Passage bloqué, voitures arrêtées pêle-mêle, embouteillages, sont le lot quotidien sur cette voie. Samedi, 22 septembre 2018, bien que la journée soit fériée pour cause de fête de l’indépendance, la circulation n’est pas fluide. L’état défectueux de la route est pour beaucoup dans cette situation.
Oumar Samaké, vêtu d’un body rouge, pantalon noir, est concentré sur sa moto, les yeux rougis par la fatigue, pressé de traverser la route, il se lâche : “La route se trouve aujourd’hui dans un état dégradé, surtout pendant la saison des pluies”. En un mot : ici, hivernage et goudron ne font pas bon ménage. Le court trajet devient insupportable pour les usagers.
Au milieu de la route, il y a des eaux stagnantes qui bloquent le passage, aucun usager ne peut librement circuler dans ces conditions. Ici se frayer un chemin relève du parcours du combattant. Sotrama et motos taxis, taxis, motocyclistes se font une concurrence sans courtoisie. En pleine circulation, toujours campé, immobile, notre motocycliste est obligé, cette fois-ci, de céder la voie à trois taxis roulant en sens inverse. Ecœuré, il se remémore : “Chaque année, au même moment nous vivons la même situation sur cette route, faute d’entretien des caniveaux”, regrette-t-il.
Almaimoune Maïga, directeur de données routières, partage le constat d’Oumar. “Nous ne faisons pas l’entretien des caniveaux, les travaux se limitent seulement à celui de la route”, reconnaît-il.
“Souvent les usagers sont obligés de contourner la route pour pouvoir passer”, intervient Yacouba Diabaté, habitant de Yirimadio, habitué de cette voie.
Ici, pour fermer les nombreux trous, on a mis de la latérite. Mais cette opération s’avère un pis-aller dans la mesure où l’on assiste chaque fois à un retour à la case départ. Des nids-de-poule barricadent la voie aux véhicules,
Le directeur des données routières pointent un doigt accusateur sur les facteurs à la base de la dégradation de la route : les surcharges, l’incivisme, l’érosion, les constructions anarchiques au bord de la route…
L’accès direct au 3e Pont, joyau architectural, inauguré le 22 septembre 2011 par le président de la République d’alors, Amadou Toumani Touré, symbole de l’amitié sino-malienne, pour désengorger les deux autres ponts (Martyrs et Fahd) est loin d’être un objectif atteint dans ce bourbier routier.
Lueur d’espoir ?
Toutefois, le jeudi 12 avril 2018, en conseil des ministres, le gouvernement a adopté un projet de décret portant approbation des marchés relatifs aux travaux d’aménagement en 2×2 voies de la route reliant le 3e Pont de Bamako à la RN6. L’entreprise Razel devra exécuter ces travaux d’aménagement.
Dire à Yacouba que la fin de son “calvaire” est pour bientôt, c’est mal connaître sa réponse. “C’est devenue de la rhétorique, ils disent toujours les mêmes paroles”, estime-t-il. Et pourtant, ce jeudi, le ministre de tutelle était sur les lieux pour constater de visu la situation “lamentable” dans laquelle se trouvent les usagers. Elle avait confirmé le début des travaux.
Selon le responsable des données routières, à partir du 1er octobre, les travaux de la route d’accès au 3e Pont et la réhabilitation de la section de la tour d’Afrique débuteront. “Le coût des travaux est estimé à 33 milliards de F CFA y compris le contrôle”, annonce M. Maïga. Ces travaux prendront 18 mois.
Si les autorités arrivent à réhabiliter cette voie, il y aura moins d’embouteillage, espère Yacouba. Les travaux concerneront aussi de la tour de l’Afrique à Yirimadio où il y aura un échangeur au niveau du commissariat de Police du 13e arrondissement.
En attendant la fin des travaux, les usagers continuent de prendre leur mal en patience. Mais, comme l’a dit l’adage, “elle est un chemin d’or”.
Yéhia Mahmoud
Source: L’Indicateur du Renouveau