La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a, lors d’assises tenues fin janvier, émis des recommandations portant sur la création de deux zones militaires dans la région de Gao (Haoussa et Gourma) et la redynamisation de ses bureaux régionaux. La zone de défense du Gourma est effective depuis le 29 janvier, en attendant celle du Haoussa. Boubacar Salif Traoré, spécialiste des questions de sécurité, livre à Journal du Mali son analyse.
La CMA ne joue-t-elle pas la « trouble-fête » dans une zone où sont présentes des forces maliennes et internationales ?
La création de zones de défense vient s’ajouter à une longue liste d’actes posés par la CMA en direction des autorités maliennes. Aujourd’hui, la question est de savoir concrètement ce qu’il faut faire. Depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, en 2015, il n’y a pas eu d’avancées décisives. Le président actuel de la CMA est pratiquement résident à Bamako. S’il se permet d’annoncer une telle décision, cela semble être pour inviter le gouvernement à mettre en œuvre l’Accord pour la paix.
La CMA assure vouloir mieux contribuer à la sécurité dans la zone du Gourma, en partenariat avec les forces nationales et internationales. Cette collaboration pourra-t-elle fonctionner ?
La CMA est dans une stratégie de séduction pour montrer aux partenaires étrangers qu’elle est dans l’action. Elle essaye de montrer que la structure veut que les choses avancent et que les partenaires peuvent compter sur elle en tant que fidèle alliée. Mais aujourd’hui la CMA ne doit pas être une entité qui serait mise à l’écart du gouvernement malien. Il faut que l’autorité revienne à ce dernier. Il est hors de question qu’il y ait un type de partenariat avec la CMA et les partenaires étrangers d’un côté et avec le gouvernement malien de l’autre.
Une réunion du CSA est annoncée pour dans les prochains jours à Kidal. En quoi pourrait-elle faire avancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix ?
La réunion annoncée doit pouvoir plancher sur les conditions d’un vrai déploiement de l’armée malienne à Kidal et le type de partenariat que cette armée nationale pourra avoir avec les groupes locaux sur place. Il faudra aussi évoquer la situation des MOC qui ont déjà été mis en place. Je pense qu’il faut élaborer clairement une feuille de route qui va aller dans la direction de la mise en œuvre d’actions plus concrètes.
Propos recueillis par Germain Kenouvi
Source : Journal du Mali