Le premier numéro de cette chronique est consacré au ‘’Bilikan Dali’’ ou le fait de dormir sur la toiture.
Un proverbe Bambara disait ceci : « Bilikan Boli la Tè Ta Yôrô Djan » (celui qui court sur la toiture ne pourra pas aller loin). Cette sagesse ne tient pas par contre concernant le ‘’Bilikan Dali’’ (se coucher sur la toiture), car personne ne peut dire aujourd’hui avec certitude, quand est-ce que les Maliens sortiront de cette situation. Cela pour la simple raison qu’elle est causée par un seul facteur : le délestage sauvage imposé de gré ou de force aux pauvres consommateurs des produits de l’EDM.
Ce faisant, les quelques chanceux qui disposent des concessions avec de la toiture en dalle ne se privent jamais de passer la nuit en pleine étoile sur la terrasse d’en haut. Pour les familles ordinaires vivant ‘’chez-elles’’ le problème ne se pose pas. Par contre, dans les concessions en cour commune et abritant des locataires de tout genre et de tout statut, le temps du délestage nocturne relève d’un combat de titans.
D’abord, dès le coucher du soleil, commencent les occupations de territoire. Les plus prompts occupent les places stratégiques sur la terrasse commune. Mais c’est au moment de l’installation de ‘’Morphée’’ que les altercations débutent. Les chefs des familles nombreuses veulent avoir la part belle, avec la stratégie de nombreuses moustiquaires pour mettre les ayants droits dans des conditions optimum de sommeil. D’ailleurs, certains d’entre eux ne dorment que d’un seul œil. Ils passent la nuit à scruter à la loupe les moindres mouvements des co-locataires célibataires endurcis, qui prennent leur aise à se coucher généralement torse nu et en culotte courte.
Si par circonstance heureuse l’EDM rétablit le courant, le premier cri d’alerte est donné par les enfants : ‘’Courant Na na…’’. Ce faisant, commence la course contre la montre, car avec l’arrivée du courant, chaque minute perdue est une minute de trop pour regagner la maison afin de vite brancher ses appareils aux quelques ports de prise d’électricité existants. Il est reconnu que le temps de ce bonheur ne dépasse pas les trois (3) heures réglementaires.
Le rétablissement du courant est le seul motif en plus, des orages qui pourrait écourter le ‘’Bili Kan Dali’’. Une habitude encrée dans la survie des pauvres pour amoindrir autant que se peut les effets néfastes du délestage sauvage en cours. Dans chaque situation problématique il y’a bien une solution stratégique. A la semaine prochaine !
Moustapha Diawara