Coup de tonnerre très tôt dans la matinée du 8 mars sur le site de construction du barrage tant attendu. Des hommes armés, une trentaine au moins, ont chassé tous les travailleurs. Des grues géantes de 60 et 30 tonnes furent brûlées. Le lendemain, vendredi 9 mars, ce sont quatre militaires qui ont trouvé la mort à Dialloubé, suite à l’explosion d’une mine. A Diabal, Nampala et Sokolo, les populations déplorent l’absence d’éléments de sécurité. Idem à Saye, Soumouni et Monipébougou, dans le Cercle de Macina.
La triste nouvelle a circulé vingt – quatre heures pratiquement après les faits.
En l’absence de patrouilles sérieuses de sécurité, sinon de postes militaires dignes de noms, des hommes armés ont fini par attaquer le site de construction du barrage de Djenné. Qualifiés de présumés jihadistes, au nombre d’une trentaine, les assaillants seraient venus à motos. Aussitôt, ils auraient rassemblé tous les travailleurs du chantier avant de les renvoyer chez eux. Les expatriés, des Sud -Coréens, auraient reçu de sérieuses menaces de mort.
Puis, les assaillants mirent le feu au site. Deux grues de grande importance, de 60 et 30 tonnes, sont ainsi parties en fumée. D’autres engins, notamment des véhicules, des groupes électroniques et diverses pièces n’ont également pas échappé à leur furie.
Curieusement, les assaillants seraient repartis dans la nature calmement.
Faut – il rappeler que ledit barrage faisait partie d’un ouvrage comportant trois volets. Son inauguration devrait intervenir dans quatre mois.
D’une importance capitale, le barrage devrait permettre de rallier la ville de Djenné par un pont. Autrement dit, les populations n’avaient plus besoin de passer par le bac. A terme, tout l’ouvrage devrait favoriser l’irrigation de plus de 50.000 hectares de terres. Quel gâchis !
Comme si cela ne suffisait pas, ce sont quatre braves éléments de nos forces de défense qui trouvèrent la mort le vendredi 9 mars. Soit vingt -quatre heures seulement après l’incendie du site. Ils auraient été victimes de l’explosion d’une mine.
Et pourtant le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a séjourné le 3 mars dernier dans la région de Ségou. Des ” mesures fortes pour assurer la sécurité y ont été annoncées. Ce que l’on sait, c’est que les populations, notamment des responsables administratifs, ont déploré l’absence d’éléments de sécurité au poste de sécurité de Sokolo et aux brigades territoriales de Diabali et de Nampala “. Dans la seconde étape de la visite, Cercle de Macina, il a été aussi question de l’installation de ” nouveaux postes militaires à Monipébougou, Soumouni et Saye ” pour, ont – ils argumenté, ” sécuriser les citoyens’’.
Des cris d’alerte et de détresse qui sont restés apparemment dans les valisettes des autorités. Obnubilées par la tenue des prochaines élections générales, aveuglées par un désir ardent de conserver le pouvoir, ces autorités ne semblent rien à voir avec la sécurité des personnes et de leurs biens. Sinon, comment comprendre que l’on envahisse Bamako, la capitale, avec des meetings politiques de 2ème mandat ou quoi encore et qu’à moins de 200, 300 ou 400 km l’on tue de pauvres citoyens ? Que l’on parvienne à incendier des ouvrages de plusieurs milliards de F CFA. Où est donc cette sécurité tant promise ?
B. Koné
Le Malien