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Comment les rebelles de la CMA préparent l’indépendance de l’AZAWAD

À l’issue de sa 37ème session dirigée, le 19 août Bamako, par son président Ahmed Boutache, le Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger annonce que tous les groupes armés seront désarmés avant le 31 décembre 2019. Selon Boutache, toutes les parties ont réitéré leur volonté d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord dont les blocages sont régulièrement dénoncés par la communauté internationale. 1000 combattants sont, à ses dires, déjà désarmés et 295 autres le seront bientôt. Ils seront mis en formation pour intégrer le MOC (patrouilles mixtes).

Chantage de la CMA

L’annonce de Boutache a tout l’air d’une blague. En effet, les observateurs avertis se disent convaincus que la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) ne déposera jamais les armes. Ces derniers mois, elle n’a pas cessé de multiplier les obstacles au désarmement et de soumettre le Comité à un chantage permanent.

Elle a ainsi présenté des combattants dont plusieurs ont été déclarés illettrés ou inaptes à la fonction militaire. Le Comité de suivi projette de les réinsérer dans la vie civile, ce qui pourrait permettre de soulager la CMA. Certains combattants sont invités à reprendre leurs analyses médicales pour qu’on puisse les déclarer à nouveau aptes au service militaire.

La CM a émis une autre exigence: intégrer ses combattants dans l’armée avec les grades qu’elle aura elle-même indiqués. L’affaire a fait couler beaucoup d’encre et de salive mais au final, il a été décidé par le Comité de suivi d’octroyer trois grades supplémentaires à tout combattant présenté par un groupe armé signataire de l’Accord. Mais sur quelle base fixer le grade initial du combattant alors qu’il appartient à une armée non officielle ? L’État malien et le Comité de suivi ont trouvé, sur ce sujet très sensible, de reculer en acceptant que tout groupe armé donne à son combattant le grade initial qu’il veut. Du coup, on verra bientôt entrer dans l’armée une véritable colonie de colonels et de généraux venus d’on ne sait où.

En outre, en violation de ses engagements, la CMA avait empêché l’entrée des patrouilles mixtes dans son fief de Kidal. Sous la pression de la communauté internationale, elle s’est inclinée du bout des lèvres en posant cependant de nombreuses conditions à l’arrivée des patrouilles mixtes :

• Interdiction d’arrêter quiconque à Kidal sous aucun prétexte; • Interdictions de filmer ou de photographier toute installation dans la ville de Kidal;

•Interdictions à tout élément des patrouilles mixtes de porter une tenue civile dans la ville de Kidal; •Interdiction aux éléments des patrouilles mixtes de rendre visite à un habitant de Kidal;

•Interdictions de profaner les symboles de l’Azawad dans la ville de Kidal; •Interdiction à tout élément des patrouilles mixtes de détenir des armes non répertoriées par la Médiation;•Interdiction à l’aviation malienne d’atterrir à Kidal où de recevoir tout renfort terrestre;

• Interdiction aux éléments des patrouilles mixtes de prendre des positions statiques de garde dans la ville de Kidal;

•Interdiction de faire usage des armes dans la ville de Kidal; •Interdiction de participer à une réunion dans la ville de Kidal; •Interdiction de toute visite au Camp des patrouilles mixtes à Kidal.

Le résultat, c’est que les patrouilles mixtes ne patrouillent nulle part mais sont plutôt cantonnées à Kidal.

Stratégie de la CMA

En fait, tout porte à croire que la CMA entretient une stratégie de pourrissement en vue de ne pas désarmer et de maintenir le Nord du Mali sous son contrôle, afin d’y perpétuer ses trafics d’armes, de migrants, de drogue et d’esclaves. Toutes choses qui lui rapportent infiniment plus que tout emploi dans l’armée et l’administration maliennes.

L’un des axes de la stratégie de la CMA consiste à amplifier, en complicité avec les groupes terroristes, l’insécurité au centre du Mali pour distraire les forces maliennes et les désintéresser du Nord.

Un second axe de la stratégie consiste à renforcer l’administration rebelle sur les entités géographiques et les populations du nord. À ce titre, la CMA a mis en place de nombreuses structures et édicté une série de directives que ses hommes appliquent aux villes du Nord.

Le pire, c’est que malgré ces manœuvres attentatoires à la souveraineté du Mali, l’État continue d’affecter aux autorités intérimaires du nord, majoritairement issues de la CMA, des fonds colossaux. Selon le rapport de l’observateur indépendant du processus de paix, l’État a affecté, en 2018, 20% du budget d’État aux autorités intérimaires du nord. L’objectif est d’atteinte les 30% prévus par l’Accord de paix.

C’est avec ces sommes gracieusement offertes par l’Etat que les rebelles se renforcent et gagnent à leur cause les populations extrêmement pauvres du nord. Le but ? Préparer dans un délai de 5 ans l’adhésion de ces populations à un éventuel référendum d’autodétermination de l’Azawad. Il est fort probable que le but soit atteint puisque les seules aides et les seules autorités auxquelles les populations locales ont recours émanent de la CMA, l’État étant interdit de séjour dans la plupart des localités du nord.

Tiekorobani

 

Source: Le Procès Verbal

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