“Nous devons impérativement sortir de cette logique”, a déclaré M. Ouane lors d’une réunion à Mopti du Cadre de gestion de la crise dans le centre du Mali, réunissant plusieurs ministres et des acteurs étatiques.
Le centre du Mali est pris dans un tourbillon de violences depuis l’apparition en 2015 d’un groupe jihadiste mené par le prédicateur peul Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a largement recruté dans cette communauté.
Les affrontements se sont multipliés entre ces jihadistes et des milices autoproclamées d’autodéfense créées en réaction par des membres des ethnies bambara et dogon, notamment en s’appuyant sur les chasseurs traditionnels “dozos”, souvent accusées d’exactions envers les civils, notamment peuls.
“L’efficacité des actions de nos forces de défense et de sécurité ne doit plus uniquement être évaluée à l’aune du nombre de +terroristes neutralisés+ mais aussi et surtout du nombre de villages secourus ou défendus”, a dit M. Ouane.
Cela permettra, selon lui, “d’atténuer le sentiment pour les communautés locales d’être livrées à elles-mêmes, ce qui (les) amène à mettre en place des groupes dits d’autodéfense”.
Cette déclaration fait suite à une rencontre au début du mois entre le colonel-major Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale dans le gouvernement de transition dominé par les militaires, et Youssouf Toloba, chef militaire du groupe de chasseurs dogon Dan Nan Ambassagou, la plus connue de ces milices.
Il s’agissait de la première rencontre connue de ce genre depuis le renversement en août 2020 du président Ibrahim Boubacar Keïta par des militaires, qui ont installé un gouvernement de transition.
Dans un récent rapport transmis fin 2020 au Conseil de sécurité, la Commission d’enquête internationale de l’ONU sur le Mali accuse Dan Nan Ambassagou et des groupes jihadistes, de “crimes contre l’humanité”. Dan Nan Ambassagou, toujours active malgré sa dissolution officielle en mars 2019, au lendemain du massacre de plus de 160 Peuls dans le village d’Ogossagou (centre), près de la frontière avec le Burkina Faso, réfute ces accusations.