«La France un partenaire historique du Cameroun», «le Cameroun, un bon risque pour les investisseurs français»… Sur la route de l’aéroport de Yaoundé, la capitale, dernière étape de la tournée de Francois Hollande en Afrique l es messages d’amitié inscrits sur de grandes banderoles se succèdent les uns aux autres.
Et au passage du cortège officiel, des files interminables de Camerounais ovationnent «spontanément» le cortège des deux présidents, Francois Hollande et Paul Biya, qui a donc tenu à dérouler le tapis rouge.
Au Palais présidentiel aux allures de casino de Las Vegas, l’orchestre en grande tenue joue même du Joe Dassin avec «les Champs Elysées». Quinze ans après la visite de Jacques Chirac, Biya et Hollande ont affiché une entente qui, à défaut d’être totale, s’est manifestée sur une priorité : la lutte contre le terrorisme. Et notamment contre la secte jihadiste Boko Haram, au cœur de leur entretien. «Nous ne ménageons aucun effort contre les forces obscurantistes», a ainsi assuré Biya, alors que des attaques meurtrières de Boko Haram ont encore fait des dizaines de morts vendredi dans le pays voisin du Nigeria, et continuent de déstabiliser la région. Ce qui inquiète Francois Hollande ,qui a donc promis d’ «amplifier la coopération» militaire avec Yaoundé. Particulièrement en matière de renseignement (alors que des avions militaires français survolent déjà la zone) et de formation militaire. «La France se tient au côté au Cameroun pour faire face aux menaces de Boko Haram», a lancé François Hollande, qui a aussi remercié son homologue dans le rôle qu’il a joué dans la libération de la famille Moulin-Fournier en 2013, et du père Georges en 2014 pris en otage par Boko Haram.
«Ne dure au pouvoir qui veut mais qui peut»
Nécessité fait donc loi pour François Hollande, contraint de composer avec un allié plutôt encombrant. Symbole des régimes autocratiques d’antan, Paul Biya est au pouvoir depuis plus de trente ans. Et il n’a pas renoncé à se présenter de nouveau en 2018. Interrogé sur sa longevité politique, le président du Cameroun a botté en touche: «Ne dure au pouvoir qui veut mais qui peut», a t-il ainsi ironisé assurant avoir été élu «par le peuple». En clair, il n’a aucune leçon à recevoir. Ni en matière de démocratie, ni même en matière de droits de l’homme d’ailleurs.
Ainsi le président africain n’a t-il pas vraiment ouvert à la porte la libération de l’avocate franco-camerounaise Lydienne Yen Eyoum, condamnée à 25 ans de prison pour «détournement de fonds publics» malgré l’appel à la clémence de Francois Hollande. «Il ne peut y avoir de développement sans démocratie», a pourtant affirmé le chef de l’Etat qui s’est dit «attentif» à la situation des droits de l’homme. Dans la foulée de sa rencontre avec Biya, le président a d’ailleurs rencontré des représentants d’ONG et d’associations de défense des libertés.
Mais pas question, au final, de déstabiliser d’un allié situé sur la ligne de front et qui suscite l’inquiétude à Paris. «C’est un pays fragile, on doit renforcer la sécurité du Cameroun», dit en privé Francois Hollande, qui devait rejoindre Paris dans la nuit.
Source: leparisien