La mission de la multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSUMA) arrive à son terme en juin prochain. Et comme d’habitude, il sera question, au conseil de sécurité, de son renouvellement ou pas. D’ores et déjà, les fervents défenseurs de la transition demandent son retrait pur et dur du Mali. Depuis le coup d’État du 19 août 2022, suivi du bras de fer sans précédent entre les autorités de la transition et de la communauté internationale, les demandes du retrait des forces étrangères ne cessent de se multiplier. Si l’annonce du départ des forces Barkhane et récemment celle de la mission de formation de l’Union européenne au Mali sonnent pour beaucoup comme une victoire, le départ de la MINUSMA ne semble pas être à portée de main enfin, pour le moment.
Qu’à cela ne tienne, je crois pour ma part qu’il faut réfléchir par deux fois avant de demander le retrait de tous les partenaires militaires à la fois, et à un moment aussi critique.
La MINUSMA n’a certes pas répondu aux attentes des Maliens qui voyaient en elle une force qui viendra combattre à leur côté. Doit-on déduire que sa mission a été mal expliquée ou c’est la population qui a plutôt mal compris ? Les missions des Nations Unies n’ont pas pour vocation de faire la guerre. Pourtant, c’est bien ça l’attente de la majorité des Maliens. Si on s’en tient à cela, il est clair que la mission est un échec.
Comme le dirait l’autre, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Je crois qu’au-delà de l’aspect sécuritaire, la MINUSMA a créé plusieurs emplois, plus de 3 000 emplois directs et des milliers d’emplois indirects. Elle a contribué à rénover ou à équiper plusieurs structures publiques comme les commissariats, les hôpitaux, etc. Elle soutient également les populations civiles dans les zones de crise.
C’est évident que tôt ou tard, les forces étrangères finiront par partir du Mali, mais pour l’heure, il serait hasardeux de soutenir leur retrait définitif. Le moment n’est pas propice. Lors d’une de ses sorties sur une radio de la place, le chef de la DIRPA a lui-même reconnu que l’armée ne pouvait pas occuper longtemps les différentes zones libérées par les forces de défense parlant de Moura. Certes, l’armée monte en puissance, mais il faut du temps pour qu’elle puisse faire face à une stabilisation totale du pays.
Je crois plutôt que le mandat doit être renouvelé pour ne pas ouvrir d’autres brèches à celles qui existent déjà. Cependant, il faudra lui donner une mission plus robuste. Une mission qui aille au-delà d’un simple maintien de paix en vue de sécuriser les zones déjà libérées par les FAMAS.
Tout compte fait, il revient toujours aux autorités maliennes de décider si oui ou non la mission doit être renouvelée. Le Mali a bien son représentant au conseil des nations unies et participe pleinement aux débats. Je crois surtout que les autorités ne doivent pas se laisser influencer par la rue qui parfois ne cerne pas toutes les réalités. Il revient aux autorités seules de prendre la décision qu’elles jugent salutaires pour le Pays.
Amadingué SAGARA
Source: LE PAYS