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Ce que pensent les Maliens de la crise sécuritaire : Les FAMAS ne reçoivent pas les moyens adéquats pour faire face à leurs missions

Depuis 2012, le Mali est frappé de plein fouet par une crise multidimensionnelle qui a causé beaucoup de déplacés de refugiés et de pertes d’emplois. Et l’une des causes qui fait que cette crise perdure jusqu’à présent est due au sous équipement des forces armées maliennes (FAMAS). Pour preuve, il ressort de l’enquête menée en février 2017 par le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT) que les deux tiers des maliens trouvent que les FAMAS ne reçoivent pas toujours la formation et le matériel nécessaires pour être plus efficaces. Pourtant les 1200 personnes enquêtées sur toute l’étendue du territoire national ont jugé que les FAMA sont toujours utiles au recouvrement de l’intégrité territoriale et l’unité nationale.

Hier, mercredi 31 janvier 2018, à travers un atelier de dissémination tenu à l’hôtel Olympe de Bamako, le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT) sous la direction de l’Afrobaromètre a présenté les résultats de son enquête menée sur toute l’étendue du territoire malien du 8 au 25 février 2017. Cette enquête Afrobaromètre au titre du round 7 a touché au total 1200 personnes au Mali.

Le thème de l’enquête portait sur « Impact et séquelles de la crise et du conflit du nord au Mali ». La cérémonie de présentation des résultats de l’enquête a enregistré la présence des responsables du Great dont le Pr Massa Coulibaly, François Koné, Boubacar Bougoudogo et de nombreuses autres personnalités. Dans sa présentation, Boubacar Bougoudogo de Great a fait savoir que les trois régions du Nord sont les plus affectées par la crise que traverse le Mali.

« 100% des répondants de Kidal, 94% de ceux de Gao et 77% de ceux de Tombouctou. Parmi ceux-ci, il y en a qui auront été expulsés de leurs maisons ou qui les auront abandonné, il y en a qui ont perdu leur emploi ou ont dû changer d’occupation professionnelle ou encore ont vu leurs activités (commerce et autres) détruites, d’autres en ont été psychologiquement atteints (intimidés ou menacés ou encore témoins de blessures et de tueries) et d’autres encore ont dû prendre en charge des IDP (personnes deplacées internes) », a-t-il dit. Avant d’ajouter que plus d’un répondant sur dix (13%) déclare avoir été, personnellement ou à travers des membres de sa famille, victime de destruction ou de fermeture des affaires, proportionnellement plus d’urbains que de ruraux.

Selon lui, les plus importantes destructions d’affaires (commerce, étales, etc.) auront été commises à Kidal, 88% des répondants l’ont signalé, Gao, 78% et Tombouctou, 55%. « Ce phénomène a aussi été signalé, dans de moindres proportions certes, dans toutes les régions du pays. Kayes vient en tête de ces régions hors du Nord du pays, 16%, suivie de Bamako, 13%, Ségou, 11% et Mopti, 10%. Les régions les moins affectées sont Koulikoro, 3% et Sikasso, 1%. Le milieu urbain est plus affecté que le milieu rural, particulièrement dans les régions de Mopti et de Tombouctou», a-t-il dit.

‘’Des pertes d’emploi ont été signalées un peu partout dans le pays’’

A ses dires, la perte d’emploi a légèrement touché plus de personnes que le changement d’occupation professionnelle. « Elles sont près de 9 personnes sur dix (88%) à en avoir souffert à Kidal, plus de la moitié dans chacune des deux autres régions du Nord (57% à Tombouctou et 54% Gao). Des pertes d’emploi ont été signalées un peu partout dans le pays bien que dans de très faibles proportions à Koulikoro et Sikasso, 2 à 3% des répondants. Ces pertes sont plus importantes significativement chez les hommes que chez les femmes particulièrement dans les trois régions du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal) et dans le district de Bamako », a-t-il dit.

Aux dires de Boubacar Bougoudogo, 26% des sondés ont été psychologiquement affecté par la crise et le conflit du Nord, qu’il s’agisse d’avoir été intimidé, d’avoir été menacé ou d’avoir été témoin de blessures ou de tueries. Il a indiqué que 38% des sondés affirment que le Mali sera amputé d’une partie de son territoire, 25% soulignent que le Mali connaît davantage de conflits interethniques et 20% notent que le Mali perdra son unité nationale.

Interrogés sur l’utilité de certaines forces armées existantes sur le terrain à aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et son unité nationale, Boubacar Bougoudogo a indiqué que les maliens plébiscitent à 94% les forces armées du Mali (FAMA). Et d’ajouter qu’il ressort que 81% des sondés estiment que les FAMA protègent toujours le pays contre les menaces sécuritaires internes et externes. Dans sa présentation, Bougoudogo a fait savoir que 2/3 des Maliens pensent que les FAMA ne reçoivent pas toujours la formation et le matériel nécessaires pour être plus efficaces.

« Les maliens sont quelque peu plus nombreux à penser que les FAMA reçoivent rarement la formation et le matériel nécessaire pour être efficaces, 39% contre 20% pour quelque fois et 32% pour toujours. Les jugements les plus sévères proviennent de Ségou (59% des sondés) suivie de Gao et de Kayes, 45% chacune. Ils semblent plus induits par les intellectuels de niveau supérieur que par les analphabètes ou encore ceux de niveau d’éducation secondaire. Sur la question, les sondés de Tombouctou se sont très peu exprimés, avec 41% de sans réponse », a-t-il précisé.

En conclusion, il dira qu’il y a manifestement un effet régional dans la manière dont les maliens ont été affectés d’une manière ou d’une autre par la crise et le conflit du Nord, plus dans les trois régions du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal, que dans le reste du pays. Qu’il s’agisse d’abandon de maison, de perte d’emploi ou de changement d’occupation ou d’effets psychologiques. Les impacts sur les ménages, dit-il, varient également selon le milieu de résidence (urbain ou rural), l’âge, le niveau d’éducation et la religion. En réponse aux questions des uns et des autres, le Pr Massa Coulibaly, directeur exécutif de Great a mis l’accent sur les petites difficultés qu’ils ont eu au moment du sondage.

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain

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