de citoyens, c’est un certain flou dans la formulation du communiqué officiel du Conseil Supérieur de la Défense Nationale. En effet, on parle de fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles…y compris les medersas… Est-ce à dire qu’au Mali les medersas ne sont pas des écoles confessionnelles ? En plus, l’honnêteté aurait voulu que l’on soit précis sur le cas des écoles publiques qui sont en réalité fermées depuis si longtemps. La vérité est que les écoles privées terminaient leurs examens trimestriels le lendemain de la réunion, le mercredi 18 mars; d’où l’application de la décision à partir du jeudi 19 mars. Il y a aussi qu’il est fait mention d’interdiction, entre autres, de « meetings populaires ». Cela prête beaucoup à confusion, car on ne sait pas avec exactitude si ce sont seulement les différentes manifestations publiques pour les campagnes législatives qui sont visées. Sinon, un meeting, qu’il se déroule en salle ou sur une place publique, voire dans une cour fermée, demeure un meeting. L’on est d’autant perplexe que l’on ne sait pas si les élections législatives du 29 mars sont reportées ou maintenues. La précision s’impose ici puisqu’il y a quelques jours seulement, pour raison de pandémie de Coronavirus, les élections municipales en France, que l’on avait maintenues malgré de pressants appels à report, ont souffert d’un taux d’abstention de 56%, un record historique. Les autorités françaises ont d’ailleurs été bien obligées de surseoir à l’organisation du deuxième tour, décision applaudie par l’ensemble de la classe politique. Aussi,  dans le communiqué officiel du Conseil Supérieur de la Défense Nationale, un accent particulier a été mis sur les rassemblements à caractère religieux : « Par ailleurs, en ce qui concerne les rassemblements à caractère religieux, le gouvernement engagera incessamment des consultations avec les responsables du Haut Conseil Islamique, de la Ligue des Imams, des Églises Catholiques et Protestantes ainsi qu’avec d’autres autorités religieuses et cultuelles du Mali afin de convenir des mesures appropriées pour assurer la santé des fidèles ». Beaucoup estiment que cette démarche est pour le moins discriminatoire, voire porteuse de favoritisme politicien. Le Coronavirus, dit-on, est également à l’aise dans un rassemblement religieux comme dans un meeting sportif ou politique. Il y a anguille sous roche, d’autant que ceux qui sont désignés par « autres autorités religieuses et cultuelles », on le sait, sont bien identifiés comme étant les soutiens politiques du pouvoir en place, à bien des égards. Peut-être réside là l’importance de l’enveloppe initiale des 6,3 milliards de francs CFA mise à disposition par IBK pour lutter contre la pandémie. Dans un pays abonné aux surfacturations et multiples détournements, où des avions de combat sont cloués au sol et où les véhicules blindés de guerre sont des cartons, une nouvelle saison de corruption n’est-elle pas ouverte sur le dos du Coronavirus ?

 

Boubacar Bosso

LE COMBAT

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