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Conseil national des prix : LES DÉPENSES DU RAMADAN S’ANNONCENT MAÎTRISÉES

Les prix de la grande consommation seront stables, l’approvisionnement en gaz devrait être assuré, mais la hausse des tarifs de l’énergie fait polémique 

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L’approvisionnement correct de notre pays en produits de grande consommation reste à l’approche du mois de Ramadan une préoccupation majeure dans notre pays. Car du traitement idoine de cette question dépendent pour les consommateurs maliens la disponibilité, l’accessibilité et les prix de ces produits. Chaque année donc, à la veille du mois béni, nos compatriotes renouent avec la traditionnelle angoisse de voir le spectre de la pénurie s’installer avec son corollaire, la spéculation qui porte les étiquettes à des hauteurs insupportables pour le Malien moyen.

Il n’y a pas longtemps encore, plus les années passaient, plus ces inquiétudes se confirmaient. Certains produits tels que les céréales sèches (petit mil, riz, fonio), les produits importés (sucre, lait, farine, huile, dattes) et le gaz butane se retrouvaient embarqués dans une tendance haussière dont personne ne pouvait prévoir la limite. Les commerçants, malgré les assurances rassurantes prodiguées, résistaient difficilement à la tentation de faire valser les étiquettes, en expliquant la montée des prix par la difficulté à  mettre en place des stocks suffisants. Pour contrecarrer la logique de renchérissement solidement installée dans les habitudes de certains négociants, le département en charge du Commerce multipliait les initiatives pour faire approvisionner à suffisance le marché malien et maintenir les prix à un niveau raisonnable, du moins en ce qui concernait les produits de grande consommation. Pour cela, l’Etat devait se résoudre à accorder des exonérations et des facilités aux importateurs de sucre, de riz, de lait, d’huile et d’autres produits très sollicités pendant la période de jeun.

Mais même cette solution exceptionnelle n’a pas toujours produit les résultats escomptés et n’a pas garanti un approvisionnement suffisant des différents marchés. Pour corriger les imperfections qui se répétaient d’année en année, le département du Commerce a créé un cadre de concertation permanent à travers le Conseil national des prix regroupant les importateurs, les commerçants grossistes, les détaillants, les associations de consommateurs, les représentants des syndicats des travailleurs. La méthode a payé, puisque depuis 2010, les acheteurs observent une certaine stabilité des prix sur les produits de grande consommation pendant le Ramadan.

PAS DE RISQUE DE PÉNURIE. Pour la présente année, des dispositions particulières ont été de nouveau prises pour assurer un approvisionnement correct du pays en produits de grande consommation et surtout préserver l’accessibilité des prix. Une attention spéciale a été accordée au sous-secteur du gaz butane qui connait certaines difficultés. Le Conseil des prix s’est donc réuni au grand complet mardi dernier dans la soirée pour apprécier la situation des stocks et préciser les décisions à prendre pour bien préparer le Ramadan. La rencontre était présidée par le ministre du Commerce, Abdoul Karim Konaté. L’ordre du jour portait sur trois points : la situation des stocks des produits de première nécessité, la situation du gaz, l’augmentation prévue sur le prix d’électricité. Introduisant le premier débat, Abdoul Karim Konaté relèvera que le marché céréalier se caractérise par la stabilité des prix. Il enregistre même des fluctuations à la baisse par endroits. Le niveau général d’approvisionnement du pays est rassurant.

La situation des stocks des produits d’importation est, elle aussi, très satisfaisante. Les stocks disponibles sur le territoire couvrent  33 jours de consommation pour le riz, 136 jours pour le sucre, 38 jours pour le lait en poudre, 66  jours pour la farine de blé et 78 jours pour l’huile alimentaire. Il faut préciser que ces stocks n’incluent ni les stocks au niveau des détaillants, ni ceux au niveau des ports. Le ministre Konaté a indiqué que les baisses des prix fournisseurs du riz et du sucre sur le marché international ont eu des répercussions sur les marchés maliens. Il a surtout écarté d’emblée tout risque de pénurie ou spéculation vu le niveau actuel des stocks. « Après discussion avec les importateurs et les acteurs du marché, nous avons décidé de ne pas renouveler d’opération d’exonération cette année. Mais nous avons sollicité les importateurs pour qu’ils continuent à renforcer le niveau d’approvisionnement du pays. Nous renforcerons aussi le suivi régulier des stocks», a-t-il annoncé.

Les importateurs de sucre ont néanmoins souligné le problème que leur posait l’écoulement de sucre produit localement. « Avant, on achetait la production de Sukala et de NSukala à 250 Fcfa/kg. Aujourd’hui, les usines nous cèdent leur production à 360 Fcfa/kg, voire 400 Fcfa/kg. Ce qui fait que présentement le sucre à l’importation, frais de transport et dédouanement compris, nous revient moins cher que le sucre local. Or nous ne pouvons pas prendre ce sucre local et le vendre plus cher que le produit importé », a averti Modibo Keita, opérateur sucrier. Sur cette question particulière, le ministre Konaté expliquera que les usines de Markala avaient longtemps bénéficié d’une subvention fiscale à l’investissement. Cette subvention est aujourd’hui épuisée. « Les usines doivent revoir la structure de leurs prix pour s’en sortir », a-t-il souhaité.

LE GAZ DANS UNE ZONE DE TURBULENCES. Après les assurances données sur le niveau de stocks et le prix des produits de grande consommation, le Conseil a planché sur la situation de l’approvisionnement du pays en gaz butane. En effet, depuis un certain temps, les points de vente commencent à connaître des difficultés d’approvisionnement. La situation n’est pas nouvelle : le gaz dont l’utilisation explose pendant le Ramadan accuse habituellement une pénurie et alimente la spéculation lors de la période sensible. Les opérateurs gaziers n’hésitaient pas à brandir la menace de rupture pour recouvrer les arriérés de subvention que l’Etat leur devait.

Sur ce point, le ministre du Commerce est formel. « L’Etat est à jour de ses paiements et les reliquats dus aux gaziers ont été acquittés depuis février. Cependant, des informations faisant cas de rupture de stocks chez certains gaziers nous sont parvenues. Nous allons donc prendre des dispositions urgentes pour vérifier les stocks dans les 9 centres emplisseurs que compte notre pays. Si l’Etat fait des efforts pour honorer ses engagements vis-à-vis des opérateurs, en retour ceux-ci doivent honorer leur part du contrat qui consiste à ravitailler correctement les consommateurs », a t-il averti. Le ministre Konaté révèlera toutefois que le secteur traverse actuellement une zone de turbulences. La société Total qui représente plus de 10% de marché gazier de notre pays aurait décidé de se retirer à cause de la violation et de la non application des règles régissant le secteur (nous reviendrons sur les raisons et les conséquences de cette décision dans nos prochaines livraisons).

Le point le plus attendu de ce Conseil des prix était la communication de EDM SA sur les très prochaines augmentations du prix de l’électricité. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la communication très argumentée du directeur commercial de la société n’a pas convaincu les partenaires sociaux sur l’opportunité de la hausse. Les représentants des syndicats des travailleurs et des responsables des consommateurs ont été catégoriques.  « Lors des hausses survenues en 2007, le gouvernement nous avait formellement signifié que l’interconnexion avec la Côte d’ivoire feraient partir les tarifs à la baisse. Depuis, nous assistons, impuissants, à plusieurs hausses. Cette fois-ci, nous disons non à toute augmentation des tarifs d’électricité. Vous nous comparez au Sénégal et au Burkina Faso, comparez également nos salaires moyens avec ceux de ces pays. Leurs travailleurs sont deux, voire trois fois mieux payés que les nôtres. Les bourses des Maliens sont aujourd’hui soumises à de fortes pressions à cause des difficultés économiques du Mali », ont averti les représentants de l’UNTM et des consommateurs.

On retient des explications du responsable d’Energie du Mali que les besoins du pays en énergie sont évalués à 300 mégawatts. La capacité actuelle des différentes centrales est de 102 mégawatt pour Manantali (capacité actuellement réduite à 45 Mégawatts à cause de la révision décennale), de 20 MGW pour Sélingué, d’autant pour Félou, de 25 MGW pour la SOPAM, 40 MGW pour la centrale de Bamako. Cette année, l’EDM a loué 45Mgw au Sénégal et 45 Mgw avec la Côte d’Ivoire. Pour la nouvelle hausse prévue pour le 1er juillet prochain, les tarifs passeront de 48 à 55 Fcfa pour les heures dites creuses, de 71 à 75 Fcfa entre 6 à 18 heures et de 98 à 110 Fcfa pendant les heures de pointe. Cette nouvelle hausse permettra à l’EDM d’engranger 3 milliards de Fcfa supplémentaires d’ici la fin de l’année. Et une hausse de +3% est prévue à partir de 2015.

A la fin de la rencontre, le Conseil a félicité le département et les importateurs pour les efforts fournis dans l’approvisionnement correct du pays et le maintien des prix à un niveau stable. « Cette année, les consommateurs ne devraient donc pas se faire du mauvais sang. A moins d’un mois du Ramadan, l’approvisionnement est garanti et les prix maitrisés. Il est même prévu une  intensification des opérations d’importation », a rassuré le patron de GDCM, Modibo Keita. Espérons que les faits confirmeront ces prévisions rassurantes.

D. DJIRÉ

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