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Ça patauge à Kati : Les sauveurs seront-ils les «plombleurs» ?

Accompli et présenté comme le parachèvement du soulèvement populaire contre IBK voire un dénouement du blocage imposé à son régime, le coup de grâce du 18 Août est en passe de tourner au cauchemar tant ses auteurs, la junte conduite par Assimi Goïta, accumule les signaux de faiblesses et présomptions de motivations inavouables.

En tout cas, les supputations vont bon train depuis l’irruption des colonels sur la scène politique, qui dégage pour nombre d’observateurs les relents d’un besoin de protection contrarié par la crainte de s’assumer. Quoi qu’il en soit, les confusions induites à ce déni de responsabilité n’auront finalement pas résisté à l’évidence d’un coup d’Etat dont les caractéristique sont perceptibles à la superposition et à la coexistence de deux lois fondamentales (constitution et acte fondamental du CNSP), ainsi que par l’encadrement des nombreuses mesures et décisions de nomination par des actes administratifs aux fondements juridiques douteux mais dictés vraisemblablement par une prééminence de l’instinct de conservation sur le devoir d’affronter les défis ayant justifié leur acte. Autant de démarches qui justifient tant les présomptions d’un malaise dans les rangs des tombeurs d’IBK que les interrogations sur leurs intentions pouvoiristes. Et pour cause, aux coups de com et offensives de charme en direction de l’opinion s’ajoutent les tours d’artifices aux fins de faire main-basse sur la transition et lui imprimer une cadence militaire, en tirant parti notamment des antagonismes politiques ainsi que du discrédit de la classe politique. De quoi désillusionner le M5-RFP ravalé à un simple creuset de revendication du changement, ainsi que le front syndical d’enseignants déchanté sur ses attentes. Conséquence : les clivages politiques et l’élargissement du fossé des divergences, les mécontentements sociaux, entre autres, prennent corps et l’emportent largement sur la convergence des forces autour de l’essentiel, qui est visiblement relégué au profit de la survie ou de l’opportunité de résurrection politique. Quid, en effet, d’une prise en charge de l’intégrité d’un pays occupé aux deux-tiers, de l’insécurité sur fond de menace terroriste ou encore de la question scolaire qui frôle le chaos ? Faute d’afficher des signaux encourageants dans la prise en compte de ces préoccupations parmi tant d’autres – au nom desquels le régime déchu a sans doute mérité son sort aux yeux de l’opinion -, le coup de force du CNSP se sera tout simplement révélé sous les traits d’une fin en soi : déposer IBK pour satisfaire au défi que lui ont lancé les contestataires de son régime. Perçue sous ce prisme, on pourrait se diriger vers une transition si peu regardante des préalables d’un retour à l’ordre constitutionnel qu’elle ne peut que préfigurer une durée susceptible d’empiéter sur l’échéance irrégulièrement interrompue, avec le risque de faire regretter aux Maliens leur impatience de voir le président déchu achever son mandat. En définitive, on aura peu appris de l’aventure de 2012 dont le pays n’a de cesse de payer le tribut en termes d’instabilité institutionnelle, tandis que l’épisode en cours s’annonce beaucoup plus lourde de conséquences, au regard du bras-de-fer engagé avec la Cedeao et de moult autres pressions de la communauté internationale. À l’embargo sous-régional se greffe en effet la suspension de la quasi-totalité des apports financiers de partenaires stratégiques, entrainant un péril de plus sur une économie déjà agonisante par le fait du Covid et qui risque de plomber davantage sous le faix d’une impasse latente sur l’année budgétaire. Autant de facteurs qui militent en défaveur de la renaissance nationale tant prônée et qui imposent normalement une posture plus sublime que les attitudes clivantes ayant jusqu’ici caractérisé la classe dirigeante. Au lieu de quoi, les déviances du tournant positif attendu risquent de transformer les sauveurs de annoncés en «plombeurs» de la République, probablement plus que ne l’ont fait la soldatesque conduite par Sanogo en son temps.

A KEÏTA

Source: Le Témoin

  

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