Dans le cadre de la mise en œuvre de ses activités des droits humains, l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) en partenariat avec le Comité pour le Développement des Peuples (CISP Mali) et WILDAL a organisé du mardi 15 au vendredi 18 janvier à l’Institut National de Formation Judiciaire Me Demba Diallo, un atelier de renforcement des capacités des magistrats sur la protection des droits des femmes au Mali. L’ouverture des travaux était présidée par l’adjoint du Directeur National de l’Administration de la Justice, Ladji Sara en présence du président de l’AMDH, Me Moctar Mariko et celle de la directrice pays de CISP, Claudia Berlendis.
Ces activités entrent dans le cadre du projet Haoua (Alliance et Sonorité des Défenseurs des Droits des Femmes pour la Défense et la Promotion des Droits des Femmes au Mali et en Algérie) financé par l’Union Européenne.
En prenant la parole, Me Mariko dira que depuis quelques années, l’AMDH a intégré l’approche genre dans ses projets de société. Cela, souligne – t-il, à travers des projets de sensibilisation, de lutte contre les discriminations et les violences basées sur le genre.
Parlant des statistiques avec comme référence l’« Enquête par Grappe à Indicateurs Multiples au Mali (MICS-Mali), 2015 », il dira que 16,1% des femmes d’une même tranche d’âge ont déclaré avoir été mariées avant l’âge de 15 ans contre 1,3% des hommes et que 75,2% des femmes et des filles continuent de subir des mutilations génitales féminines au Mali.
De façon spécifique, Il a rappelé que de nombreux crimes sexuels ont été perpétrés aux nord du Mali entre 2012 et 2013
« En effet, des plaintes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont été déposées par nos organisations entre 2014 et 2015 au nom de plus de 100 victimes de violences sexuelles » a-t-il déclaré.
A son tour, la directrice pays de CISP, dira que le projet Haoua est basé sur une approche participative de collaboration Sud-Sud (Mali et Algérie), ainsi que sur la mise en réseau de différents acteurs pour permettre la diffusion de la défense des droits des femmes et de leur protection. Ce projet, précise-t-elle, vise à renforcer le secteur des défenseurs des droits des femmes en renforçant leurs connaissances, leurs compétences et en développant l’adhésion de nouveaux acteurs pour les droits des femmes au sein de la société civile.
Aux dires de Mme Berlendis, le Mali est classé dans la catégorie des pays à faible niveau de développement humain avec un indice de développement humain (IDH) de 0,442 en 2015 contre 0,419 en 2014. « Le Mali est classé 175ème sur les 188 pays concernés selon l’Indice de développement humain 2015 du PNUD » a-t-elle précisé, tout en relevant que le Mali à une valeur indiciaire de l’inégalité fondée sur le genre à l’ordre de 0.689.
Pour sa part, l’adjoint du directeur national de l’administration de la justice, a déclaré que cette formation des magistrats vient à point nommé. Car, affirmeM.Sara, la double crise sécuritaire et institutionnelle de 2012 a entravé l’administration de la justice du pays. A cet effet, il dira que cette crise a imposé des défis nouveaux, qui nécessitent un renforcement de capacités continu des acteurs de la justice, dont les magistrats. De même, il a signalé que les autorités judiciaires et politiques ont conscience de ces enjeux et défis nouveaux.
Avant de clore ses propos, il a réaffirmé la bonne volonté des autorités judiciaires à poursuivre le renforcement de capacités des acteurs judiciaires à travers des formations et la mise à disposition des moyens matériels et humains pour leur permettre de face faire aux nombreux défis actuels.
Par Jean Joseph Konaté