Nos institutions, parlons-en. Elles font partie du décor traditionnel de la démocratie. Inscrites en lettre d’or dans les constitutions, et magnifiées à travers une littérature abondante, elles ne manquent pas de charme sur le papier.
À la limite, on leur accorderait sans hésiter le précieux label qui va servir par la suite, à ouvrir les caisses des organisations financières internationales : “démocratiques.” Et pourtant ! Que d’impairs constatés dans le fonctionnement de ces institutions ! À certaines, il manque le sceau de la légitimité.
À d’autres, c’est la légalité qui fait défaut. Et dans bien des cas, c’est un flou juridique qui les entoure. Si l’on ajoute à cela, la politisation à outrance, il devient évident que les dés sont pipés. Même les organes chargés de réguler le fonctionnement des médias sont frappés par cette “tare de naissance”, que constitue le contexte politique de leur émergence.
À quoi servent toutes ces institutions budgétivores en définitive ? Rien du tout ! Sinon le constat d’une perte de temps. Mieux, il s’agit là d’un cas flagrant de dol politique, sur lequel très peu de gens se sont interrogés. Voici en tout cas, qui pourrait constituer un excellent sujet de sciences politiques.
Autant d’ailleurs, que le caractère souvent fantaisiste et inopportun de certaines institutions. Ces derniers contribuants, au contraire, à assurer la mise en scène d’une démocratie spectacle, alors que les fonds utilisés auraient pu servir à des causes plus nobles. Seulement voilà, il faut nécessairement trouver des garages aux nombreux “V8 politiques” qui se retrouvent à sec dès lors que la conjoncture s’est installée (remaniements et disgrâces obligent) et que les “feuilles” sont devenues rares.
Mais également, songer à caser tous ces anciens collabos, ces apparatchiks en fin de carrière, et bons pour la casse, du moins pour la retraite, mais que l’on préfère recycler. Tiébilé Dramé, le ministre des Affaires étrangères, connait bien les dures réalités de la conjoncture malienne. Lui qui a été longtemps mis au garage avant d’être recyclé par le régime en place. Inutile de rappeler que plusieurs personnalités, par la force des choses, sont devenues elles-mêmes des institutions, autant que les institutions qu’elles dirigent.
Quant aux autres, elles s’arrachent continuellement les cheveux afin de démontrer l’objet de leur existence.
Dans cette tragicomédie, le point de vue du citoyen est-il pris en compte ? Pas sûr. Dans une démocratie, ce n’est pas le nombre des institutions qui importe.
C’est leur poids réel en termes d’impulsion nouvelle dans la dynamique de recherche du progrès démocratique. Autrement, elles continueront à mendier la reconnaissance populaire. Si tant est qu’elles en aient réellement besoin.
Henri Levent
Source : Le Pays