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Bienvenue au pays des enquêtes sans lendemains

Une investigation pas comme les autres. Le 12 avril, le Général Daoud Aly Mohammedine a ordonné « une enquête administrative » sur « le processus de recrutement des élèves-officiers de la Police Nationale. » Une énième enquête ouverte dans notre pays… une de plus ! Mais en connaîtra-t-on la suite ? Là réside l’os de la question. Car, en égrenant le chapelet des enquêtes en tous genres diligentées dans notre République, on est saisi d’un constat pour le moins troublant : si, au fil des affaires qui émeuvent l’opinion nationale, des investigations sont immédiatement « ouvertes », il faut souvent plus qu’une vie pour en connaître le dénouement.  

Et une de plus ! Le 12 avril 2022, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Daoud Aly Mohammedine, a enjoint, par correspondance « no 0175/MSPC-SG », à l’Inspecteur en chef des Services de Sécurité et de la Protection civile « de diligenter sans délai une enquête administrative au niveau de la Direction Générale de la Police Nationale. » L’ordre ministériel, motivé par les ondes du soupçon, braque le viseur sur le « recrutement des élèves sous-officiers » de l’Institution policière nationale.  Une quête de transparence et une volonté de faire la lumière qui, normalement, devraient mettre du baume au cœur de millions de Maliens épris du triptyque justice-équité-méritocratie. “Vive la république du contrôle rigoureux !” serait-on tenté de clamer. “Bravo au sens du suivi poussé à son paroxysme !” pourrait-on se dire. “Gloire à cette quête consciencieuse de la vérité !” devrait-on s’enthousiasmer.

Sauf que, avertis par l’expérience qui nous a rendus témoins des « investigations ouvertes » à grands renforts médiatique mais restées sans suites, nous tous Maliens avons fini par nourrir plus de scepticisme que d’optimiste attente concernant les « enquêtes » dans notre pays. Autant qu’il nous en souvienne, elle est longue, très longue, la liste des investigations lancées mais jamais achevées ni abouties sous nos cieux ensoleillés. Tout se passe comme si, pour calmer les vagues d’émotions nourries par l’opinion publique au fil des événements, nos autorités s’empressaient d’ouvrir les vannes des « enquêtes diligentes et diligentées » dont les citoyens voient rarement le terme. Enquêtes administratives, enquêtes disciplinaires, enquêtes de toutes natures ; la roue de la quête de la vérité tourne décidément ici avec une lenteur qui émousserait l’engouement le plus vivace et doucherait l’optimisme le plus inoxydable. Désabusés voire résignés à l’idée de ne jamais voir percer à jour l’énigme d’une affaire, beaucoup de nos compatriotes en viennent à pointer (une fois de plus) un doigt accusateur vers la volonté politique qui, à leurs yeux, constitue le carcan suprême à la marche lumineuse vers le triomphe de la vérité.

MOHAMED MEBA TEMBELY            

Source: Les Échos Mali    

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