Alors que Bamako appelle les groupes signataires à revenir à la table des négociations, les faits sur le terrain semblent plutôt indiquer la lente reprise d’une guerre qui ne dit pas son nom. Dans la matinée de mardi, vers 8h30, tout comme la veille en début d’après-midi, des avions de l’armée malienne ont bombardé les positions des ex-rebelles indépendantistes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signataires de l’accord de paix de 2015.
Un communiqué de l’état-major affirmait hier soir que les frappes avaient visé « un regroupement de groupes armés terroristes, auteurs de plusieurs exactions contre les populations civiles et d’attaques contre » les forces maliennes (Fama), sans précisions. Dans ce même communiqué, l’armée assure avoir « neutralisé » « plusieurs combattants terroristes » et détruit quatre véhicules. Mais la CMA confirme que ce sont bien ses positions qui ont été visées, et précise avoir procédé, hier comme ce matin, à des tirs de riposte. Comme elle affirme ne déplorer aucune victime ni aucun dégât.
Ces événements surviennent deux semaines après ceux de Ber, près de Tombouctou. L’arrivée de l’armée malienne dans le camp laissé libre par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) avait déjà donné lieu à des confrontations entre Fama et CMA. Depuis, les ex-rebelles accusent l’armée malienne et ses supplétifs russes du groupe Wagner de traiter « tous les habitants du secteur » de Ber comme s’ils étaient « des terroristes » : selon eux, 17 civils y auraient été arrêtés, torturés et, pour certains exécutés « sans aucune forme de procès ». Cela signifie-t-il que la guerre a bel et bien repris entre l’État malien et la CMA ? Officiellement, rien n’est encore dit.
Lunid soir, dans un communiqué ne faisant pas mention des événements de Ber ni d’Anefis, le Colonel Ismaël Wagué, ministre malien de la Réconciliation nationale, a même réaffirmé son attachement à l’accord de paix et a « invité » les groupes armés signataires « à revenir à la table des négociations ». Plusieurs cadres de la CMA la jugent « insensée » vu le contexte. Ils estiment que les autorités maliennes de transition veulent la confrontation mais ne l’assument pas publiquement. La CMA estime, dans un communiqué diffusé lundi soir, que « Bamako a définitivement et délibérément opté pour une escalade vers des hostilités ouvertes aux conséquences obligatoirement désastreuses ».
Depuis des mois, les autorités maliennes de transition et les groupes signataires se renvoient la responsabilité des blocages dans l’application de l’accord.
Quant à la médiation internationale pour le suivi de l’accord de paix, menée par l’Algérie et très fragilisée par la fin de la Minusma au Mali – la mission onusienne y jouait un rôle central –, son dernier communiqué remonte au 11 juin dernier.
Source: perspectivesmed