L’Internet, de par son ampleur et son ancrage dans le quotidien des individus, constitue une opportunité de développement et de dynamisme. Depuis1994, où il a fait son apparition au grand public, il n’a cessé d’évoluer de jours en jours.
A l’instar des autres pays à travers le monde, le Mali n’a pas échappé à cette révolution du numérique qui a changé fondamentalement le quotidien de tous ceux qui possèdent de téléphones surtout avec Androïd.
Dans le souci d’édifier davantage nos lecteurs sur la connexion internet au Mali, jugée par beaucoup de Maliens très chère, comparativement à d’autres pays de la sous région, notre équipe de reportage est allée à la rencontre de Bruno Diop, Directeur général de Kiwi Mali, agence de distribution d’Internet au Mali, qui a bien voulu répondre à nos questions.
Flambeau : quel regard portez-vous su l’environnement de l’internet du Mali ?
Bruno Diop: Le Mali est entré de plein pied dans l’ère du digital et internet est devenu pour les Maliens, une commodité similaire à l’eau et à l’électricité. Aujourd’hui, on ne peut presque rien faire sans Internet Au-delà de mon regard, l’ambition de Kiwi Mali est de démocratiser un Internet illimité, rapide et stable à l’ensemble de la population malienne.
Flambeau : L’enquête auprès des consommateurs révèle que la connexion Internet est chère au Mali. Comment expliquez-vous cela ? Et en tant que distributeur d’Internet, quelle relation coût-avantage établissez-vous ?
C’est une perception qui se justifie. Nos usages sur Internet évoluent. Avant nous avions un usage basique de l’Internet. Mais, maintenant nous avons des usages avancés : nous réalisons des appels, regardons des films, visualisons nos caméras de surveillance, utilisons des logiciels qui ne se trouvent plus sur nos ordinateurs, mais directement sur Internet ; et nous faisons parfois tout cela en parallèle.
Tout ceci consomme de la bande passante et implique que nous demandions toujours plus de vitesse à nos fournisseurs. De la même manière, lorsque vous consommez plus d’eau et d’électricité, vous payez plus.
Concernant Kiwi, nous ne sommes pas un simple distributeur d’Internet, mais également fournisseur d’Accès Internet. C’est à dire que nous achetons de la capacité Internet en gros que nous diffusons sur notre propre infrastructure locale qui est gérée de bout en bout par nos équipes.
Nous faisons le pari d’offrir des connexions internet plus chères que la moyenne, car nous mettons un focus qualité sur l’ensemble de notre chaine de valeur. Nous avons des équipements de dernières générations nous permettant d’offrir un Internet rapide et stable et illimité (même si vous consommez plus vous payer le même prix). Nous réalisons des installations propres et garanties opérationnelles sous 48h dans tout Bamako. Nous avons un vrai service relation client qui est là pour informer nos clients de manière proactive, et la cerise sur le gâteau : nous sommes sans engagements.
Flambeau : En comparaison avec les pays de la sous-région, remarquez-vous une différence en termes de coût, d’accessibilité et de qualité ? Pourquoi cet écart ?
L’accessibilité, le coût et la qualité de la connexion offerte au client sont intrinsèquement liés aux charges supportées par nous Fournisseurs d’Accès Internet. En effet, la principale charge d’un Fournisseur d’Accès Internet au Mali est le coût de la capacité en gros qu’elle achète. Cette capacité provient des câbles sous-marins de fibres optiques qui acheminent le trafic vers l’International.
Au Mali, nous, et je ne parle pas seulement de Kiwi, mais des Fournisseurs d’Accès Internet, observons que ce marché de gros est loin d’être en libre concurrence. Nous avons des opérateurs en position dominante qui fixent souvent ce prix de manière anticoncurrentielle. Ceci se manifeste par des coûts qui sont jusqu’à 25% supérieurs par rapport à nos collègues ivoiriens et sénégalais. Et en fin de compte, cette différence de prix se répercute sur l’accessibilité, le coût et la qualité de la connexion offerte au client.
Flambeau : Nous sommes à l’ère de la 4è révolution industrielle avec tout ce que cela implique. Comment faire pour que l’internet puisse jouer son rôle de moteur de croissance économique au Mali ?
Je pense que cette question a largement été abordée durant le Forum sur la Gouvernance de l’Internet qui a eu lieu, le jeudi 31 octobre dernier au CICB. Il y a différents enjeux pour que l’Internet puisse jouer son rôle de moteur de croissance économique au Mali, à savoir entre autres, la couverture du territoire ; le développement de contenu locaux ; la disponibilité des terminaux.
Toutefois, pour moi, les sujets fondamentaux restent ceux de la concurrence et du développement des infrastructures mutualisées qui peuvent être utilisées par tous les acteurs. Il faut que le Mali créé les conditions favorables d’une concurrence entre les différents acteurs, tout en prévenant les pratiques abusives et anticoncurrentielles des opérateurs dominants.
Ainsi l’Internet pourra être accessible à tous à moindre coût et de qualité et donc devenir un moteur de croissance économique au Mali.
Flambeau : Un mot sur le Forum sur la gouvernance de l’internet au Mali du 31 Octobre 2019 ?
C’est une bonne initiative qu’il faut encourager. Il faudra remettre sur la table le sujet clé qui est la mutualisation des infrastructures passives afin que tous les acteurs puissent en bénéficier dans une concurrence saine.
En un mot, il faut que ce Forum sur la Gouvernance de l’Internet au Mali puisse créer les conditions favorables d’une concurrence entre les différents acteurs, et surtout prévenir les pratiques abusives et anticoncurrentielles des opérateurs dominants.
Interview réalisée par Fatoumata Koita
Source: bamakonews