« Je suis Charlie. » Ce slogan, apparu quelques heures après l’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo il y a cinq ans, a parcouru la planète à la vitesse des réseaux sociaux. Spontanément, « Je suis Charlie » a symbolisé l’antivirus à la haine véhiculée par le terrorisme islamiste frappant, au cœur de Paris, l’hebdomadaire satirique. Derrière les hommes et les femmes qui ont été tués ou blessés, derrière les vies brisées, il y a les symboles auxquels les frères Kouachi, bras armé du fanatisme islamique, se sont attaqués : la liberté de penser, d’écrire, de croire ou pas… « Je suis Charlie » a été le slogan du monde libre manifestant partout dans le monde contre l’obscurantisme. Une lutte symbolisée par ces dizaines de chefs d’État et de gouvernement défilant à Paris le 11 janvier et parmi lesquels les États-Unis brillaient par leur absence.
Que reste-t-il de Charlie cinq ans plus tard ? « Hier, on disait merde à Dieu, à l’armée, à l’Église, à l’État. Aujourd’hui, il faut apprendre à dire merde aux associations tyranniques, aux minorités nombrilistes, aux blogueurs et blogueuses qui nous tapent sur les doigts comme des petits maîtres d’école », écrit Riss, le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo dans le numéro à paraître aujourd’hui.
Difficile de lui donner tort. À une époque où la désinformation est de plus en plus prégnante du fait de la multiplication des médias et où le moindre blogueur s’érige en journaliste quand il n’exprime que sa seule opinion, voire colporte des ragots, Charlie est bien seul. Au point que l’hebdomadaire doit se justifier, comme début décembre, après avoir évoqué, avec le style dérangeant qui lui est propre, la mort des 13 militaires français au Mali. « Je suis Charlie », comme la mobilisation financière pour sauver le journal, n’était pas un blanc-seing. Simplement la volonté de défendre le pluralisme de la presse comme des opinions face à un politiquement correct qui galope. Et interroge aussi sur l’avenir de notre société.
Source: lalsace