Après quinze jours de réflexion, la France et ses partenaires européens engagés au Sahel semblent aujourd’hui converger vers une même décision : quitter le Mali . Des échanges entre les ministres de la Défense des pays concernés se sont déjà déroulés vendredi. Lundi, ce sera à ceux des Affaires étrangères d’en discuter. Enfin, mercredi soir, à la veille du Sommet UE-Afrique qui se tiendra à Bruxelles, Emmanuel Macron réunira à Paris les dirigeants européens et africains engagés dans le combat antidjihadiste.
L’annonce d’un retrait des quelque 5 100 soldats de l’opération Barkhane et des 900 engagés dans Takuba, ce groupement de forces spéciales européennes à dominante française, pourrait se faire dans la foulée. « Cela prendra le temps qu’il faudra, explique-t-on à l’Élysée. Mais c’est effectivement plus une question de jours que de semaines. »
Si le départ de Takuba et de Barkhane semble donc acté, le retrait effectif des soldats français prendra plusieurs mois tant les équations logistiques seront lourdes à résoudre. En parallèle se posera la question de l’avenir d’EUTM, mission européenne de formation des soldats maliens, mais surtout de la Minusma, la force onusienne de 12 000 hommes à laquelle Barkhane apportait une protection indispensable en cas de besoin.
L’esquisse d’un redéploiement
La France, toutefois, comme d’autres pays européens engagés dans Takuba, ne souhaite pas quitter le Sahel. Elle estime que sa mission antiterroriste porte ses fruits, comme le prouve une nouvelle opération, jeudi, qui a permis d’éliminer au Burkina Faso 40 djihadistes impliqués dans de récentes attaques au Bénin, au cours desquelles un ressortissant français avait été tué dans un parc naturel du nord du pays. L’esquisse d’un redéploiement pourrait être connue en même temps que l’annonce du départ du Mali.
Pour l’heure, le Niger est la piste de repli privilégiée, notamment pour Takuba, même si le président Mohamed Bazoum ne souhaite pas l’accueillir sur son sol sous sa forme actuelle. Une présence militaire française serait aussi maintenue au Tchad, siège actuel du commandement de Barkhane, tandis que les pays du Golfe de Guinée (Bénin, Côte d’Ivoire et Togo), menacés par une contagion de la violence, pourraient bénéficier d’un soutien accru bien que discret.