L’armée malienne a-t-elle renoncé à laver l’affront subi fin juillet dans la localité de Tinzaouatène ? C’est la question qui taraude les esprits plusieurs semaines après le lancement d’une opération militaire menée conjointement par l’armée malienne ses partenaires. Alors que la conquête de cette localité située dans l’extrême nord, à la frontière avec l’Algérie, semble être au cœur d’un enjeu sous régional. Une attente de plus en plus longue qui rappelle la conquête de Kidal en novembre 2023.
Reculade, pression algérienne, dangerosité de l’opération, divergence entre l’armée malienne et ses alliés russes ; plusieurs raisons sont avancées par les observateurs pour justifier le fait que cette localité semble encore échapper au contrôle de l’armée malienne.
A la fin du mois de septembre, une colonne de l’armée malienne composée de plusieurs véhicules blindés, soutenue par une flotte est partie de Kidal. Une opération relayée sur les réseaux sociaux dont l’objectif initial était, visiblement, de reprendre le contrôle de la localité TinZaouatène et laver l’affront subi en juillet dernier.
Cependant, le convoi, après avoir récupéré les corps des soldats maliens tombés lors de la bataille de juillet, a interrompu sa progression près d’In Teferkit, à environ 60 kilomètres au sud de TinZaouatène. Malgré les objectifs initiaux, la colonne a toutefois arrêté sa progression, évitant le contact avec les forces terroristes internationales et a rebroussé chemin vers Kidal.
Que s’est-il réellement passé ?
Selon des observateurs avertis, plusieurs facteurs semblent expliquer un tel revirement.
Pour certains, la prise de conscience d’un risque excessivement élevé de répétition du désastre du 27 juillet y tient assurément une large place.
Aussi, on indique que l’absence de contre-offensive s’expliquerait par la mésentente croissante entre l’armée malienne et ses alliés russes.
Pour les tenants de cette version des faits, la défaite de juillet à Tinzaouatène est rapidement devenue un point de discorde, non seulement au sein des forces maliennes, mais aussi parmi les partenaires russes.
Par ailleurs, le retrait de l’offensive illustre également la complexité des alliances dans cette région du Sahel.
Selon des sources militaires relayés par des médias internationaux, l’Algérie est intervenue en avertissant la Russie des conséquences d’une attaque sur la localité frontalière, jugée trop proche de son territoire et politiquement sensible.
Alger qui entretient une position diplomatique prudente dans le conflit au Mali, voyait dans cette offensive une menace pour la stabilité régionale. Face à cette mise en garde, Moscou aurait conseillé à notre armée de réévaluer ses actions, entraînant ainsi un revirement.
Alors que Bamako et Moscou comptent sur ses partenaires pour stabiliser le nord du Mali, l’Algérie, soucieuse de sa propre sécurité, garde un œil attentif sur toute escalade militaire à proximité de ses frontières.
«Ce jeu d’influence met en lumière la difficulté pour les acteurs régionaux et internationaux de naviguer dans un environnement politique et militaire de plus en plus fragmenté», relate un spécialiste.
Pour lui, le Mali, malgré les renforts étrangers, doit désormais revoir ses stratégies militaires tout en jonglant avec les sensibilités diplomatiques régionales.
Par Abdoulaye OUATTARA