Les réjouissances de mariage ont tourné au cauchemar. Un hélicoptère non identifié a effectué des frappes mortelles.
La nouvelle année commence dans le sang et les larmes comme la précédente s’est achevée. Une centaine de civils ont perdu la vie dans les frappes aériennes qui ont visé Bonti, village peul situé dans le cercle de Douentza. Le drame est survenu en pleines réjouissances de mariage dans la nuit de dimanche à lundi. Un hélicoptère non identifié a ouvert le feu sur les civils, tuant une centaine et faisant de nombreux blessés. Les secours se sont vite organisés. Et les blessés ont été acheminés à Douentza.
Jusqu’où le Mali va sombrer ? Il ya quelque chose de désespérant à assister au scénario répétitif et cauchemardesque d’un pays abonné à des régulières crises et qui peine à en sortir. Telle une rafale de vent qui souffle sur le roseau, un des plus faibles de la nature, les engins explosifs improvisés tuent sur les routes. Ces engins ont privé des êtres du droit à l’enfance, celui de jouer, de rire et de se blottir dans les bras de leurs parents. Ceux d’entre eux qui ont la chance d’en échapper ont assisté parfois impuissant au massacre de la famille, au pillage des récoltes, au vol de leurs vaches qui leur fournissait du lait indispensable à leur croissance ou de l’argent nécessaire au paiement de leurs frais de scolarité, de leurs fournitures scolaires. Des écoles sont demeurées portes closes sous la menace des hordes de bandits hostiles à tout progrès.
Tourbillon de violences
La situation est gravissime. Le Mali est à bout de souffle. Ce raid est des plus meurtriers et rappelle tristement l’attaque d’Ougossagou, entre autres, dans la zone de Bankass, avec son cortège de morts et de blessés- au moins 31 personnes ont été tués dans une seconde attaque dans cette localité où 160 peuls avaient été massacrés en mars 2019. Attribuée à des chasseurs dogons, elle a été le point culminant de violences intercommunautaires en cours dans le centre du pays.
La zone proche de la frontière avec le Burkina Faso est prise dans un tourbillon de violences depuis 2015 et l’apparition d’un groupe djihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Kouffa qui a largement recruté dans sa communauté et rejoint le groupe de soutien à l’islam(GSIM), principale alliance djihadiste affiliée à Al-Qaïda , dès sa création en 2017.
Les affrontements se sont multipliés entre peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture ; ces dernières ont mis sur orbite la milice d’autodéfense dénommée Dan nan Ambassagou officiellement dissoute au lendemain du massacre.
Aux cycles d’attaques et de représailles s’est greffé un banditisme rampant jusque dans les principales villes du sud voire en rase campagne. Des citoyens sont braqués en plein jour, mettant à nu les failles du dispositif sécuritaire.
Georges François Traoré
Source: L’Informateur