Au moins dix chefs d’Etat, les dirigeants des deux plus importantes organisations du monde et une star planétaire de la musique ont pris part à Dakar, à la troisième conférence internationale de reconstitution des fonds du Partenariat Mondial pour l’Education (PAM), les 1er et 2 février derniers. Cette conférence avait pour but de récolter 3,1 milliards de dollars sur la période 2018-2020, afin de pouvoir financer l’éducation des centaines de millions de filles et de garçons qui, à travers le monde, n’y ont toujours pas accès.
Il est de notoriété publique que l’éducation commande à l’économie, en témoigne l’Etat des pays comme la Corée du Sud, l’Inde, la Malaisie, le Botswana, l’Ile Maurice, le Rwanda où le PIB a connu une croissance fulgurante, depuis plus d’un demi-siècle, ou moins pour ces pays précités. Cette embellie économique est tributaire de la qualité du capital humain, fruit d’une bonne éducation. Malheureusement, en Afrique au sud du Sahara, le tableau est peu reluisant.
C’est pourquoi, les tenants planétaires du pouvoir ont à cœur d’inverser la vapeur. Pour ce faire, le nerf de la guerre s’est invité dans le débat, au cours de ce sommet sur le financement de l’éducation.
Aux côtés des présidents Macky Sall et Emmanuel Macron, co-parrains du sommet, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, était au nombre des invités attendus à ce sommet de haut niveau. Une enveloppe de 2,3 milliards de dollars a été mobilisée. L’Union européenne arrive en tête avec 337,5 millions d’euros, suivie par la Grande Bretagne, 250 millions d’euros, la France, 200 millions d’euros. Viennent ensuite la Norvège, 262 millions de dollars, le Canada, 180 millions de dollars, les Emirats arabes unis, 100 millions de dollars, l’Irlande, 25 millions de dollars, le Sénégal, 2 millions de dollars et l’Espagne 1,5 million de dollars.
S’exprimant à la clôture de la conférence, Emmanuel Macron, en visite depuis le jeudi et jusqu’à samedi au Sénégal, a déclaré que “l’engagement pour l’éducation n’est pas un choix, mais une nécessité”.
Il a, en outre, souhaité que ces fonds soient consacrés aux couches vulnérables notamment dans la région du Sahel et souligné l’importance de privilégier l’éducation des filles, notant que “partout où on veut promouvoir l’obscurantisme ce sont les filles qu’on fait sortir de l’école” et qu’ “il faut donc investir dans l’éducation des filles”.
Ont pris part à cette conférence de Dakar, neuf chefs d’Etat, à savoir Macky Sall (Sénégal), Emmanuel Macron (France) Idriss Deby (Tchad) Mahamadou Issoufou (Niger), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique), Ibrahim Boubacar Keïta. (Mali), Nana Akufo-Addo (Ghana) Rock Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Faure Gnassingbé (Togo).
Yong Kim, le Président de la Banque mondiale, Audrey Azoulay, la Directrice de l’UNESCO, Michaëlle Jean, la Secrétaire générale de la Francophonie, ainsi que l’Administrateur de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Adama Ouane étaient également présents. La conférence a enregistré la présence remarquée de la chanteuse Rihanna, ambassadrice du Partenariat Mondial pour l’Education.
L’objectif de la conférence de Dakar était de lever 3 milliards de dollars
Établi en 2002, le PME est un partenariat à multiples acteurs et une plateforme de financement visant à renforcer les systèmes éducatifs des pays en développement, afin d’augmenter de façon significative le nombre d’enfants scolarisés engagés dans un apprentissage efficace. Il rassemble pays en développement, bailleurs de fonds, organisations internationales, société civile, organisations d’enseignants, secteur privé et fondations.
Le PME a adopté comme vision, le nouvel Objectif mondial en matière d’éducation, qui prône l’accès de tous à une éducation inclusive, équitable et de qualité à l’horizon 2030.
Certes, cette levée de pactole est une action bienfaisante pour l’éducation dans les pays les moins avancés mais, il ne faut pas se voiler la face, ce sera un coup d’épée dans l’eau, au cas où elle n’est pas utilisée à bon escient. L’arbre ne doit pas cacher la forêt, la généralisation de l’enseignement n’est plus la clé du développement, la marque de la civilisation, même si dans un pays donné, les garçons et les filles en âge d’aller à l’école sont tous scolarisés. Les recherches les plus récentes nous incitent à relativiser et à nuancer cette « idée reçue ».
C’est plus la qualité de l’enseignement qui compte et qui fait la différence, que le nombre d’élèves et la généralisation de l’éducation.
Généralisez certes l’éducation, mais veillez en même temps, à maintenir et, si possible, à élever la qualité de l’enseignement. Un pays qui ne forme pas convenablement ses professeurs et qui n’élabore pas de programmes adaptés, dépense mal l’argent qu’il consacre à l’éducation et n’atteint pas l’excellence.
Comme quoi, dans ce domaine aussi, c’est la qualité qui paie !
Mohamed Koné, Correspondant à Kadiolo
Le Challenger