Une investigation réalisée pendant un an par une centaine de journalistes a permis de révéler que le problème touchait une dizaine de villes, dont Montréal.
Enquête en eaux troubles au Canada. Les niveaux de plomb dans de nombreux tests d’eau effectués à travers le pays se révèlent inquiétants. C’est le bilan d’un travail d’investigation réalisé par plus de 120 journalistes qui ont compilé pendant un an des tests réalisés dans tout le pays. Bilan ? Un tiers des 12 000 tests, effectués dans une dizaine de villes canadiennes, présentent des niveaux de plomb excédant les limites fixées par le gouvernement.
Ils ont observé des résultats comparables, voire pires que ceux relevés à Flint, aux États-Unis, qui avaient déclenché une crise nationale en 2014. C’est notamment le cas à Montréal, où près de 36 % des échantillons testés ont révélé des quantités de plomb plus élevées que les recommandations du ministère de la Santé, selon Le Devoir, l’un des médias ayant participé à l’enquête.
« Je ne suis pas surprise »
« Nous avons été très lents à nous pencher sur les problèmes de santé publique à long terme comme le plomb dans l’eau », a déclaré à ce média Michèle Prévost, professeure d’ingénierie à l’École polytechnique de Montréal. « Je ne suis pas surprise de voir l’absence d’action ou de mesures correctives au Québec, à cause du vide réglementaire », a-t-elle poursuivi.
Le plomb provient principalement des vieilles conduites reliant les réserves d’eau potable aux habitations. Les résultats des analyses officielles, qui sont rarement rendus publics, pourraient avoir été minimisés par la manière de tester l’eau, selon le Toronto Star.
L’une des méthodes de test consiste à faire couler l’eau pendant quelques minutes avant de la tester, un test peu représentatif d’une utilisation normale et qui révèle souvent une contamination plus faible qu’à la sortie immédiate du robinet. Consommé à haute dose, le plomb peut causer de graves problèmes de santé. Chez les enfants, il peut altérer le développement du cerveau.