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Budget d’Etat alloué à l’achat des produits contraceptifs conformément aux objectifs d’Abuja : Le manque de financement joue contre la performance au Mali

Depuis plus de cinq ans, le Mali ne dégage pas de ligne spécifique pour l’achat des produits contraceptifs, selon le chef de la Division Achats à la pharmacie populaire du Mali, Dr Sanou. L’approvisionnement en produits contraceptifs du Mali est assuré par les partenaires techniques et financiers comme l’UNFPA et l’USAID. Et pourtant le Mali avait pris des engagements en 2015 d’augmenter de façon régulière de 5% chaque année la part du budget d’Etat allouée à l’achat des produits contraceptifs, conformément aux objectifs d’Abuja. Alors que tout porte à croire qu’investir dans la planification est une urgence de développement. La question que l’on se pose est de savoir si l’Etat est prêt à exprimer sa volonté politique de promouvoir la planification familiale ?

«Si la démographie et le financement du planning familial ne bénéficient pas d’un regain d’intérêt, le taux de fécondité, notamment en Afrique subsaharienne, ainsi que l’absence de réponse au besoin de contraception et ce, malgré le désir de ces populations d’avoir moins d’enfants, risquent d’aggraver les conséquences négatives, parfois déjà horribles» avait déclaré Akinrinola Bankole, Directeur de recherche internationale à l’Institut Guttmacher, une organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée dans la recherche sur la santé reproductive et l’analyse des politiques de santé publique, dont le siège se trouve aux États-Unis. Ces propos démontrent que  le financement des activités de la santé de la reproduction joue un rôle crucial pour la maitrise de la pression démographique.

Le Mali n’est pas à l’abri de cette situation. De nos jours, il possède l’un des taux de fécondité les plus élevés au monde avec plus de six enfants par femme en 2013. Selon les données démographiques les plus récentes, le Mali compte 18,3 millions d’habitants avec un taux de croissance annuelle de 3,6%. Une situation de plus en plus préoccupante qui requiert une forte volonté politique.

Ainsi, l’Etat avec ses ressources limitées, pas plus que la collectivité ne peuvent satisfaire les besoins d’une population en pleine expansion. Face à cette dure réalité, la maîtrise de la fécondité, donc de la démographie, est une nécessité pour le développement durable.

Selon l’économiste Etienne Fakaba Sissoko, parmi les causes qui expliquent l’augmentation de la population au Mali il y a l’existence limitée des ressources éducatives, doublée des taux de mortalité et de natalité élevés. S’y ajoutent les mauvaises utilisations des contraceptifs et l’hostilité de certains religieux vis-à-vis de ces derniers. Pour remédier à cette situation, l’analyste économique propose une augmentation des ressources, la transformation des méthodes de production. Il soutient qu’une mauvaise répartition de la richesse nationale réduit l’accès aux soins médicaux, à l’eau, à la nourriture et aux emplois.

Le manque de volonté politique reste l’obstacle majeur à l’évolution de la PF

Dans un monde où les financements se font de plus en plus rares, plusieurs acteurs, dont la coalition des organisations de la société civile et de la planification familiale, tirent la sonnette d’alarme. Mais leur plaidoyer pour inciter le Mali à respecter ses engagements au niveau sous-régional et international, reste timide, surtout en ce qui concerne la création de ligne budgétaire pour l’achat  des produits contraceptifs.

Interrogé sur le sujet, le président de la Coalition des organisations de la société civile et de la planification familiale (OSC /PF), M. Mamoutou Diabaté, établit le constat selon lequel la mise en œuvre des différents engagements pris par le Mali demeure mitigé. Il explique qu’aucune initiative n’a été prise pour la création d’une  ligne budgétaire pour l’achat des produits contraceptifs, encore moins pour l’augmentation du budget de santé de 10% par an. Et d’ajouter qu’il est très difficile de trouver le montant exact destiné à l’achat des produits contraceptifs au Mali.

A l’entendre, c’est un manque de volonté politique qui est à l’origine du problème,  « nous sommes économiquement en avance sur certains pays qui sont parvenus à allouer une ligne budgétaire à l’achat des produits contraceptifs. Nos actions ont surtout porté sur l’ancrage politique à travers la création d’une Direction de la santé de la reproduction et de la planification familiale. Donc, tout dépend de l’ancrage politique », soutien-t-il.

Et de reconnaitre que la coalition n’avait pas, jusque-là, d’outil pour évaluer la mise en œuvre des engagements. Il affirme que c’est en début mai que la coalition a été dotée d’outil «Motion Tracker» qui va permettre de suivre et d’interpeller le pays par rapport à ses engagements. Car, dans tous les pays où le taux de prévalence est élevé, il existe des lignes fixes pour l’achat des produits contraceptifs. Il se demande si toutefois l’Etat est prêt à mettre les moyens pour la promotion de la planification familiale.

Seulement 100 millions de F CFA pour soutenir les activités de la campagne PF

Le Mali fait partie du lot des pays ralentissant les progrès en planification familiale. Selon la Cheffe de Division santé de la reproduction, Dr Boré Saran Diakité, l’accès à la planification familiale est crucial pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. C’est également un facteur essentiel de réduction de la pauvreté. Mais au Mali, peu de ressources sont mises à la disposition de la Division pour mener les activités de promotion de la planification familiale.

Il précise que plus de 80% sont soutenues par les partenaires techniques et financiers et le reste par l’Etat. De l’achat des contraceptifs en passant par les campagnes d’IEC de plaidoyer, les sessions de formation en matière de technologies contraceptives soutenues par les partenaires techniques et financiers. Bref, à l’en croire, sans le soutien des partenaires, il n’y a pas de planification familiale. Car, dit-elle, la contribution des partenaires techniques et financiers est inestimable pour la promotion de la planification familiale au Mali.

Pour le point focal de la planification familiale, Mme Yalcouyé Awa Guindo, les 100 millions de F CFA mis à la disposition de la Division servent à organiser les activités de la campagne. Elle confie que ledit budget permet la confection des pagnes, les T-Shirts. De même, il aide à payer les coûts des mesures d’accompagnement indispensables à la mise en œuvre des activités de PF (consommables, information, sensibilisation, etc.).

L’achat des contraceptifs est entièrement financé par les partenaires, précise-t-elle. Avant d’émettre le vœu de voir sa structure être dotée de ligne budgétaire fixe pour l’achat des produits contraceptifs, conformément aux engagements pris par le Mali. Si cette volonté était traduite en actions concrètes et suivies par une augmentation régulière du budget national pour l’achat des contraceptifs, le Mali se placerait comme l’un des pays phares du partenariat de Ouagadougou dans ce domaine.

La création de la Direction générale de la Santé pour marquer la volonté politique

Au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le Conseiller technique, Dr Mohamed Berthé a rassuré que la création de la Direction générale de la Santé est passée en conseil des Ministres. Pour lui, on a beau prendre un engagement, mais si cela n’est pas mis en œuvre par les ressources humaines compétentes, il n’y aura pas d’avancement, « c’est une question de dynamisme. Et avec la création de la direction, le Mali marque sa volonté d’être au même niveau que les pays du partenariat de Ouagadougou », a-t-il affirmé.

L’état s’est engagé à augmenter de façon substantielle et régulière (5% par an), la part du budget d’Etat alloué à l’achat des produits contraceptifs.

Pour Dr Ali Welé Diallo, la  mobilisation des ressources de l’Etat a surtout concerné l’achat des produits de la santé de la reproduction en générale. Pour les contraceptifs, signale l’orateur  les besoins ayant été couverts par les partenaires techniques et financiers, il n’était plus nécessaire de prévoir des fonds pour le contraceptif.  D’après lui, de 2014 à 2015 l’Etat à contribuer à 15% de l’achat de produits de la santé de la reproduction pour respectivement un montant de 547 281 750 FCFA et 555 490 950 FCF.

L’état ne prend en charge que le reliquat

A la Direction de la pharmacie et du médicament, Dr Daouda Makan a rappelé que la dotation initiale des produits contraceptifs se fait par les partenaires à travers un plan d’approvisionnement. « Au  niveau du budget national, il y a une ligne appelé crédit médicament. Donc  un fond  destiné à acheter tous les médicaments sociaux comme les anti-cancéreux, la tuberculose entre autres. Sur cette ligne il est réservé 500 millions au cas où on sollicite l’Etat pour l’achat des produits contraceptifs pour combler le gap » a-t-il souligné.

En attendant qu’une solution puisse être trouvée à cette situation, les femmes doivent prendre leur mal en patience au risque de contracter davantage  de grossesses indésirables

Le financement en chiffre

La contribution du projet KJK à la SR/PF s’élève à 35 millions de dollar: 17 milliard 500 million de franc CFA

Ramata TEMBELY

Source: Le Tjikan

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