La région du Cachemire indien est sous haute tension depuis trois mois. Début juillet, l’armée a abattu un combattant indépendantiste, ce qui a déclenché les plus importantes protestations populaires depuis six ans. Des manifestations violemment réprimées, car plus de 90 civils ont été tués, 14 000 blessés. En parallèle, des militants attaquent presque tous les jours des camps militaires. Un assaut a été repoussé jeudi 6 octobre 2016.
Avec notre envoyé spécial dans le Cachemire, Sébastien Farcis
L’attaque de jeudi a été menée à l’aube par trois militants contre un camp du nord du Cachemire. Après un échange de tirs, les militaires les ont abattus. L’état-major indien vient d’indiquer que ces assaillants viendraient du Pakistan, situé à quelques kilomètres de ce camp.
C’est la troisième attaque majeure en moins d’une semaine contre les installations militaires indiennes de la région. Ces attaques sont en général, comme dans ce dernier cas, perpétrées par des commandos armés et entraînés de l’autre côté de la frontière par des groupes favorables à l’indépendance du Cachemire indien, et soutenus – ou en tout cas tolérés – par Islamabad.
L’essentiel des affrontements a toutefois lieu dans la rue entre les forces de l’ordre et des civils non armés. Car du côté indien, il y a très peu de combattants armés : à peine 200 selon New Delhi, face à 700 000 soldats et policiers répartis dans tout le Cachemire.
Sur place, une population qui se déclare favorable à l’indépendance
En parcourant la région, on se rend compte à quel point la population reste, malgré cette répression, très largement favorable à l’indépendance, ou en tout cas à l’organisation d’un référendum sur le statut du Cachemire. Un plébiscite promis par le gouvernement indien il y a près de 70 ans.
C’est pour cela que les gens manifestent quotidiennement depuis trois mois, malgré d’énormes risques. Les forces paramilitaires répriment ces rassemblements à balle réelle ou à coups de billes de plomb, tirées parfois à bout portant, tuant en moyenne une personne par jour.
Quelque 14 000 autres personnes ont été blessées, certaines aveuglées par des billes tirées dans les yeux. Environ 7 000 civils ont été arrêtés. Malgré ce bain de sang, New Delhi refuse de discuter avec les représentants des séparatistes, dont la moitié ont également été emprisonnés ou assignés à résidence.
La rédaction