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Burundi : le spectre du génocide plane de nouveau sur l’Afrique des Grands lacs

Des enquêteurs de l’ONU, mandatés par le Conseil des droits de l’Homme, ont étudié sur place la situation au Burundi, plongé dans des violences constantes depuis le printemps 2015. Leurs conclusions sont alarmantes…
 population marche manifestation burundiUn “grand danger de génocide”. C’est le risque que pointe une mission d’enquête de l’ONU dans ses conclusions rendues ce mardi 20 septembre après avoir étudié la situation au Burundi, petit pays d’Afrique de l’Est, au sud du Rwanda, plongé depuis presque un an et demi dans une grave crise émaillée de violences autour de la réélection pour un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.

Cette crise a débuté en avril 2015, quand le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature, avant d’être réélu en juillet 2015. Jugeant ce troisième mandat contraire à la Constitution et à l’accord d’Arusha ayant permis de mettre fin à la guerre civile (1993-2006), des milliers de personnes ont d’abord protesté durant six semaines dans la capitale Bujumbura, des manifestations sévèrement réprimées. Depuis, les violences n’ont pas cessé et plusieurs rapports accablants faisant notamment état de viols collectifs commis par des membres des forces de sécurité, de tortures et de meurtres, ont été publiés par différentes ONG et par l’ONU. Ces violences ont poussé près de 300.000 personnes à quitter le pays, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et, selon la Fédération internationale des droits de l’Homme, plus de mille personnes ont été tuées.

“L”impunité est omniprésente”

Le rapport des enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU porte sur les violations des droits de l’homme commises du 15 avril 2015 au 30 juin 2016. Ils se sont rendus au Burundi en mars et en juin dernier. “Les experts ont constaté que des violations graves des droits de l’Homme ont été et sont commises principalement par des agents de l’Etat et ceux qui sont liés à eux”, indiquent les trois enquêteurs. “Ces violations graves sont systématiques et constantes et l’impunité est omniprésente”, déplorent-ils, relevant que “le danger du crime de génocide est grand”. Ils affirment ne pas pouvoir exclure que certaines de ces violations graves des droits de l’Homme constituent des crimes contre l’humanité, et demandent des procédures judiciaires internationales indépendantes pour traduire les auteurs présumés en justice.

D’après le rapport, en date du 30 août 2016, l’ONU a pu vérifier 564 cas d’exécutions depuis le 26 avril 2015. Une estimation “prudente”, selon les enquêteurs. Personne ne peut quantifier exactement toutes les violations perpétrées et qui continuent d’avoir lieu dans un “contexte aussi fermé et répressif” que celui du Burundi, expliquent-ils. Les enquêteurs ont compilé une liste des auteurs présumés qui ont été nommés à plusieurs reprises par les victimes et les témoins comme responsables de violations graves. Cette liste sera partagée avec les “mécanismes judiciaires pertinents”.

Le gouvernement burundais reste sourd

Le rapport appelle à un “engagement solide renouvelé de la communauté internationale”, y compris des Nations unies et de l’Union africaine, pour éviter “la spirale descendante du pays”. Il appelle aussi le gouvernement du Burundi à arrêter immédiatement la perpétration des crimes ainsi que ceux commis par d’autres entités dont les actions peuvent lui être attribuées, comme les “Imbonerakure” (milices pro-pouvoir). Enfin, les enquêteurs jugent que le Conseil des droits de l’Homme devrait considérer si le Burundi peut rester membre de cet organisme onusien. Depuis la création du Conseil il y a 10 ans, c’est la première fois qu’une organisation de l’ONU propose d’exclure un des membres du Conseil.

Fin juillet, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de 228 policiers de l’ONU au terme d’une résolution proposée par la France mais début août, Bujumbura a rejeté cette résolution, estimant qu’elle enfreignait sa souveraineté. L’Union africaine a de son côté prévu l’envoi de 200 observateurs militaires et des droits de l’Homme, mais seul un quart de ces effectifs sont arrivés sur place. A ce jour, les tentatives de médiation pour sortir de la crise ont échoué : la dernière initiative en date, des pourparlers prévus à Arusha en juillet, a tourné court, le gouvernement refusant de s’asseoir avec l’opposition.

Source :marianne

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