Pour la deuxième fois depuis sa création en 1968, la Compagnie Malienne des Textiles (COMATEX-SA), vit une crise qui affecte à la fois l’économie et l’industrie textile du pays. Pour la célébration du 8 mars prochain, journée internationale de la femme, les pertes pour l’économie sont estimées à un milliard de FCFA en ce qui concerne la confection des tissus.
Depuis six mois, les 10 300 travailleurs de la COMATEX observent un arrêt de travail. Les raisons de la fermeture de l’usine sont relatives à la crise de trésorerie, au manque de matières premières, notamment le coton.
Malgré les efforts de la CMDT, avec l’approvisionnement en balle de coton fibre pour six mois de consommation payable à long terme, les activités de la société sont à l’arrêt.
Selon les experts du ministère de l’Agriculture, la filière coton contribue à hauteur de 15 % à la formation du PIB et occupe la seconde place après l’or au plan des recettes d’exportations : « La filière coton est très stratégique pour le développement socio-économique et culturel du pays. Elle assure la dynamisation de multiples branches de l’économie notamment le transport, la fourniture d’intrants agricoles et industriels, des produits pétroliers. Elle contribue aux petits commerces ambulants et la création de 4 058 emplois permanents et 11 158 emplois saisonniers au niveau de la CMDT et dans les huileries », ont-ils indiqué lors des Assises Nationales sur le Coton le 18 janvier dernier.
D’autres pointent du doigt la mauvaise gestion ainsi que l’opacité des responsables de l’entreprise. A cela, s’ajoute les difficultés de paiement de salaires des ouvriers qui ont récemment gagné leur procès de réclamation d’arriérés de salaires devant le tribunal du travail de Ségou et attendent d’entrer dans leurs droits. Les créances en charges fixes sont estimées à environ 300 milliards de F CFA.
Du côté des promoteurs de la société, ils se défendent et imputent la crise aux matériels de travail vétustes et qui ne suivent plus la technologie depuis qu’ils l’ont reprise.
Il y a aussi, le coup dur porté à la COMATEX-SA par la mesure prise au temps de l’ancien ministre du Commerce et de l’Industrie, sous IBK, Mohamed Ag Erlaf. En effet, l’usine s’est vue sevrée de 27 ans d’exonération dont elle bénéficiait.
Vingt-sept ans après sa privatisation, la COMATEX-SA qui est devenue une entreprise chinoise à partir de 1994 avec un capital estimé à 1,4 milliards de FCFA dont 20% pour l’Etat malien est aujourd’hui dans une agonie.
Cette mort clinique comme le qualifie beaucoup d’observateurs depuis 6 mois, est une perte pour le pays à la fois pour les infrastructures industrielles et l’économie nationale. Installée, la COMATEX-SA avec l’Office du Niger sont les deux mamelles de l’économie locale. Elle, comme tant d’autres industries de l’ère Modibo Kéita, participait au développement socioéconomique de notre pays et au raffermissement de notre souveraineté tant nationale qu’internationale.
Andiè A. DARA
Source: Bamako News