La rencontre peut inspirer un pays post conflit comme le nôtre à mieux agencer les priorités pour faciliter la recherche de financement
Il était attendu. Il a comblé les attentes, jusqu’à arracher un tonnerre d’applaudissements des dirigeants du monde. Il s’agit du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta qui a pris part à la conférence sur le développement économique de l’Egypte qui s’est tenue vendredi et samedi au palais des congrès du complexe hôtelier Jolie Ville de Sharm El-Shekh en Egypte. Dans cette ville balnéaire, située à une heure de vol du Caire, le président Kéïta était l’un des invités de marque de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi à participer à cette importante rencontre à laquelle étaient présents des monarques du Golfe, des chefs de gouvernements africains, des ministres et des délégations des puissances européennes, américaines et asiatiques. Les Etats-Unis étaient représentés par le secrétaire d’Etat, John Kerry.
Le chef de l’Etat est arrivé jeudi dernier à Sharm El-Shekh, accompagné de son épouse, Mme Kéïta Aminata Maïga, des ministres des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale,^ Abdoulaye Diop, de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra et de la Promotion des Investissements, Me Mamadou Gaoussou Diarra. Il a été accueilli à sa descente d’avion par le Premier ministre égyptien, Ibrahim Mahlab.
Cette conférence était une occasion idéale pour saluer le paraphe du projet d’accord qui a sanctionné les pourparlers entre le gouvernement et les groupes armés. Devant cette auguste assemblée, le chef de l’Etat a salué le rôle prépondérant de la médiation algérienne dans l’aboutissement des négociations. Il n’a pas manqué d’adresser une mention spéciale à son homologue algérien, Abdel Aziz Bouteflika, qui n’a ménagé aucun effort pour soutenir le Mali dans cette phase critique. « Nous nous félicitons et félicitons tous les pays amis qui nous ont encouragé à parapher récemment à Alger, un accord de paix pour le salut du peuple malien. A cette occasion, la communauté internationale, unie, a aidé le Mali à arriver à cet achèvement. Pour nous, il n’y a pas d’alternative à la paix. Sans paix, il n’y a pas de développement. Nous avons besoin de paix et de stabilité pour développement du Mali », a-t-il développé.
15 MILLIARDS DE DOLLARS. Ibrahim Boubacar Kéïta a expliqué aussi que l’Egypte de part sa position géostratégique et la force de son économie est un acteur incontournable pour la réalisation des idéaux de paix et de stabilité dans la région et dans le monde. D’où l’importance du thème choisi pour la conférence, intitulé en anglais « Egypt the Futur » qui intègre à la fois les concepts de développement, de paix et de stabilité, comme condition sine qua non à la croissance. La thématique intéresse donc autant le pays hôte que et le nôtre. Deux pays au destin presque similaire. Car tous les deux se relèvent timidement d’une profonde crise politico-sécuritaire et économique. Tous les deux ont réussi à se doter de nouvelles institutions, dans l’espoir que celles-ci apportent la paix et la stabilité pour leur permettre d’amorcer leur démarrage économique. C’est pourquoi, dira le président Keita, la rencontre de Sharm El-Shekh servira d’école pour notre pays, qui s’en inspirera pour mobiliser les investissements étrangers.
Les résultats engrangés par l’Egypte suscitent l’espoir. Car, à la fin de la 1ère journée, les monarchies du Golfe ont annoncé plus de 15 milliards de dollars, soit environ 7 500 milliards Fcfa de financements.
En marge de la conférence, notre pays a eu des contacts avec ses bailleurs de fonds traditionnels, notamment le Fonds de développement saoudien, le Fonds koweïtien et le Fonds d’Abou Dhabi, a révélé le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra qui accompagnait le chef de l’Etat. Ce qui fera dire au président Ibrahim Boubacar Kéïta qu’il avait eu raison de répondre à l’invitation des Egyptiens à prendre part à la conférence de Sharm El-Shekh.
Le chef de l’Etat a profité de l’occasion pour rappeler que les relations entre le Mali et l’Egypte datent du 14ème siècle, avec le voyage de l’empereur manding, Kankou Moussa, qui a fait chuter le cours de l’or au Proche-Orient, lors de son voyage à la Mecque 1324. L’histoire retient de ce voyage l’établissement des premières relations diplomatiques entre le Mali et l’Egypte, a rappelé le président Keita qui a ajouté que cette coopération a été renouvelée à la faveur de l’accession de notre pays à l’indépendance. Le témoin de ce réchauffement diplomatique est la construction de l’hôtel de l’Amitié égypto-malienne qui était à l’époque, la seule tour de notre capitale, a précisé le chef de l’Etat.
S’adressant au président Abdel Fattah al-Sissi, Ibrahim Boubacar Kéïta s’est dit heureux de saluer les progrès de l’Egypte. « Depuis votre accession à la magistrature suprême, votre pays n’a cessé d’enregistrer de notables succès dans la promotion et la protection de l’investissement étranger. Je voudrais assurer de la mobilisation continue du gouvernement et du peuple maliens à vos côtés pour l’avènement d’un environnement propice à l’investissement dans la région africaine », a souligné le président Keita.
Avant de quitter le pays des Pharaons, le président de la République a été reçu en audience pour son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. Si rien n’a filtré de cet entretien, les deux dirigeants ont sans doute évoqué des questions d’intérêt commun comme l’expérience égyptienne dans la gestion des crises sécuritaires et économiques. Notre pays pourrait bénéficier de l’expérience égyptienne dans la lutte contre le terrorisme.
Aussi, le président Abdel Fattah al-Sissi pourrait appuyer nos efforts de mobiliser des investissements auprès des monarchies arabes pour financer des projets dans le cadre de la reconstruction du nord du pays.
A. O. DIALLO
Envoyé spécial
source : L Essor