Le premier ministre Justin Trudeau tentera dans les prochains jours de faire mousser la candidature du Canada pour obtenir un siège au conseil de sécurité des Nations Unies.
Il s’envolait jeudi soir pour l’Éthiopie afin d’assister au 33e Sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba. L’appui des 54 pays membres est essentiel pour obtenir le siège convoité par le Canada, qui rivalise avec les concurrents de taille que sont la Norvège et l’Irlande.
Le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne s’est dit «tout à fait» confiant quant aux chances d’Ottawa de faire le plein d’appuis, jeudi, même si plusieurs observateurs estiment que le Canada a un sérieux retard à rattraper dans sa campagne.
«Je pense que la voix du Canada inspire», a plaidé en point de presse celui qui accompagnera M. Trudeau pour plusieurs portions de son voyage de huit jours. Le premier ministre se rendra aussi au Sénégal avant de s’envoler pour l’Allemagne afin de participer à la Conférence de Munich sur la sécurité nationale.
M. Champage, qui s’est récemment rendu au Mali, au Maroc et en Égypte, a notamment fait valoir que la politique étrangère féministe du gouvernement Trudeau fait bonne impression. Au total, ce sont 128 voix à l’ONU qui sont nécessaires.
«Pour avoir rencontré beaucoup de jeunes et de leaders africains, ils cherchent cette inspiration-là transatlantique au sein du conseil de sécurité des Nations Unies», a-t-il insisté.
Pour plusieurs experts qui se sont exprimés dans les derniers mois, le Canada aurait dû consacrer plus d’efforts à sa campagne dès son lancement, après l’élection du gouvernement majoritaire de Justin Trudeau en 2015. Jusqu’à présent, les libéraux y ont dépensé environ 2 millions $.
Les experts soulignent entre autres que le Canada est bien loin d’atteindre l’objectif de l’ONU en matière de développement international, qui veut que chaque pays y investisse l’équivalent de 0,7 % de son revenu national brut. Le Canada se situe à 0,3 %, bien loin de l’Irlande et de la Norvège.
Les partis d’opposition sur la colline parlementaire ont sauté sur l’occasion pour critiquer les libéraux, jeudi.
«Tout le monde souhaite qu’on ait de l’influence [sur la scène internationale], mais ça ne se fait pas comme ça à la dernière minute», a lancé le député conservateur Alain Rayes.
Selon lui, le gouvernement Trudeau devrait se concentrer sur des enjeux diplomatiques plus urgents, comme celui de ses relations tendues avec la Chine.
Le bloquiste Stéphane Bergeron croit pour sa part que le Canada manque de crédibilité en matière de protection des droits de la personne, un point que les libéraux souhaitent aborder durant ce troisième voyage de M. Trudeau en sol africain.
«Si le gouvernement est vraiment sérieux dans la défense des droits humains […], il pourrait peut-être poser des gestes comme déployer davantage d’énergie pour rapatrier Raïf Badawi, par exemple», a-t-il commenté en référence au blogueur emprisonné en Arabie Saoudite depuis 2012.
En 2010, l’échec avait été retentissant quand le Canada s’était vu refuser un siège au conseil de sécurité de l’ONU au profit du Portugal. Le gouvernement de l’époque, celui du premier ministre conservateur Stephen Harper, avait failli à sécuriser de précieux soutiens auprès de pays africains.
Source: journaldemontreal