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Bamako : Ville des embarras

Bamako, la capitale du Mali, située au bord du fleuve Djoliba, s’étend sur près de 60 km dans les deux (02) sens (Sénou à Diamoussabougou et de Moribabougou et à Lassa). La ville de Bamako et les communes qui constituent sa proche banlieue occupent un espace d’environ 267 km2. Bamako aurait un plan cadastral qui date de 1960, selon plusieurs sources concordantes interrogées par nos soins. Cependant, ce plan cadastral représente les maisons, le grand marché de Bamako, le marché Dibida, les services administratifs les rues, les routes, les ponts, «les lieux dits» ou «terroirs» des vieux quartiers qui étaient là depuis Mathusalem. Ainsi le quartier de Dars-es-Salam qu’on peut appeler quartier administratif abrite aussi le commandement des armées (ministère de la Défense).

 

Le relief et sa formation: Bamako est entourée de collines protectrices de la ville. Deux collines se démarquent des autres à cause de leur réputation. Koulouba qui abrite le palais présidentiel (colline du pouvoir) et celle de Badalabougou qui abritait le lycée de Badala, transformé en une université (Colline du savoir). Après une forte pluie, les eaux des collines ruissellent et inondent tout le district parce que les collecteurs ont été transformés en dépotoirs d’ordures. Du coup, cette toute la ville qui subit les inondations ce sont des inondations. Bamako est située dans un bas fond, ou l’eau des collines se déverse. Quand l’eau tombe sur des roches tendres comme le sable ou l’argile, elle les creuse facilement, ne rencontre nulle part de résistance particulière. Les pentes sont régulières, sans ressauts. Les roches dures, elles résistent mieux à l’usure, elles forment des masses qui dominent le voisinage. Les gens ont construit sur les collines. Or ce sont ces collines qui protègent la ville contre les tremblements de terre, confirment certains géologues.

Le plan d’une maison détermine le caractère de son propriétaire

Un bon plan de maison sous-entend une personne charitable.

Plus de la moitié de la population malienne vit en ville dont les deux quart vivent dans l’agglomération bamakoise. Le district est divisé en six (06) communes. Six (06) communes qui ont chacune plus d’un million d’habitants. À quoi est dû l’accroissement considérable de la population urbaine depuis cinquante (50) ans. Bamako est notre plus grande ville (près de cinq (05) millions d’habitants). Elle est le siège du gouvernement et des ministères. Les directions de tous les services publics représentés dans chaque département sont installées dans les ministères. Elle possède de grandes écoles, des grands hôpitaux, des musées, des théâtres, des journaux, des gares routières. C’est la capitale et le centre intellectuel et artistique du Mali. Notre pays compte aujourd’hui: un district, dix-neuf (19) régions, cent cinquante-six (156) cercles et quatre cent soixante-six (466) arrondissements. La plupart de nos grandes villes, à un degré moindre, sont des capitales régionales par leurs fonctions multiples administratives, intellectuelles, commerciales, industrielles.

L’organisation administrative est la commune administrée par le maire, les régions par les gouverneurs, les cercles par les préfets et les arrondissements par les sous- préfets. Il n’y a pas de canton alors que plusieurs communes forment un canton et plusieurs cantons constituent un arrondissement.

Les vieux quartiers et les beaux monuments. De l’aéroport de Sénou à Moribabougou, Bamako s’est étendue progressivement du nord au sud. De l’ouest à l’est. Au centre se trouvent les vieux quartiers historiques (Bozola, Niaréla, Bagadadji, Médina-Coura, Dar-es-Salaam, Bamako-Coura, Dravéla, Bolibana, les monuments, le Marché Rose, la grande mosquée, l’artisanat, l’Assemblée nationale du Mali, l’École nationale des Ingénieurs(ENI), l’hôpital Gabriel Touré, les lycées Askia Mohamed, Jeunes filles; l’École centrale pour l’Industrie le Commerce et l’Administration (ECICA), Place des enfants de Palestine, le marché Railda, la gare des chemins de fer (train-gare), la place des soldats, la Maison des combattants, le Musée de la mairie centrale, la Cathédrale de Bamako, le cimetière catholique à Bamako-Coura, les salles de cinéma Soudan, Rio, El Hilal, Rex, Babemba qui ne sont plus que de vieux souvenirs. Les boites de nuits célèbres à l’époque ont toutes mises clés sous les paillassons: Black and White, Colombo, le Bozo, Le Debo. Les hôtels: L’Amitié, le Grand Hôtel, les Hirondelles, le Motel, le Lido. «C’était l’époque du bon vieux temps», (Rail Band).

Bamako et ses immenses banlieues

À partir de 1975, avec les nouvelles attributions de parcelles, nouveaux lotissements, beaucoup de nouveaux quartiers ont vu le jour. C’est ainsi que des banlieues de la capitale se sont mués en quartiers. Environ soixante-douze (72) quartiers avec des constructions anarchiques parfois sans voies pour y accéder. Ceux-ci sont divisés en parcelles qui portent un numéro.

Le cadastre qui devait rendre à l’État de grands services pour l’étude du milieu: la forme des parcelles et leur dimension tardent à voir le jour. Avec la gestion des terres par les maires, Bamako est une ville anarchiquement lotie, des maisons anarchiquement construites, des quartiers sans voie d’accès.

Pire, les concessions rurales muées en titres fonciers, morcelés pour la vente freinent le rayonnement de la ville. Le morcellement des constructions rurales est un scandale dans les années à venir. On vend tout l’espace sans prévoir des tracées de rues. Ce ne sont pas des parcelles qui manquent à Bamako. Il très fréquent de voir des parcelles en jachère ou des constructions inachevées, depuis belle lurette, transformées en nids de criminels ou devenir des dépôts d’ordures. C’est Bamako criminelle.

L’autre facette, c’est Bamako du grand standing, des immeubles inhabités, propriétés des personnalités du pays. Le seul investissement du Malien, c’est acheter des parcelles et construire des immeubles, comme si toute la vie se résumait à cela. Aujourd’hui, le nombre de constructions semble plus élevé que le nombre d’habitants à Bamako. Dans le jargon des philosophes, ils disent que la cuisine est plus vieille que la mosquée.

Fatou CISSÉ

Source : L’Inter De Bamako

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