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A Bamako, les sotramas pas sots !

Familièrement appelés Sotrama, les cars de transport en commun font partie intégrante du décor de la capitale. Ils véhiculent des messages souvent en adéquation avec l’actualité brûlante du pays.

 

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Considérés à tort ou à raison comme les trublions de la circulation à Bamako, les cars de transport en commun sont un mal nécessaire dans une capitale en pleine expansion. Peints en vert, ils desservent tous les quartiers de Bamako à l’exception de la cité du Niger et l’ACI 2000. En plus du transport de passagers, les chauffeurs longtemps assimilés à des analphabètes s’expriment maintenant. Ils n’utilisent pas les supports traditionnels de communication pour se faire entendre. Ces anciens apprentis pour la plupart font de leurs cars des supports roulants de communication. Ils suivent l’actualité, la commentent dans leurs garages et supportent soit des stars du football soit des leaders d’opinion voire même des africains conquérants à leurs yeux.

Querelles de chapelle
Ainsi, à la gare de Bagadadji près de l’Assemblée Nationale, des cars en partance pour Titibougou, Banconi, Aci 2000 se singularisent par leur décoration. Le visage du Che Guévara flanqué du béret, les effigies des capitaines Daddis et Sanogo se comptent à la pelle. Des messages conçus dans un français approximatif accompagnent ces images. Pendant que « la fierté malienne » est brandie sur le fronton d’un car de marque allemande, un chauffeur se demande « qui sait l’avenir ? ». Pour toute réponse, il lui est servi un «Alhamdoulilah, capitaine Sanogo le sauveur » suivi par un « dakan tiki la vérité, Sanogo champion, Dieu est grand ». Telle une armée de partisans décidés à gagner la bataille de l’opinion, d’autres affichent « tolérance zéro, vive armée malienne ».

Loin de ces querelles de chapelle, des chauffeurs préfèrent remercier leurs bienfaiteurs par des messages du genre « bon grand frère, le retour de Lakharé » ou « merci papa ». Ces remerciements sont ponctués d’une prise de conscience et de serments à travers « la beauté d’un garçon c’est le travail » ou encore « sébé allayé » et «mankan magni ». Dans ce milieu assez viril, chaque chauffeur a une histoire particulière et cela se résume dans les messages demandés aux sérigraphes. « Ma cha Allah » pour conjurer le mauvais sort est le choix de ce transporteur récemment élargi de prison pour avoir mortellement heurté une femme enceinte. Son ami sirotant son thé a choisi « yafama » pour demander pardon aux automobilistes qu’il aura à gêner dans la circulation de par sa conduite sinueuse. Fait rare, un apprenti responsabilisé par le propriétaire d’un car a profité de l’opportunité à lui offerte pour vanter son terroir par un « bougouni devient bougouba ». Son cas n’est pas isolé puisqu’on a vu des « air mandé, jeune Katois, Sikassois gentil ».

Messi, le messie…
Les férus du football ne sont pas en reste. « Blanc joue, blanc gagne » est le choix d’un supporter local pendant qu’un autre encense « Inzaghi » l’italien à côté de « Messi le messie » et «Seydoublen » dont les photos toisent celles du Portugais Cristiano Ronaldo. Dans ce voyage au cœur de la communication des chauffeurs de transport en commun, un message résume l’état d’esprit de cette corporation souvent décriée. Obligés de s’acquitter du versement quotidien fixé, les chauffeurs se permettent tous les interdits au volant avec en ligne de mire cette pensée « on ne vit qu’une fois ». C’est vrai, la petite pièce de cinquante francs CFA est une vie pour certains.

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