Dans la tragédie survenue à Boulkessi qui endeuille et douche la nation malienne tout entière, un devoir de rétablissement de la vérité s’impose. Le communiqué du Gouvernement dit en effet : ‘’quatre (04) blessés évacués par aéronefs FAMa sur Sévaré’’. Or, quelque temps après cette sortie gouvernementale qui intervient elle-même à la suite d’une autre où aucun bilan n’était fourni, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) communiquait à son tour et confondait la communication officielle, en révélant : « les Nations unies ne ménageront aucun effort dans leur appui au G5-Sahel et aux FAMa dans leur mission de lutte contre le terrorisme. La MINUSMA a mis à la disposition de la Force du G5-Sahel des moyens aériens pour renforcer sa position à Boulkessi et a ÉVACUE LES BLESSES ».
Entre le Gouvernement et la MINUSMA, il y a forcément un qui est coupable d’un grossier et grotesque mensonge. Et l’on est fondé à croire qu’il y a plutôt un mensonge d’État qui entoure ce carnage qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets. Pourquoi la MINUSMA usurperait-elle une sollicitude qu’elle n’a pas faite ? Il faut dire que les agressions répétées et le manque de reconnaissance de ses efforts pour la sortie de crise au Mali ont pu excéder la Mission onusienne l’amenant à lever un coin du voile sur le flagrant délit de mensonge d’un Gouvernement apathique. Un proverbe kurde dit : ‘’mieux vaut une vérité qui fait pleurer qu’un mensonge qui fait rire’’. Avoir l’honnêteté de reconnaître qu’on n’a pas les moyens de ses ambitions grandit toujours.
Or, ce Gouvernement qui n’a jamais pratiqué la vertueuse humilité en rajoute une couche à son arrogance légendaire en prenant les Maliens pour les benêts. Dans son communiqué, il écrit : ‘’aéronefs’’, au pluriel, donc plusieurs aéronefs. Une véritable insulte à l’intelligence des Maliens, parce que pour évacuer 4 blessés, on n’a pas besoin de plusieurs aéronefs. Parce que si on avait les moyens de disposer de plusieurs aéronefs médicalisés (même à raison d’un aéronef par blessé), on n’aurait pas attendu les Mirages 2000 et les hélicoptères de combat français du dispositif Barkhane décollant depuis Niamey, au Niger, pour reprendre le camp de Boulikessi, après 48 HEURES. Si on disposait d’autant d’aéronefs, peut-être que les 25 soldats ne seraient pas morts. Les jihadistes n’auraient pas eu le cran de rôder dans les parages durant 48 HEURES et de défier les armées maliennes et burkinabées. Ils se seraient sauvés sans demander leur reste.
D’autre part, le communiqué officiel du Gouvernement, suite à la violente attaque djihadiste du Camp des FAMa (Forces Armées Maliennes) de Boulkessi et le poste militaire de Mondoro dans la région de Mopti, dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 septembre 2019, est très clair sur le nombre de morts (à relativiser comme toujours) ; le nombre de blessés et de portés disparus. Il dit en effet : ‘’dans les rangs des FAMa, le bilan provisoire fait état de vingt-cinq (25) morts, quatre (04) blessés évacués par aéronefs FAMa sur Sévaré, une soixantaine de portés disparus et de lourdes pertes en matériels’’. Les nombres de morts, de blessés, de portés disparus sont connus. Mais, il devrait peut-être y avoir quelques survivants, malgré la violence des combats. Le communiqué fait l’impasse totale sur ce point. Étant donné que dans le jargon militaire, il n’y a pas une cloison étanche entre ‘’porté disparu’’ et ‘’mort’’, alors la confusion est vite faite. Les épouses et enfants des militaires qui côtoient la mort ont vite fait de franchir le pas. Ils exigent la vérité, rien que la vérité, mais toute la vérité. Par ‘’portés disparus’’ faut-il entendre ‘’morts’’ ? Une éventualité que l’on ne souhaite envisager même dans le pire des cauchemars ; parce que cela voudrait dire que c’est une compagnie qui aura été exterminée. Que Dieu nous en préserve.
Il urge donc pour les autorités nationales d’arrêter la fuite en avant et de sacrifier au devoir de vérité pour ne pas donner libre cours à l’imagination souvent très frivole qui ne féconde pas toujours de bonnes choses.
PAR BERTIN DAKOUO