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BAVURE POLICIÈRE À NIAMAKORO: La police abat un conducteur de véhicule «CH»…Le PM aux obsèques de la victime

Pour refus d’obtempérer, le malheureux a été pris pour cible par les éléments d’une patrouille composée de policiers et d’éléments de la Garde Nationale. Il a été abattu… A cause d’une «CH»

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Les faits sont survenus aux environs des Halles de Bamako, dans la nuit vendredi dernier au quartier Niamakoro. Les éléments de la patrouille en question ont interpellé un conducteur de véhicule communément appelés «CH» pour désigner le numéro du châssis. Pris de panique, le chauffeur répondant au nom de Mohamed Alassane Cissé, faisant office de Gérant d’une boulangerie à Titibougou, a tenté de fuir et les policiers ont alors ouvert le feu.

Mortellement atteint par les balles, il a été conduit à « l’Hôpital du Mali » à travers ses bourreaux eux-mêmes qui ont appelé le service des sapeurs-pompiers. Il avait malheureusement perdu trop de sang.

Mais avant de succomber des suites de ses blessures, il a confié à son médecin traitant, M. Bagayoko, qu’il avait entamé la procédure  de dédouanement de son véhicule ; restait juste pour lui de payer les droits économiques.

Rappelons qu’il était domicilié à Djandjiguila où a lieu l’enterrement en présence du Premier Ministre et de certains membres du gouvernement et des représentants de tous les corps auxquels il a été ordonné de prendre part à la cérémonie funèbre, question d’apaiser la tension et de se dédouaner.  Mais piètre consolation !

La victime venait de se marier il y a juste trois mois. L’on peut imaginer l’état actuel de la nouvelle mariée.

 

Une bavure policière de trop!

 

L’on ne peut que regretter ce geste de la police.  Le refus d’obtempérer reste, après tout, une infraction de police punie par le paiement d’une amande assortie éventuellement d’un emprisonnement de quelques jours. Mais cette nuit, elle a été muée en peine de mort décidée et exécutée par une police malienne aux abois à cause de l’incurie de sa hiérarchie.

Vouloir justifier le tir par l’insécurité du moment serait une grave insulte à la victime en particulier et aux maliens en général. Et pour cause. On ne tire pas sur le premier suspect trouvé sur son chemin, à moins qu’un état d’urgence ou de siège soit préalablement décrété. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

L’on peut cependant comprendre que les éléments des patrouilles en général, sont mal préparés à la situation qui prévaut en ce moment, subissent une forte pression  et par conséquent, se montrent très nerveux.

Pour sa part, le gouvernement malien a été très mal inspiré en ouvrant ainsi la chasse aux véhicules «CH». Pareille décision par surcroît injuste dans certains cas et impopulaire à tout point de vue, devrait être soigneusement préparée au regard des aléas du moment. Les raisons ?

C’est bien le gouvernement qui a autorisé la délivrance de la carte grise provisoire permettant aux usagers de circuler avec les «CH». Ce, en vue de parer à la lenteur des procédures.

Par ailleurs, il existe un contentieux non encore vidé entre l’Etat du Mali et le concessionnaire « Mali-plaques » (société Yatassaye), toute chose qui impacte négativement sur la production des plaques minéralogiques.

Aussi, le président IBK, dans une de ses sorties lyriques, a décidé d’interdire l’utilisation des véhicules de l’Etat en dehors des heures de service. Alors, désormais limités dans leurs moyens de déplacement, les cadres de l’administration publique se sont rués sur les véhicules «CH» en entendant de les régulariser. Et voilà que le même Etat décide d’intervenir là aussi.

En somme, la pression s’exerce autant sur les éléments des patrouilles, que sur les usagers.

Mais pour autant, l’interdiction des «CH» a-t-il permis de minimiser l’insécurité en général ? Loin s’en faut ! L’opération a juste augmenté le nombre « d’aigris » et de mécontents et exacerber du coup la tension sociale suscitée par d’autres décisions ou phénomènes  autant impopulaires comme la hausse des prix du pétrole nonobstant la baisse intervenue au plan mondial; la corruption et l’impunité, l’injustice, le clientélisme et le paternalisme dans la gestion des affaires publiques, bref la mauvaise gouvernance.

Ce mécontentement général risque bien de desservir les pouvoirs publics dans la mesure où le citoyen malien a aujourd’hui tendance à se recroqueviller sur lui-même et jouer à la Ponce-Pilate, autrement dit, à s’en laver les mains. C’est le pire des désaveux d’un peuple à son gouvernant.

Et c’est la pression, pour le moins excessive exercée sur les masses qui est bien à l’origine de cette attitude. Et elle risque de faire basculer certains de l’autre côté du mur. Il faudra donc faire attention. Nous sommes bel et bien au bord de la                rupture.

D’ores et déjà et à la suite de cette bavure policière du week-end dernier à Niamakoro, certains ont vite fait d’établir  un parallèle avec la situation à Gao, en ces termes : «Nos ennemis nous tirent dessus à Gao… Nos autorités nous tirent dessus à Bamako. A se demander alors  qui sont nos vrais amis». Une caricature simpliste peut-être, mais plein de sens.  En clair, elle est perçue sous ce prisme : non seulement l’Etat malien se montre incapable à protéger ses citoyens, il les prend en outre pour cibles ! C’est vraiment le comble.

Il est vraiment temps d’arrêter le mépris à l’adresse de ses propres citoyens.

 

 

B.S. Diarra

Source: La Sentinelle

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