Après l’incarcération, en mars 2024, d’Abder Kader Maiga, la justice malienne vient de mettre sous mandat de dépôt un autre proche du PM. Bouba K Traoré, le président par intérim du comité stratégique du M5-tendance Choguel Maïga, a été arrêté manu militari dans son bureau à la Primature, le 27 mai 2024, avant d’être placé sous mandat de dépôt le lendemain, après une longue journée d’interrogatoire dans les locaux de la Brigade d’investigation judiciaire.
Comme chefs d’inculpation, le cyber-procureur retient le traditionnel délit d’atteint au crédit de l’Etat auquel s’ajoute l’outrage à magistrat et le trouble à l’ordre public. Ce sont les principaux griefs reprochés au contenu du mémorandum que l’inculpé a signé au nom du M5-RFP. Ladite publication dénonce notamment une violation du «Pacte d’honneur» passé à Kati, le 24 Mai 2021, entre les ailes civile et militaire de la Transition, à travers le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP, sans consultation ni proposition du Premier ministre et non moins Président du M5-RFP. Il dénonce également l’exclusion du chef du gouvernement du processus de finalisation de la réorganisation territoriale, de la gestion de la crise énergétique, de la campagne référendaire et «du meeting de la honte du 8 juin 2023» ainsi que de la décision de reporter les élections ou encore de la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Dans le brûlot porté par Bouba K. Traoré, les fidèles compagnons du PM au M5 désapprouvent par ailleurs les recommandations du DIM en rapport avec la durée de la Transition et la promotion de six (6) des colonels en grade supérieur. «Certaines pratiques de l’ancien système qui jurent avec les intérêts supérieurs du Peuple malien, refont surface à travers des arrestations et détentions extrajudiciaires notamment de membres du M5-RFP, le retour progressif et l’infiltration rampante de ceux qui avaient observé une position « neutre » et de ceux qui avaient combattu ouvertement l’avènement du renouveau et s’adonnent à un sabotage et à une déstructuration, depuis l’intérieur, du processus de Refondation, dans le but de remettre en cause l’esprit et les acquis du changement », fustige Bouba K Traoré au nom de la tendance Choguel. Suffisant pour que le Procureur Coulibaly s’en saisisse. En attendant son procès prévu, le 1er Juillet, le président par intérim du Comité stratégique séjourne à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako où il pourrait être rejoint par d’autres caciques du mouvement. Et pour cause, selon nos sources, il semble que le vieux Bouba ne s’est pas gêné de passer à table en dévoilant toutes les personnes ayant participé à l’élaboration du mémorandum incriminé. Autant dire, en définitive, que le président par intérim a pu probablement assumer son rôle de marionnette et de faire-valoir qui en fait un agneau sacrificiel plus qu’un coupable.
Amidou Keita