Comme nous l’avions toujours montré dans nos analyses, le Rassemblement Pour le Mali (RPM), le parti présidentiel, tend vers son déclin. Après Mopti, Ségou, Kolokani, San et bien d’autres localités, le choix de candidats aux législatives continue de créer des problèmes jusque dans la capitale et notamment en commune V du district de Bamako, base du président du parti, Bocary Tréta. En effet, désigné candidat du RPM sur la même liste que l’Honorable Moussa Timbiné, la candidature de Dr Bocary Treta, est largement contestée par la jeunesse, qui voit en sa candidature « un signe de défaite ».
Une compagnie, quand elle est faite sur le mensonge, est appelée à disparaitre, dit-on. Cela sied beaucoup à la situation du parti présidentiel. En effet, après avoir fait réélire IBK sur une base impropre, les membres de la coalition « Ensemble Pour le Mali », particulièrement ceux du RPM, commencent à se dévorer depuis l’annonce des législatives prévues pour novembre et décembre prochains. Partout, les bases contestent certaines candidatures imposées par des membres influents du bureau national du RPM.
La commune V du district de Bamako ne fait pas exception à ce brouhaha. En effet, après son investiture par le parti comme candidat RPM sur la même liste que le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, la candidature de Tréta est contestée par la jeunesse RPM de la commune V.
Lors d’un sit-in qu’ils ont tenu le mercredi dernier, ces jeunes mécontents scandaient des propos injurieux à l’encontre de l’ancien ministre de l’Agriculture (un petit rappel de l’histoire de l’engrais frelaté). « Tréta en Commune V, signe de défaite », « Tréta un traître, sera traité comme un traître », disaient-ils haut et fort, comme pour dire qu’ils ne cautionnent aucunement la candidature de Tréta sur leur liste.
Pour ces jeunes manifestants, probablement les soutiens de Moussa Timbiné qui lorgne aussi la présidence de l’Assemblée nationale et qui voit ainsi sa chance réduite si Tréta, le président du parti, est élu député, la candidature du président du RPM est comme un complot contre leur liste. Car Tréta ou pas, leur candidat, l’Honorable Timbiné, a une force réelle en commune V.
Tréta n’a pas de base politique
La candidature du Dr Bocary Tréta en commune V du district de Bamako a surpris plus d’un car tout le monde s’attendait à ce qu’il se présente chez lui, à Tenenkou, mais il n’a pas daigné y aller par crainte de se faire humilier. Là-bas, il n’a pas bonne presse. Il y est d’ailleurs très impopulaire. Et puisque cette année, il a un goût immodéré d’être le président de l’Assemblée nationale à défaut de pouvoir occuper le fauteuil de Premier ministre, en tant que président du parti présidentiel, il cherche à profiter de l’aura politique de Moussa Timbiné qui vit en commune V, pour espérer décrocher un mandat de député. Le reste, ce sera un jeu d’enfants car il va faire valoir son statut de chef du parti pour prétendre au Perchoir. Tout compte fait, il a des chances de réaliser son dessein car sur la même liste que Moussa Timbiné, il a plus de chance d’être élu député.
L’élection de Treta comme député réduit la chance de Moussa Timbiné d’être président de l’Assemblée nationale
Premier vice-président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Moussa Timbiné sent l’odeur de la présidence de cette institution depuis la réélection d’IBK. Les jeunes qui le soutiennent ont pris d’assaut les réseaux sociaux dans ce sens. Car, au sein de la coalition EMP et du RPM, il est influent. Il a aussi la mainmise sur plusieurs candidats qui, une fois élus députés, peuvent le soutenir en cas de sa candidature pour ce poste.
Quant à sa réélection en commune V du district de Bamako, il en doute moins. Mais le rêve du président des jeunes du RPM se trouve menacé quand son cousin, Bocary Tréta, aussi impopulaire politiquement, laisse apparaître l’ambition d’être lui aussi député pour briguer la présidence de l’Assemblée nationale. Il est donc compréhensible que la jeunesse RPM conteste la candidature de Bocary Tréta car il met le bâton dans les roues de Moussa Timbiné qui se bat, lui aussi pour sa promotion, notamment pour devenir président de l’Assemblée nationale, après avoir occupé le poste de vice-président.
Boureima Guindo
Source: Le Pays