Le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, lors de l’émission Mali Kura Taasira 2 diffusée le dimanche dernier sur la télévision nationale, a affirmé que la tenue des élections était subsidiaire par rapport notamment à la sécurité. Toutefois, elles se tiendront, a-t-il rassuré. Pour lui, le plus important était la reprise de Kidal.
« Le désespoir est fini, les Maliens ont confiance en eux-mêmes. Impossible n’est plus Malien », a clamé le Premier ministre, Choguel Kokalla MAÏGA, lors de l’émission Mali Kura taasira 2e édition. Au cours de cette émission, il a abordé le retrait de notre pays de la CEDEAO, la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), l’organisation des élections, le dialogue inter-Maliens, la sécurité, la crise énergétique…
Sur ce dernier point, le chef du gouvernement a souligné être sensible à la problématique de ces délestages inédits dans l’histoire de notre pays avec ses conséquences sur les petites et moyennes entreprises.
« Après les questions de sécurité, c’est une question qui préoccupe le Président de la transition. Faisons-lui confiance », a indiqué Choguel MAÏGA, qui se dit persuadé que cette crise sera résolue dans un avenir prochain, sans plus de précision.
« Le Président va relever aussi ce défi comme on a relevé le défi de Kidal. Je suis sûr que cela ne va pas durer. Dans quelque temps, nous n’allons plus parler de cette situation », a-t-il promis, avant d’annoncer que plusieurs actions sont en cours sous la supervision du Président Assimi dans le cadre de la résolution de la crise énergétique.
« La paix ne se construit pas avec une minorité. La paix, ce sont tous les Maliens. La guerre peut être gagnée par un millier d’hommes déterminés…Lorsque Kidal a été pris, le Président a compris que pour rester dans le cours de l’histoire, il faut faire appel à tous les fils du pays », a déclaré le chef du gouvernement en abordant le dialogue inter-Maliens. Le Comité chargé des phases préliminaires tient du 26 au 29 février l’atelier de validation des termes de référence de ce processus en vue de déterminer ses contours.
Décidé par le Président Assimi lors de son adresse à la nation du nouvel an, il est attendu de ce dialogue inédit de ramener la paix et instaurer la confiance entre les Maliens après l’échec de l’Accord d’Alger signé en 2015. En 8 ans de mise en œuvre, cet accord a montré ses limites d’atteindre ses objectifs.
L’une des leçons tirées de cette situation, a-t-il fait savoir, est d’interdire l’ostracisme. « Le Mali, c’est pour nous tous », a-t-il lancé.
Sans doute, il a affirmé que ce processus permettrait de poser « les problèmes entre nous et les régler définitivement. Je suis très optimiste ». Selon Choguel, les militaires ont joué leur partition, le reste se fera avec tous les Maliens.
Parlant de l’organisation des élections réclamée par des forces politiques en vue de tourner la page de la transition en cours depuis 2020, le Premier ministre a indiqué que cette question était subsidiaire par rapport notamment à la sécurité. Dans le pays, plusieurs partis et organisations politiques, à l’image de la Synergie d’action pour le Mali, s’impatientent et haussent de plus en plus la voix contre la prorogation de la transition.
« Aujourd’hui, on peut tenir les élections à Kidal. Nous pouvons faire les élections partout, mais nous avons voulu avoir l’autonomie de toutes nos décisions », a déclaré Choguel MAÏGA, tout en restant évasif sur la date de la tenue des élections.
« Le reste est technique. Il y a beaucoup de choses à régler. Il ne sert à rien de se précipiter pour organiser les élections pour qu’il y ait un coup d’Etat dans 6 mois. Je suis convaincu que le Président va prendre la bonne décision. Nous faisons confiance au Président de la République (…) Les élections vont se tenir. Nous allons convenir avec le Président d’une date », a-t-il indiqué, rassurant que les élections ne se tiendraient pas sans les hommes politiques.
Il a précisé que contrairement à certaines informations, la transition n’a aucune ambition de s’éterniser parce qu’elle ne souhaite pas tomber dans le piège de l’usure du pouvoir quand on sait que le peuple est versatile.
« Il ne faut pas attendre l’usure du pouvoir. Les mêmes qui vous applaudissent aujourd’hui, se retourneront contre vous demain », a-t-il caricaturé.
« Nous connaissons nos limites et nous avons une conscience claire de nos missions. Mais, nous avons une conscience claire de notre mission historique. Il faut l’accomplir ou la trahir. Nous avons décidé de l’accomplir », a déclaré Choguel MAÏGA, affirmant que l’une des missions est de travailler pour qu’il n’y ait plus de coup d’État dans les 6 mois après l’installation des institutions.
« La stratégie des adverses du Mali constitue à multiplier l’installation des pouvoirs faibles qui vont chercher les légitimités à ailleurs », a-t-il indiqué.
Pour le chef du gouvernement, le plus important, c’était Kidal où des groupes armés qui défiaient l’autorité de l’Etat ont été chassés par les forces armées maliennes en novembre dernier. Après une décennie, la ville rebelle de Kidal entre dans le giron malien, mettant ainsi fin au statut particulier accordé de fait aux séparatistes de la zone.
Cette libération permettra de mettre fin à la gestion faramineuse des derniers publics versés pour le développement de la région de Kidal, mais détournés à d’autres fins. Ni route, ni école, ni forage n’a été construit, malgré les efforts de financement, a dénoncé le chef du gouvernement.
Il a indiqué que le point de la situation sera fait avec l’actuel gouverneur, le général Elhadj GAMOU. Puis a-t-il révélé la présence pernicieuse de certaines ONG dans cette localité. Contre leur vocation et leur mission, a-t-il accusé, ces ONG finançaient les activités terroristes à Kidal.
PAR SIKOU BAH