Le Général Mokoko, opposant farouche au régime de Denis Sassou Nguesso, veut saisir les entités juridiques internationales, à la suite de sa condamnation à vingt ans de prison pour atteinte à la sureté de l’État
Il y a de cela quelques jours on apprenait l’ouverture du procès de l’ex-chef d’état-major, Monsieur Jean Marie Michel Mokoko par la Cour criminelle de Brazzaville. Une cour dont les compétences ont été mises en cause par la défense de l’accusé. À la suite des évènements, le Sieur Mokoko est condamné à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté de l’État. Principal opposant au régime de Denis Sassou Nguesso, il a été l’un des candidats malheureux de la précédente élection.
Le 14 mai dernier, la défense du général congolais a annoncé son intention de saisir les juridictions internationales contre sa condamnation à vingt ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État ». Connaissant réellement la formule en Afrique qui selon les observations se résume au fait que, l’élimination d’un opposant à un régime est un élément basal pour la réalisation de l’ambition présidentielle à vie, le sort du général semble être scellé devant les juges congolais. Il va néanmoins former un pourvoi en cassation à l’encontre de l’arrêt de la cour criminelle, et préfère porter l’affaire devant les instances internationales. Selon le communiqué du collectif d’avocats du général, l’affaire sera transmise aux juridictions internationales pour un dénouement juste et équitable. L’autonomie et l’impartialité de la justice congolaise sont remises en cause par la partie de la défense. Un fait qui serait difficile à négliger dans un pays où un seul homme s’est fait « roi » pendant plusieurs années et refuse tout débat contradictoire sur sa gouvernance.
« Il ne me reste que mon bonheur», écrit le général Mokoko depuis sa prison de Brazzaville. « Nous allons saisir deux juridictions internationales: la Commission africaine des droits de l’homme et le groupe de travail des Nations Unies contre la détention arbitraire », a déclaré Me Eric Yvon Ibouanga, l’un des avocats de l’opposant Mokoko. » C’est à elles et à la communauté internationale dans son ensemble que Mokoko s’en remet désormais » ajouta le communiqué du collectif. Cette défense dénonce le comportement de la justice congolaise en faisant cas de « la parodie de justice » marquée par « des violations répétées du droit au procès équitable » qui fait prisonnier son client le 11 mai par la cour criminelle de Brazzaville.
Notons que le général Mokoko a été le conseiller du président Sassou Nguesso avant de le défier dans les urnes lors de l’échéance électorale de 2016, et a contesté la victoire du président sortant. Il avait été arrêté en juin 2016 avant d’être jugé et condamné à vingt ans de prison le 11 mai dernier. Une décision qui en dit long sur un parcours qui semble croiser le chemin des ambitions démesuré d’un individu puissant du Congo Brazzaville. Un règlement de compte de Denis Sassou Nguesso? Puisque la défense fait toujours mention de la neutralisation politique d’un homme: « L’extrême sévérité de la sanction vient confirmer l’objectif de cette procédure: la neutralisation politique d’un homme porté par une ferveur populaire ».
Les juridictions internationales nous en diront plus dans les jours à venir.
YAWO ATIAH
Source: Le Pays