La fouille du territoire national ordonné par la Commission Vérité et Réconciliation continue de livrer ses secrets au Burundi. Plus de 6 000 corps ont été découverts dans six charniers dans une province du pays. Le plus lourd bilan enregistré depuis le début de l’opération en janvier.
La province de Karusi, dans le centre-est du Burundi, a été le théâtre de cette découverte macabre. À en croire Pierre Claver Ndayicariye, président de la Commission Vérité et Réconciliation, ce sont exactement les restes de 6 032 victimes ainsi que des milliers de balles qui ont été découverts dans ces charniers. Il s’agit des restes des victimes des massacres de 1972 au cours desquels plusieurs dizaines de milliers personnes avaient alors été tués. Des indices comme des vêtements, des lunettes ou encore des chapelets ont notamment été utilisés pour identifier les victimes.
Depuis janvier, le gouvernement a initié une fouille du territoire national afin d’exhumer les vestiges de son passé trouble. Objectif, se réconcilier avec ce passé violent marqué par l’occupation coloniale ou encore la guerre civile.
La mission de la Commission Vérité et Réconciliation, créée en 2014, s‘étend dès lors sur l’arrivée des colons en 1885 et toutes les atrocités qui vont avec, puis à la guerre civile qui s’est ouverte en 1993 avant de prendre définitivement fin en 2008 avec la pleine application d’un accord de paix. Jusqu‘à présent, l’organe a cartographié plus de 4 000 charniers à travers le pays et identifié plus de 142 000 victimes de violences.
Le mandat de la Commission n’a toutefois pas été étendu à la crise politique débutée en 2015 avec un troisième mandat controversé du président Pierre Nkurunziza, arrivé au pouvoir en 2005. Un conflit entre ses opposants et les forces de sécurité qui a alors fait des centaines de morts selon un décompte de l’ONU et de certaines ONG nationales et internationales.
BBC