Le leader des Ançars, Chérif Ousmane Madani Haïdara, a interdit à ses disciples de débattre de la question de la Bay’ah après de nombreuses sollicitations en ce sens.
« Même si vous voulez, amenez l’imam de la Mecque, c’est une femme d’Ançardine qui débattra avec lui. Si un homme accepte de débattre, je ne lui pardonnerai jamais », a déclaré Haïdara.
Précepte controversé de l’Islam, la Bay’ah est une profession de foi qu’un disciple fait à un dignitaire musulman dans laquelle elle jure de suivre les recommandations de la religion et abandonner ses interdictions. Elle est différente de celle qui permet de devenir musulman. Selon plusieurs sources islamiques, elle a été pratiquée par le Prophète Mohamed. Cependant, elle divise de nos jours. Beaucoup pensent que les leaders religieux ne devraient pas se substituer au Prophète pour demander à leurs disciples de leur faire la Bay’Ah.
Au Mali, Ousmane Madani Haïdara, le président du Haut Conseil Islamique (HCIM) et guide d’Ançardine international, est le plus connu de ceux qui réclament la Bay’ah à leur disciples. Une récente invitation du théologien Abdoul Madjid à l’endroit de Haïdara a remis sur la table les dissensions entre les leaders religieux sur ce point controversé de l’Islam. Le Professeur demande à Haïdara d’accepter d’affronter dans un débat un autre dignitaire religieux malien afin de dissiper tout doute sur le sujet.
La réponse de Haïdara est sans équivoque. Ni lui ni aucun membre d’Ançardine ne va participer à un tel débat. Dans une de ses prêches, il donne clairement l’ordre de ne plus débattre de la question de la Bay’ah avec aucun autre être vivant sur cette terre. Selon lui, on débat pour que jaillisse la vérité. Mais il estime que tous ceux qui cherchent aujourd’hui à discuter publiquement de la question n’ont d’autres aspirations que de créer la zizanie.
« Il ne sert à rien de chercher à faire comprendre quelque chose à celui qui ne veut rien comprendre », indique-t-il.
Haïdara croit qu’il est déjà suffisant le fait que les gens entendent ce que lui et ses soutiens disent à propos de la Bay’ah et ce que leurs détracteurs en disent. C’est assez pour que chacun puisse faire son idée. A l’en croire, il faut laisser les choses ainsi et Allah fera le reste. Pour sa part, il n’autorise personne à débattre de la question jusqu’à nouvel ordre. Ce n’est pas grâce à un quelconque débat que des « millions de personnes » ont à ce jour fait la Bay’ah, défend-t-il.
Selon Haïdara, la Bay’ah a encore de beaux jours devant elle malgré la multitude de prêcheurs qui défendent que la Bayah est interdite en Islam. Il va plus loin. Il affirme que quelqu’un a donné 50 millions à des prêcheurs pour qu’ils aillent dire partout au Mali que la Bayah est prohibée. »
Arrêtez les débats et continuer avec la Bayah. C’est un précepte de l’Islam et tout ceux qui s’opposent à cela en payeront les conséquences », ordonne-t-il.
Cependant, lorsqu’il estimera que les interlocuteurs sont animés par d’autres soucis que de semer la zizanie, il pourrait un jour lever l’interdiction de débattre de la question.
Toute la question est maintenant de savoir si les disciples de Haïdara résisteront à la tentation de défendre l’honneur de leur guide face à une question qui ternit son image. En effet, des défis sont régulièrement lancés aux défenseur de la Bay’ah de prouver l’authenticité de la pratique dans un débat public et contradictoire. Depuis la sortie de Abdoul Madjid, la polémique a enflé. Sur les réseaux sociaux, beaucoup rêvent de voir le maître africain des débats religieux face à Haïdara. Chose inimaginable dans un futur proche avec la position actuellement défendue par Haïdara.
Mali vox