Si l’eau est une source vitale dans tous les milieux, le service public de l’eau est assuré par les collectivités territoriales. C’est le décret N° 02-315 du 04 juin qui fixe les détails de ce transfert. Le service public de l’eau provoque des grincements de dents du côté des collectivités et pour cause.
C’est la fourniture de l’eau qui fait la différence entre les zones urbaines et les zones rurales. L’état garde la maîtrise d’ouvrage de la fourniture de l’eau en milieu urbain et peut déléguer cette charge, cette compétence aux collectivités territoriales en milieu rurale. Ce transfert pose certaines difficultés. Elle reste toutefois une nécessité pour tout le monde, citadins comme ruraux. Les centres urbains bénéficient du service public de l’eau, sans effort financier préalable, les ruraux, afin de bénéficier de l’eau potable, doivent mettre la main à la poche par habitant. Et les collectivités territoriales aussi doivent contribuer.
La stratégie nationale exige une participation de 10% des populations et 5% des communes. L’adhésion et la participation des bénéficiaires, au terme de la politique nationale de l’eau sont les préalables à toute réalisation hydraulique. Cette adhésion doit être concrétisée par une demande clairement exprimée de la communauté et la mise en place d’une participation initiale (400 ou 500 FCFA par habitant). Il arrive très souvent que les communautés supportent les deux participations initiales, afin de bénéficier du service public de l’eau. Cette charge compense l’incapacité des communes de mobiliser les ressources. Le fonds de départ ainsi constitué ne rentre pas dans la réalisation de l’infrastructure qui fait l’objet d’une convention entre la commune et les services de l’hydraulique. Les services de l’hydraulique fournissent l’appui conseil en assurant l’information et la formation des bénéficiaires et le suivi technique des infrastructures d’adduction d’eau.
A Batama, dans la commune rurale de Séguela (région de Kayes), le président du comité de l’eau, Mamadou Fofana se réjouit encore de l’accompagnement de la direction régionale de l’hydraulique dont l’assistance a permis en plus du maintien de l’ouvrage de réserver un fonds. Batama espère étendre son adduction dans un proche avenir. Ce qui n’est pas le cas ailleurs, où des accusations de malversation pleuvent. Selon Alassane Bocoum, Ingénieur Hydrogéologue, praticien émérite du service public de l’eau, en milieu urbain la concession (Somagep sa) facilite le service public de l’eau. En zones semi-rurales et rurales, il faut de la pédagogie et de la persuasion pour l’adhésion des communautés et surtout de la mobilisation de la participation initiale.
Le mode de gestion des équipements est du ressort de la collectivité dont l’implication contribue au financement de leur fonctionnement et de leur renouvellement. Les réalisations en matière d’hydraulique rurale sont autorisées par la commune. La gestion quotidienne est assurée par les représentants que choisissent les usagers. Une redevance est instituée sur les prélèvements d’eau, afin d’assurer la fourniture du service. La perception de cette redevance provoque des réticences par fois au départ, les usagers adhérent progressivement au service, ce qui demande de la patience et du courage aux gestionnaires de l’eau en milieu rural.
Renforcer la couverture des besoins en eau potable en milieu rural nécessite la création des conditions d’un autofinancement progressif qui peut assurer la viabilité et le fonctionnement durable des équipements de service.
A suivre.
Issa Camara
NDLR : Dans notre parution sur les Régions dans l’Essor du 6 février 2018, une erreur nous a fait omettre la Région de Kidal qui est la huitième région administrative du Mali. Kidal est une région du Mali depuis 1992 et le restera. Nous nous excusons auprès de nos lecteurs et des habitants de Kidal en espérant le retour de la paix.
Source: Essor