Des habitants d’un village de l’État d’Arakan (aussi appelé Rakhine), dans l’ouest, sont encerclés par l’armée birmane, coupés du monde depuis un raid mené par ses soldats il y a deux semaines au cours duquel six villageois ont été abattus.
« Nous ne pouvons toujours pas sortir de notre village » de Kyauk Tan, les militaires empêchent les habitants de se déplacer, a raconté Tun Thein, 56 ans, joint par téléphone par l’AFP. « Les hommes et les animaux ont soif […] Certains animaux sont morts », a-t-il témoigné.
D’après un autre témoin, qui n’a pas souhaité être identifié, les villageois sont désormais contraints de faire bouillir de l’eau « boueuse » pour pouvoir subvenir à leurs besoins.
La région fait face depuis plusieurs mois à une recrudescence des combats entre les forces armées birmanes et l’Armée d’Arakan (AA), une faction rebelle forte de plusieurs milliers de combattants qui lutte pour obtenir plus d’autonomie en faveur de la population bouddhiste (dite rakhine ou arakanaise).
Le 30 avril, l’armée avait effectué un raid dans ce village et enfermé dans une école pour les interroger 275 hommes qu’elle suspectait d’être liés à l’AA. Deux jours plus tard, l’armée avait tué six villageois et en avait blessé huit autres, affirmant que des hommes détenus dans l’école avaient tenté de l’attaquer.
Huit personnes ont été arrêtées, a précisé Zaw Min Tun, un porte-parole de l’armée. Six ont reconnu être membres de l’AA. « Nous vivons toujours dans la peur », a confié Zaw Naing, libéré lundi. Trois membres de sa famille font partie des victimes, selon lui.
Des milliers de soldats ont été déployés ces derniers mois dans la région. Et 30 000 personnes ont été obligées de fuir les combats depuis décembre. L’État d’Arakan a également été le théâtre d’une campagne sanglante en 2017 qui a contraint à l’exil au Bangladesh 740 000 musulmans rohingyas, fuyant les violences des militaires birmans et de milices bouddhistes.
RFI