A travers le projet “Jiguitugu“, l’ONG de coopération globale d’aide à l’enfance (Educo), veut intervenir dans le district de Bamako pour promouvoir les droits des filles travailleuses domestiques. En prélude au lancement des activités, l’ONG renforce la capacité des acteurs opérationnels intervenant dans l’accompagnement des aides ménagères.
“Avec la crise alimentaire des années 70 beaucoup, de zones se sont vues dans l’obligation d’envoyer des filles à Bamako pour chercher du travail. A l’époque, c’était des jeunes filles un peu matures qui venaient travailler”, explique Youssouf Traoré. Le coordinateur chargé de l’accompagnement des enfants en situation difficile est préoccupé de voir sur le terrain cette tranche d’âge diminuer considérablement. “C’est des filles de quinze ans, parfois de neuf ans qui sont envoyées en ville pour travailler. Les familles qui les emploient parfois n’ont pas la capacité de les comprendre. Imaginez une adolescente en pleine crise d’adolescence qui se trouve à gérer toutes les tâches ménagères d’un foyer. Voilà toute la problématique auquel ces filles mineures sont confrontées aujourd’hui “, regrette-t-il, soutenant qu’elles ont besoin d’être aussi accompagnées.
Main forte à l’offre de protection
Selon une étude de base réalisée à Bamako par Educo en 2018, 30 % des filles de moins de quinze ans travaillent comme aides ménagères et ne gagnent pas plus de 10 000 F CFA par mois comme salaire.
L’étude, portée sur près 400 filles travailleuses domestiques dans les six communes de Bamako, a aussi ressorti que ces aides ménagères subissent “des violences physiques, psychologies, abus, maltraitances et négligences”.
Pour le travailleur social “même si on ne peut ne pas freiner le phénomène, c’est bon de les cadrer. Cela avec des normes juridiques et une sensibilisation constante”.
L’ONG Educo à travers son projet “Jiguitugu” donne ainsi une place de choix à la formation pour promouvoir les droits et la protection de ces filles. En prélude du lancement du projet, l’ONG a sréuni une cinquantaine d’acteurs opérationnels de protection de l’enfant de Bamako sur de deux thématiques : la psychologie de l’enfant et les techniques d’écoute spécialisée.
Selon Mme Ballo Aminata Koné, coordinatrice de la zone de Bamako, l’objectif est de renforcer leurs capacités pour une meilleure prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité. “Notre étude réalisée à Bamako a révélé les grands défis liés à la qualité de l’offre de protection de l’enfant notamment les filles travailleuses domestiques à Bamako et la coordination pour une réponse adaptée à chaque enfant victime et/ou en situation de vulnérabilité. D’où le choix porté sur cette cible”, dit-elle.
Durant trois jours (19 au 21 juin), Educo outille les participants sur les différents stades de développement d’un enfant et les techniques d’écoute spécialisée selon les différents stades de développement de l’enfant. La formation facilitée par Samu social Mali, aborde également les caractéristiques propres à chaque stade de développement d’un enfant et les stratégies d’écoute appropriées.
Educo est soutenue dans ses volets de formation par la direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la Famille (DRPFEF). Pour sa directrice, Mme Kamaté Awa Kanouté, elle améliorera leur intervention auprès des enfants.
Il est attendu à la fin des travaux, prévus ce vendredi, la mise en place un cadre d’échange et de complémentarité entre les acteurs de la protection de l’enfant.
Kadiatou Mouyi Doumbia
Source: Mali Tribune