Comptant parmi les leaders de la contestation, cet ex-ministre du président Keïta campe le décor de la pression mise sur IBK pour le pousser à démissionner.
Ingénieur des télécommunications, Choguel Kokala Maïga est à la pointe de la contestation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, dont il a pourtant été le ministre de l’Économie numérique, de l’Information et de la Communication entre janvier 2015 et juillet 2016. Ex-président du Mouvement patriotique pour le renouveau, parti se réclamant de l’ex-président Moussa Traoré, renversé en mars 1991 par le Comité de transition pour le salut du peuple présidé par le colonel Amadou Toumani Touré. Dans cet entretien accordé au Point Afrique, il égrène les griefs reprochés au président Ibrahim Boubacar Keïta et pourquoi le départ de celui-ci est la meilleure solution pour le Mali. Entretien.
Le Point Afrique : Quels facteurs ont contribué à la naissance du mouvement de contestation M5-RFP ?
Choguel Kokala Maïga : Ce mouvement est issu d’une prise de conscience de l’ensemble des forces vives de la nation, y compris des membres du parti de la majorité présidentielle que nous avons rencontrés. Ils partagent le même diagnostic que nous mais ne prescrivent pas le même médicament. Nous sommes en tout cas arrivés à la conclusion qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’a pas les capacités à diriger le Mali. Si ça continue comme ça, d’ici peu, c’est le Mali qui risque de disparaître à cause de lui.
C’est cette crise de confiance qui a fait que les forces politiques et sociales de tous horizons qui n’avaient rien de commun par le passé se sont retrouvées. Car IBK s’est attaché à détruire tous les contre-pouvoirs, institutionnels, sociaux et politiques, par la corruption, les intimidations, les emprisonnements. Il y a même des journalistes qui ont disparu. Tous les moyens ont été utilisés pour anéantir toute forme d’opposition à son régime. Nous avons compris que rien ne peut marcher avec lui. Toute personne qui a eu des accords politiques avec lui constate qu’il ne les respecte pas.
Pendant que le pays est en guerre et que toutes les ressources sont dédiées à l’armée, nous avons la preuve qu’une partie de celles-ci a été détournée à plus de 80 %. Depuis sa prise de fonction, la guerre qui était au nord, à Kidal, est descendue au centre. Quand il a été élu, l’État était à Kidal, il y avait un gouverneur et des préfets. Aujourd’hui, il n’y a plus d’État sur 75 % du territoire national.
En 2018, lors de sa réélection, la communauté internationale était complice. Une illustration de cela est qu’avant que la Cour constitutionnelle ne proclame ses résultats tous les chefs d’État, y compris le président français, se sont mis à féliciter IBK pour sa victoire. C’était une façon en réalité de mettre la Cour constitutionnelle du Mali entre parenthèses pour dire « nous le reconnaissons comme président, que les Maliens le veuillent ou non ».
Donc, la majorité des Maliens est arrivée à la conclusion qu’il a trahi le Mali.
Il y a une sorte d’oligarchie qui s’est créée autour de lui, qui s’est enrichie, qui a pris le pays en otage. C’est ce sentiment diffus dans la société qui a poussé tout le monde à se lever. Les Maliens ont compris qu’ils n’accepteraient plus ce qui s’est passé et lui-même a compris qu’il ne peut plus leur imposer ça. J’ai donné une image lors d’un meeting du M5. J’ai dit que l’élection, c’est comme un permis de conduire que la nation donne à quelqu’un, comme un chauffeur auquel le peuple a donné un permis pour le conduire. Si ce chauffeur passe son temps à faire des accidents et qu’il y a tous les jours des morts, qu’il détruit tout, alors le peuple lui retirera le permis, et c’est ce qui arrive aujourd’hui. Les Maliens ne veulent plus qu’il reste président.
Comment le M5-RFP est-il organisé ? Comment les décisions se prennent-elles ?
Le M5-RFP est composé de partis politiques d’opposition, d’organisations politiques comme la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko, d’associations et de syndicats. Au départ, ce sont trois mouvements qui ont lancé le M5-RFP, la CMAS, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) de Soumaïla Cissé et un autre mouvement qui est composite, rassemblant des gens venus de différentes sensibilités, Espoir Mali Koura (EMK). Ces trois mouvements sont convenus d’une chose : le départ d’IBK.
Toutes les contradictions qui pouvaient diviser ont été mises de côté. Au sein du M5-RFP, les décisions sont prises par consensus. En général, quand une question est posée, on en débat longuement. C’est moi qui préside les réunions. Lorsqu’il y a une tendance qui se dégage, je propose une synthèse, qui est acceptée ou non. Si elle ne l’est pas, on refait le débat jusqu’à ce que l’on arrive à un consensus. C’est comme cela que nous obtenons la décision finale et par souci d’équité que tous les communiqués soient signés à trois.
Quelle est la place de l’imam Mahmoud Dicko dans ce processus de décision ?
L’imam Dicko n’est pas présent à nos réunions. Il a été choisi comme autorité morale parce que nous savons que c’est quelqu’un qui sait faire passer son message dans l’opinion publique. À chaque fois sur des questions de société, quand il a parlé, il a été écouté. La seule fois où il a infléchi une de nos décisions, c’était 19 juin dernier, lors de la seconde grande manifestation anti-IBK à Bamako. Lorsque nous avons décidé que toute la direction du M5 se dirige vers Koulouba pour remettre sa lettre de démission au président. Mais, quand il a vu la foule et qu’il a vu l’enthousiasme des gens, il s’est dit qu’en cas de débordement il pourrait y avoir de nombreuses victimes. Lui étant un imam, il ne voulait pas que l’on marche sur des cadavres, même pour faire partir IBK. C’est comme ça qu’il a infléchi la décision du mouvement et je crois que cela a donné de la crédibilité au niveau national à notre mouvement et d’autres sont venus nous rejoindre.
L’image vendue de lui à l’extérieur par le pouvoir dans les médias internationaux est celle d’un imam wahhabite, très rigoriste, qui veut s’emparer du pouvoir, qui utilise des partis politiques extrémistes qui veulent manger du IBK et qui sont prêts, même par la violence, à le faire partir.
L’imam Dicko ne semble pas porter le message « IBK dégage » avec la même ferveur que votre mouvement et ses sympathisants. Comment l’expliquez-vous ?
L’imam Dicko nous a expliqué que, de 1990 à aujourd’hui, en tant que religieux, il a été impliqué dans toutes les négociations qui ont eu lieu au Mali, y compris les négociations qu’il y a eu entre les mouvements de contestation et le régime de Moussa Traoré. Dans toutes les crises au Mali, il était parmi les médiateurs. Aujourd’hui, c’est la première fois qu’il est dans une position où des médiateurs lui demandent de céder quelque chose. Ces médiateurs ne sont pas n’importe qui. Ce sont les chefs d’État de la Cedeao.
L’imam Dicko n’est là que parce que la situation du pays l’exige, mais après, il va retourner dans sa mosquée. Il n’a pas d’agenda politique, contrairement à ce qui a pu se dire ici ou là. Il pense que, si on ne fait pas attention, si on force trop les choses, on risque de multiplier nos ennemis, de faire beaucoup de dégâts, alors que c’est un pouvoir qui est fini, qui est totalement désavoué et qui va tomber sans que l’on ait besoin de détruire le pays.
C’est vrai que les politiques voulaient monter à l’assaut du régime, quel qu’en soit le prix, mais lui a dit qu’il ne fallait pas payer un prix trop fort et qu’IBK allait partir sans violence. Il ne veut pas que nous donnions l’impression d’être des extrémistes, des va-t-en-guerre qui ne veulent rien comprendre. Tout le mal qu’IBK fait, c’est grâce aux leviers du pouvoir : l’armée, les services de sécurité, les finances de l’État, l’administration et la justice. Donc il faut les lui enlever pacifiquement, et sans l’humilier. Maintenant, s’il refuse, l’histoire retiendra que c’est lui qui est responsable de la violence.
Le M5-RFP est-il en train d’opérer un « coup d’État » pacifique, un renversement du pouvoir ?
Ce n’est pas un coup d’État pacifique. Il y a quelqu’un à la tête de l’État à qui on avait accordé notre confiance. On s’est rendu compte que nous nous étions trompés. IBK fait le contraire de tout ce qu’il a dit aux Maliens et le « fétichisme institutionnel » fait que l’on nous dit « gardez-le même s’il détruit le pays ». Lors des révolutions dans l’est de l’Europe, les populations étaient mécontentes de leurs présidents en fin de mandat. Elles ont voulu les renverser et les Occidentaux les ont soutenues. Alors, pourquoi est-ce différent pour les Africains, alors que l’on sait ce que IBK est en train de faire de notre pays ?
Pourquoi refuser la main tendue du chef de l’État et rester sur une ligne dure exigeant son départ ?
Ce n’était pas une main tendue. C’est une habitude chez IBK. Ibrahim Boubacar est un joueur qui est arrivé en fin de cycle. Chaque fois qu’il a tendu la main, celui qui l’a saisie a été roulé dans la farine. Par trois fois, quand il était en difficulté face aux organisations religieuses, il a tendu la main à la classe politique, notamment à Soumaïla Cissé. Sa main est restée tendue tant qu’il était sous la pression. Dès que la pression a diminué, il a retiré sa main et il a poignardé Soumaïla Cissé. Pendant qu’il négociait, il est allé chercher dans les rangs de son parti des personnes qui voulaient devenir ministres. Parce que, dans sa conception, on ne vient pas au gouvernement pour travailler, on vient pour obtenir quelque chose. J’ai été dans son gouvernement et je peux témoigner qu’il ne cherche pas des gens compétents. Il cherche des obligés et des serviteurs de sa famille. Tant que vous êtes comme ça, vous pouvez rester longtemps dans son gouvernement. Quand vous ne l’êtes plus, vous partez.
Selon vous, les problèmes du pays sont le fait d’un homme et de son régime ou d’un système généralisé de corruption et de népotisme en place depuis presque quarante ans ?
Quand nous disons que IBK et son régime doivent dégager, c’est un changement total du système que nous voulons, la refondation de l’État malien, le changement profond de toutes les règles de gestion de la société, le changement du système. Tout est à revoir, tout doit être mis à plat. Sans cela, nous n’irons nulle part. Ce que nous voulons, c’est un réel changement vers ce que nous appelons un nouveau Mali, « Mali Koura » en langue bambara.
Dans la situation actuelle, il n’y a que trois solutions : soit il y a un coup d’État, nous n’en voulons pas ; soit il y a une insurrection populaire sanglante et il finira par partir comme Blaise Compaoré au Burkina, nous ne le souhaitons pas ; soit il y a une insurrection populaire pacifique et massive, c’est dans cette voie que nous nous inscrivons.
Êtes-vous prêts à transgresser les lois et la Constitution pour parvenir à vos fins ?
Le président de la République n’est que dans la transgression de la Constitution. Nous avons rédigé un document que nous avons remis à la communauté internationale pour montrer que, tous les jours, il transgresse la Constitution. Les premiers qui ont mis la Constitution entre parenthèses, ce sont IBK, son gouvernement et ses soutiens extérieurs. Dans la plupart des pays, l’élection d’un président n’est valable que quand la Cour constitutionnelle l’a validée. Tous les présidents des pays qui nous ont donné des leçons aujourd’hui lui ont envoyé des lettres de félicitations sans que la Cour constitutionnelle ait validé les résultats. En somme, comme pour nous dire« votre Cour constitutionnelle n’est rien, elle est comme une cour de république bananière ». Ils l’avaient déjà choisi. Le gouvernement de IBK, chaque jour, ne fait que violer les lois et la Constitution.
Donc, pour vous, la communauté internationale est aussi fautive.
Les Maliens sont frustrés, car ils ont le sentiment que la communauté internationale est toujours là pour accompagner les pouvoirs, quel que soit ce qu’ils font. Nous savons que la communauté internationale a travaillé pour imposer IBK en 2018. Mais nous gardons aussi à l’esprit, malgré notre frustration envers elle, que les équilibres précaires que nous avons obtenus ont été possibles grâce à la communauté internationale, notamment l’Union africaine, la Cedeao, la France, l’ONU.
À un moment, on a parlé de sentiments anti-français au Mali, mais il n’y a pas de ça chez nous. La vérité est que les Maliens, dans leur grande majorité, ont le sentiment que ce régime; qui est incompétent et corrompu; se sert de la France et de la communauté internationale comme d’une béquille pour se maintenir. C’est cette frustration qui fait que les gens s’en prennent à la France, mais il n’y a pas de sentiments anti-français.
Cela a été exploité par le pouvoir, qui se sert de cette colère pour dire aux Français « vous voyez, ils sont contre vous, c’est l’opposition qui les manipule ; moi, je suis votre partenaire ». Nous, nous savons bien que, dans nos manifestations, les gens qui brûlaient les drapeaux français étaient partie prenante de coups montés par l’État. Quand on en a pris certains, on a découvert qu’ils étaient des agents des services spéciaux venus là pour décrédibiliser le mouvement.
Les Maliens ne sont pas contre les Français, les Maliens sont contre le fait que la France est en train d’apparaître comme une béquille sur laquelle se tient un régime incompétent et corrompu, qui est en train de détruire notre pays. La France est notre allié stratégique sur tous les plans : la langue française que nous utilisons, notre premier partenaire économique. C’est elle qui porte nos dossiers à l’ONU ; c’est elle qui a des enfants qui viennent mourir au Mali ; c’est elle qui est venue nous sauver de l’avancée des djihadistes. On ne peut pas oublier tout ça.
Le M5-RFP n’était pas sur la même ligne concernant les buts du mouvement après ses deux grandes manifestations populaires. Pouvez-vous nous expliquer quelles étaient les divergences ?
Je vous ai dit que le M5-RFP est un regroupement composé de partis politiques, d’associations de syndicats venus d’horizons divers, qui n’ont pas la même culture politique, qui n’ont pas les mêmes conceptions de l’organisation de la société, les mêmes visions de la manière d’accéder au pouvoir. Ils se sont retrouvés sur un objectif : faire partir IBK.
Pendant que nous travaillons à le faire partir, nous travaillons aussi à l’organisation de l’État après son départ. Il faudra ensuite s’ouvrir à l’ensemble de la société, y compris aux partisans de IBK qui sont martyrisés aujourd’hui, pour parler profondément de nos problèmes et trouver des solutions car nous faisons tous le même diagnostic. Donc il est tout à fait normal que, sur certaines questions, il y ait des divergences, comme quand Dicko nous a expliqué qu’il faut lâcher du lest pour ne pas apparaître aux yeux de la communauté internationale comme des jusqu’au-boutistes.
En acceptant que IBK reste au pouvoir, mais dépouillé de l’ensemble des outils et instruments qu’il utilise pour détruire notre pays, Dicko a introduit le fait qu’il ne fallait pas humilier IBK ou le pousser à l’exil. Nous voulons lui offrir une porte de sortie honorable. Et donc, sur les huit organisations qui composent le M5-RFP, il y a une organisation qui ne veut pas changer de position. Ils veulent que IBK parte et tout de suite. Nous, nous sommes convaincus qu’il va partir, mais pas tout de suite. Nous avons débattu pendant trois jours là-dessus avec l’EMK. À la fin, ils ont refusé de signer, mais on n’en a pas fait tout un problème.
L’existence de la Convergence des forces républicaines (CFR) tend à prouver que le M5-RFP ne parle pas au nom de tous les Maliens. Que pensez-vous de ce mouvement ? Pour parvenir à votre but, ne faut-il pas avoir la majorité du peuple derrière vous ?
Vous savez, il est rare que tout le monde soit d’accord sur une chose. Le CFR utilise l’argent pour attirer du monde, notamment la somme de 10 000 francs CFA qu’il distribue même aux enfants pour qu’ils viennent à leurs meetings et pour qu’ils fassent les idiots utiles pour le régime de IBK. Même avec cela, ils n’ont pas pu remplir une salle de 3 000 places et, chose notable, les parties de la mouvance présidentielle ne font pas partie du CFR. C’est juste le bébé de l’oligarchie.
Certains vous taxent de vouloir, via ce mouvement de contestation, revenir aux affaires car vous avez vous-même fait partie d’un des gouvernements de IBK et que vous êtes issu de la génération politique qui exerce le pouvoir au Mali depuis les années 1990. Que répondez-vous à cela ?
Est-ce que Macron n’a pas été dans le gouvernement de Hollande ? Emmanuel Macron a émergé car il était dans le gouvernement de François Hollande. Il a démissionné pour se présenter contre lui. Macky Sall, le président du Sénégal, a été ministre, Premier ministre et président de l’Assemblée d’Abdoulaye Wade. Qui a trouvé à redire ? Le président du Burkina, sur les vingt-sept ans de mandat de Blaise Compaoré, il a fait vingt-six ans avec lui comme ministre, Premier ministre et président de l’Assemblée. Ce sont les arguments utilisés par les partisans de IBK pour essayer de me discréditer. J’ai quitté le gouvernement dans les conditions que tout le monde connaît. J’étais en désaccord profond avec lui. Je ne voulais pas faire de vagues et j’ai demandé à être libéré. Je ne voulais pas faire une démission spectaculaire.
La question qu’il faut se poser, c’est « comment un président peut-il se retrouver en cinq ans avec sept anciens ministres candidats à l’élection présidentielle contre lui ? » Est-ce que tous ces gens ont tort ? Il faut savoir que nous n’étions responsables que des secteurs dont nous avions la charge. Certains me parlent des problèmes de l’armée, mais jamais on ne discute des questions de défense et de sécurité dans le conseil des ministres, jamais. Le président en discute avec les militaires et son ministre de la Défense.
Quelles seront les actions futures du M5-RFP ? Jusqu’où comptez-vous aller ?
À partir du 10 juillet, si IBK ne donne pas de suite, cette fois-ci, c’est son régime même que l’on ne reconnaîtra plus. On entrera dans une logique de désobéissance civile, toutes les grandes artères du pays vont être prises, tous les centres de pouvoir qui sont illégitimement occupés par ses représentants, le peuple va les prendre, et on va mettre des brigades de vigilance pour qu’aucun feu rouge ne soit cassé.
Il faut que le Mali donne l’exemple à l’Afrique et au monde que l’on peut faire des changements. Le peuple peut être en colère sans brûler, ni casser, ni tuer. IBK va quitter le pouvoir. Le seul débat chez nous est de savoir s’il faut le faire avec des risques de violence ou minimiser les risques de violence. Il ne peut pas rester, la population ne va plus jamais accepter d’être dirigée par cette oligarchie. Et celle-ci ne peut plus diriger comme par le passé.
Par Olivier Dubois, à Bamako