Lorsqu’on évoque le nom de Kalifa Dienta, beaucoup de gens distinguent aussitôt le réalisateur de ” a banna “, le premier film long métrage produit par l’état représenté par le centre national de production Cinématographique (CNPC devenu le CNCM).
Ce film, qui a fait l’objet de critiques majoritairement positives, a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux. À la 7ème édition du Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1981, il lui a été décerné le prix de l’Agence de coopération (AGECOP).
Né le 1er janvier 1940 à Macina, Kalifa Dienta a fait ses études secondaires au Cours normal de Sévaré puis au Lycée Askia Mohamed de Bamako. Très tôt, la passion du cinéma qui l’habite l’amène à faire des démarches pour l’obtention d’une bourse d’études. Ce sésame lui ouvre les portes de la prestigieuse école du cinéma de Moscou, le VGIK, où il a côtoyé un certain Souleymane Cissé, devenu aujourd’hui une icône du cinéma malien, voire mondial.
À l’issue de ses études, il prolonge son séjour dans la capitale soviétique pour acquérir de l’expérience en approchant des réalisateurs de qualité comme savait en produire l’école soviétique. De retour au pays, il intègre le CNPC. La réalisation de certains films documentaires et de promotion lui est confiée. C’est ainsi qu’il a réalisé à Koutiala ” l’argent de l’épargne”, un film commandité par la BDM en prélude à l’ouverture de plusieurs agences de cette banque d’Etat. Le documentaire sur la Comatex (Compagnie malienne de textiles) se situe dans le même registre.
C’est surtout la réalisation du long métrage A Banna en 1980 qui fait sa notoriété dans le monde du cinéma. Le film est basé sur le conflit entre la ville et la campagne engendré parfois par le mépris affiché par certains intellectuels face à la paysannerie. Yadji, un cadre du pays, incarné par Zoumana Yoro Traoré, se rend en vacances dans son village natal en compagnie de son épouse, un rôle interprété par Fanta Diallo. Leurs faits et gestes sont scrutés à la loupe par leurs frères et sœurs rompus dans les travaux champêtres. Sans parfois faire exprès, certaines de leurs attitudes créent des frustrations.
Socialement, Kalifa Dienta était un homme à l’abord facile. Affable, il accueillait avec sourire certaines situations que d’autres auraient pris au tragique.
Père de trois enfants, il a rendu l’âme mardi 8 juin 2021 à son domicile à Bamako et les funérailles ont lieu le 9 juin à Macina, son terroir natal. C’est une terrible perte pour le cinéma malien déjà endeuillé par la disparition de cet autre réalisateur Assane Kouyaté mardi 4 mai.
La volonté du Seigneur étant accomplie, il ne nous reste qu’à souhaiter que la terre leur soit légère et qu’ils bénéficient de la mansuétude du Tout-puissant.