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Consommation des stupéfiants : La jeunesse de Kati plongée dans un phénomène dangereux

Depuis un certain temps la ville de Kati est devenue un axe où on trouve toutes sortes de drogues : en poudre, en liquide, en comprimé…Et ce, avec diverses appellations: Aya, Tomatini, bléblé, Yiri, Tram… et elles sont vendues comme de l’arachide. Un phénomène qui dépasse le contrôle des autorités Katoises d’où la nécessité de l’implication des plus hautes autorités du pays pour éradiquer ce fléau.

Toutes les drogues représentent un risque de devenir dépendant (médicaments, cannabis, pilule, alcool).
En la matière, force est de reconnaître aujourd’hui, un relatif changement de tendance par rapport à ses consommateurs. Avant c’étaient les personnes mures qui en consommaient pour noyer certains coups de la vie ou supporter certaines situations de la vie, mais aujourd’hui le constat est que ce sont les jeunes de moins de 20 ans qui en font un phénomène de vogue. Si autrefois les jeunes étaient poussés par la curiosité, cela n’est plus le cas. La consommation de la drogue a été tellement banalisée qu’elle est devenue une pratique normale de la vie de jeunesse, surtout dans une ville garnison comme Kati.

C’est pourquoi il est important pour notre société d’accentuer la sensibilisation en clarifiant les choses aux jeunes. C’est à dire en expliquant comment les drogues agissent sur le cerveau ? Quelles sont les conséquences d’une consommation soutenue et, également, quels peuvent être les signes visibles permettant d’identifier un toxicomane ?

Seydou Symbo Diakité, pharmacien, Chef de service du laboratoire d’analyse biomédicale de l’hôpital de Kati, assistant à la faculté de pharmacie de l’université de Bamako, affirme sans ambages que les stupéfiants détériorent la santé de l’usager. « L’organisme s’adapte à ces produits dangereux, quand les doses dépassent leurs limites et c’est en ce moment que l’intéressé disjoncte (une désorientation spassotemporal) ». Selon lui, ces drogues modifient la conception cérébrale car le centre de commandement (le cerveau) est perturbé et tout ceci n’est pas sans facteur sur la santé. « Le cerveau est le maître de l’organisme, ces stupéfiants détruisent la potentialité du cerveau parce que le cerveau c’est des milliards de cellules, des milliards de connexions : ex : quand quelqu’un est ivre il a de la peine à différencier son pied droit de son pied gauche. Imaginez le désordre que cela peut occasionner au niveau cérébral par fini s’il ne fait pas attention ça rend fou et si ça rend fou c’est fini et il sera irrécupérable » précise-t-il. Selon toujours Dr Diakité, les conséquences de la drogue sur la santé de l’homme sont énormes. « De la langue à la plante du pied la drogue détruit tout, autrement dit ça détruit la quasi totalité des cellules qu’elle traverse mais comme l’organisme a un système de régénération impeccable on ne va pas tout de suite sentir les effets, ça fragilise leur état de santé » a-t-il expliqué.

Selon lui, il existe également d’autres risques liés à la consommation des drogues . Notamment les troubles physiques comme : vertiges, malaises, nausées, vomissements, contractions musculaires, modification de la perception visuelle, baisse de la vigilance et des reflexes, insomnie, pertes de mémoire déshydratation, hyperthermie, augmentation ou baisse du rythme cardiaque, contraction ou dilatation des vaisseaux sanguins.
Première cause de la perte de l’intelligence !

A la lumière des explications du spécialiste, il ressort que sur le plan éducatif, la drogue produit chez les jeunes une démotivation et diminution du désir d’apprendre, de penser aux examens ou de faire n’importe quel travail, d’où un mauvais rendement scolaire ou professionnel qui se termine indiscutablement par l’abandon de ses études et l’échec dans sa vie. « Au niveau psychologique les dangers sont encore plus graves, les plus connus sont entre autres : la mauvaise humeur, l’agressivité, les crises d’angoisse et panique, la perte de contrôle de soi, les troubles de comportements, les délires. Le consommateur risque d’avoir des maladies incurables comme le sida, le cancer et tout simplement la mort » a-t-il fait savoir.

Sur le plan sécuritaire, dit le pharmacien, l’instabilité qui sévit dans le nord du pays peut favoriser le commerce de la drogue dans notre pays. Elle favorise également l’entrée illégale de ces produits dans notre pays. En conclusion il dira qu’il est temps d’appliquer le C.C.C (Communication pour un changement de comportement) de sauver la jeunesse de Kati en particulier et malienne en générale de ces dangers.
La Police sollicite l’accompagnement de tous !

Quant au commissaire principal du commissariat du premier arrondissement de Kati, le Commissaire Souleymane Diakité, il dira que ce phénomène ne les laisse pas indifférent.

« Nous luttons contre la prolifération des armes et produits stupéfiants ». Selon lui, l’un des dossiers compliqués qu’il a eu à traiter fut celui de l’assassina du jeune boutiquier a Kati KoKo à cause de sa moto par trois jeunes garçons sous l’effet de la drogue. Et d’ajouter qu’Il y a des dispositions générales dans le code pénal et celles particulières. Comme par exemple : l’arrêté de création de l’Office Central des Stupéfiants (OCS) et l’arrêté de création de Brigade des Stupéfiants (BS) qui interdisent la consommation et la détention des produits stupéfiants. C’est pourquoi poursuit-il, en longueur de journée la police enclenche des procédures pour conduire ceux là qui s’adonnent à ces pratiques devant le Procureur. « Et chaque fois que c’est fait ces personnes sont placées sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Kati » confie, le compol Diakité. Qui invite la population de Kati de les aider dans leurs tâches surtout en termes de renseignements en dénonçant discrètement les usagers de ces drogues afin qu’ils puissent les traquer, tout en les rassurant que l’anonymat sera gardé (pour la protection de l’informateur). Par rapport au proxénétisme grandissant à Kati qui favorise aussi le commerce des stupéfiants, il dit avoir déféré des personnes de nationalité étrangère devant le Procureur du Tribunal de Grande Instance de Kati et beaucoup parmi elles ont été placées sous mandat de dépôt.
Il existe d’éventuelles solutions pour éradiquer ce fléau. Face à ce problème qui s’accentue, il est important de militer et d’agir pour donner à la jeunesse des exemples positifs. Pour protéger les jeunes de ce mauvais comportement, il convient de les sensibiliser au sein de la famille en créant un climat de confiance et de dialogue. Que les parents jouent leurs rôles de premiers éducateurs des enfants. Ainsi, on peut facilement les mettre en garde. L’école peut aussi jouer un rôle très important dans la prévention en organisant des exposés, des journées de sensibilisation, des tables rondes autour de ce phénomène. A noter que certains jeunes Katois ne sont pas restés les bras croisés face à ce problème. Ils sont décidés à sauver leurs frères de ce malheur.

Maïmouna Sidibé

 

Source:  Le Sursaut

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