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Centrafrique, génération pillards

“La Centrafrique a sacrifié l’avenir de sa jeunesse sur l’autel des calculs politiciens et l’avenir des enfants est de plus en plus sombre”, s’indigne, Jean-Gabriel Alaba, informaticien à Bangui et père de famille. Révolté, il ajoute à l’AFP: “ce qui se passe avec des jeunes qui massacrent, pillent, violent, volent, n’est guère étonnant. C’est parce que l’école n’a rien apporté à nos enfants”.

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Depuis bientôt un an maintenant, le pillage est devenu le lot quotidien de la capitale centrafricaine et de nombreuses localités de province.

Mars 2013: la coalition rebelle Séléka, à dominante musulmane, de Michel Djotodia, renverse le régime de François Bozizé. Pillages, exactions commencent, oeuvre des combattants Séléka, mais aussi de bandes de jeunes hommes, voire d’adolescents, livrés à eux-mêmes dans un pays en décomposition devenu l’un des plus pauvres du continent. Cela durera des mois.

Février 2014: près d’un an plus tard, les mêmes scènes. Cette fois, ce sont les miliciens chrétiens anti-balaka qui pillent, encore. Et toujours, dans leur sillage, les mêmes groupes, machettes et gourdins à la main, prêts à tout pour s’emparer de quelques biens, sans grande valeur souvent.

Enfants de la Centrafrique

Et avec la même rage de tout détruire dans un pays où pourtant il n’y a plus grand chose qui fonctionne. Et au point pour certains de devenir une activité comme une autre. “C’est pas normal, (la force française) Sangaris nous empêche de piller”, lançait ainsi, dépité, il y a quelques jours à un journaliste de l’AFP l’un d’entre eux, Benjamin.

Cette génération de pillards n’est pas une génération spontanée. Elle est le produit direct de l’histoire chaotique de la Centrafrique.

Le tableau de la scolarisation des enfants depuis le début du millénaire est éloquent. 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2008, 2012, 2013 et maintenant 2014: autant d’années scolaires largement amputées pour les élèves du secteur public surtout – l’école des modestes -, avec souvent examens reportés ou annulés à la clé, dans un pays où 40% des quelque 4,6 millions d’habitants sont des enfants de 14 ans ou moins.

Les raisons de ces perturbations à répétition: les troubles – coups d’Etat, mutineries, rébellions – qui plombent la Centrafrique depuis des décennies.

Jusque en faire aujourd’hui un des pays les plus pauvres du continent malgré son potentiel agricole et minier, la misère alimentant à son tour la soif de piller.

Mais aussi, l’incapacité des gouvernements qui se succèdent à payer les salaires de ses fonctionnaires – dont les enseignants – entraînant démobilisation et grogne sur fonds de corruption généralisée des dirigeants. Dans les années 90, la Centrafrique avait déjà connu des années scolaires “blanches”.

“Du fait des années blanches des années 90 et des troubles militaro-politiques des années 2000, tous nos enfants sont abrutis, pénalisés. Que tout cela s’arrête bon Dieu, pour que les enfants se rattrapent”, réclame Jean Zato, charpentier

“La seule solution, c’est de partir”

Dès le jour de son élection, le 20 janvier, la nouvelle présidente de transition centrafricaine, Catherine Samba Panza, avaient rappelé à tous que Séléka et anti-balaka étaient des “enfants” de la Centrafrique.

Elle a succédé Michel Djotodia, le chef de la Séléka, contraint à la mission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin à des mois de tueries interreligieuses, la dernière des plaies qui s’est abattue la Centrafrique.

Mais toute l’administration reste paralysée jusque présent, y compris la grande majorité des établissements scolaires. Et élèves, collégiens et ou lycéens qui s’acharnent à vouloir apprendre ne sont plus loin du découragement.

“Aujourd’hui si tu ne te rends pas à l’extérieur pour étudier tu es foutu”, dit Emery Danzou, lycéen: “Tous les parents n’ont les moyens de le faire. Nous autres, bien…on fait avec”.

Sa condisciple, Arlette Ndétié renchérit: “toutes mes amies sont à l’étranger, parce qu’on en peut plus et c’est ça. Je suis en train de faire de mon mieux pour partir au Sénégal ou au Bénin. La seule solution aujourd’hui, c’est de partir”.

source : afriquinfos

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